Un policier en civil et son fils agressés à la sortie d’un restaurant
Le tribunal correctionnel de Nice a condamné deux trentenaires, mardi, pour avoir porté des coups à un policier en civil et son fils. Eux ont invoqué la légitime défense, en vain.
Le 6 mai dernier, avenue Gustave-Eiffel, à Nice Saint-Isidore, un vif échange démarre aux portes d’un restaurant asiatique. « Ça va, tranquille ? » « Qu’estce qu’y a, c’est ta voiture ? » La scène dégénère en rixe. Bilan : trois jours d’ITT pour un policier en civil et son fils. Leurs agresseurs ont été condamnés, mardi soir, en correctionnelle à Nice. La soirée aurait dû se résumer à un repas en famille, entre un policier qui n’est alors pas en service, sa femme et leur fils lycéen. À la sortie du restaurant, le jeune homme surprend cinq personnes assises sur leur voiture. « Ça va, tranquille ? » Quel que soit le ton employé, la réponse va envenimer les choses.
Le lycéen reçoit « un énorme coup de poing en pleine figure », dixit sa mère. Elle se précipite pour le secourir, alors qu’il chute en arrière sur le crâne. Elle appelle son mari à la rescousse. Ce dernier intervient, se retrouve mis au sol et roué de coups. « Arrêtez, je suis policier ! », hurle-t-il en tentant d’alerter des témoins.
« Une claque qui met KO »
L’interpellation se révèle compliquée. Plaies, hématomes, ecchymoses, stress aigu… Le bilan est amer pour le père et son fils. «Il vient d’avoir 18 ans. Il passe son bac. C’est quelqu’un de très calme, très timide » ,se borne à déclarer son père à la barre.
« Une présentation un peu sèche des faits, de par son expérience professionnelle », admet son avocate, Me Armelle Josselan. Elle s’indigne : « Une seule phrase a déclenché une ire invraisemblable ! Il a essayé de protéger son fils, sa femme, et de procéder à l’interpellation. » La défense ne manque pas de remarquer sa carrure athlétique. Car dans le box, les prévenus livrent une tout autre version. « Je suis désolé de ce qui s’est passé. Mais le premier coup, ce n’est pas moi qui l’ai porté, assure Aiman N., 32 ans. J’ai tout fait pour être calme. Je ne me suis jamais battu. » Le président Christian Legay le coupe : « Pour quelqu’un qui ne s’est jamais battu, donner une « claque » qui met KO, c’est assez rare... » « En aucun cas je ne voulais qu’on en vienne aux mains », renchérit Ayoub T., 23 ans, l’autre prévenu.
Prison avec sursis
Son conseil, Me Patrick Luciani, fustige « un déséquilibre manifeste dans ce dossier ». Me Margaux De Cesare, avocate d’Aiman N., met en doute des déclarations de victimes « qui ne reposent sur rien et qui ne sont pas cohérentes. » La défense invoque la légitime défense pour plaider la relaxe.
Le tribunal n’est pas de cet avis. Il condamne les deux prévenus à 12 mois de prison avec sursis probatoire (le procureur Ludovic Manteufel avait requis 18 mois de prison dont 12 avec sursis). Ils ont l’obligation de travailler, d’indemniser les victimes, et l’interdiction de les rencontrer.