Monaco-Matin

À Grasse, le Groupe Symrise REFLEURIT LA MAISON LAUTIER

La Maison Lautier, savoir-faire grassois depuis 1795 dans les arômes et parfums, se réveille. Rachetée par Symrise il y a 40 ans mais éteinte depuis, la machine se dégrippe et ça fleure déjà bon le succès.

- Ricardo Omori, vice-président parfumerie fine monde pour le groupe Symrise. AGNÈS FARRUGIA afarrugia@nicematin.fr

L’invitation était discrète mais le projet grandiose. Symrise, la machine allemande de production de saveurs et de parfums fondée en 2003, 4e plus importante société au monde dans ce domaine, cotée en Bourse, aux 15 000 salariés répartis dans plus de 150 pays et au chiffre d’affaires 2021 de 4,1 Mds€, a fait une belle annonce ce mois-ci, en pays grassois. Elle va recréer la marque Lautier 1795 autour du développem­ent et de la production d’ingrédient­s naturels. Maison Lautier 1795 est une belle endormie, rachetée par Symrise il y a 40 ans, mais « en stand-by depuis 20 ans, explique Ricardo Omori, vice-président fine fragrance monde pour le Groupe Symrise. Nous avons beaucoup investi pour redémarrer Maison Lautier. Aujourd’hui, nous sommes prêts. »

Grasse en force

Pour Symrise, la France est le 2e pays le plus important en termes d’implantati­on, avec la Bretagne, Paris, et surtout Grasse. Ricardo Omori, à l’accent brésilien chantant, parle des trois sites grassois comme de trésors du groupe. Après avoir racheté la Société française aromatique (SFA) Romani et le Groupe Neroli cette année,

Symrise entend réveiller la Maison Lautier 1795, une marque en sommeil depuis trop longtemps. « Lautier a été l’un des premiers producteur­s d’ingrédient­s naturels de la région grassoise. Il fallait faire renaître cette marque, c’est un nom qui parle toujours. » Le vice-président de la branche parfumerie fine monde l’annoncera au World Perfumery Congress (événement mondial majeur en matière de parfumerie) à Miami le 29 juin.

Produit unique à Madagascar

Objectif annoncé du Groupe Symrise : refaire de Lautier 1795 une référence en matière de production de matières naturelles. Et cela passera par une stratégie en trois axes : augmenter et améliorer la capacité de production du site malgache, utiliser une nouvelle technologi­e pour créer des produits uniques et agrandir et rénover les sites grassois. «Depuis plus de 15 ans, nous avons ouvert une usine à Madagascar pour produire de la vanille et travailler sur 40 autres ingrédient­s (jasmin, poivre, gingembre...). Nous lançons en même temps une fleur endémique d’Afrique, le longoza, appelé aussi fleur d’éternité. Elle est épicée aromatique, boisée, et déjà très demandée. Là-bas, nous avons acheté 200 hectares, travaillés avec la communauté locale, en action sociale. »

Parfum de légumes

Techniquem­ent, Symrise a investi plusde10M € en R&D, notamment pour mettre au point une nouvelle technique d’extraction et de distillati­on nommée SymTrap. « Tout ce que nous n’utilisons pas sur les fruits et légumes avec lesquels nous travaillon­s, nous le recyclons. Nous obtenons des extraits d’artichauts, poireaux, oignons, choux-fleurs, bananes, fraises, pour nos huiles essentiell­es, donc pour les parfums que nous créons. » Ricardo Omori indique que le brevet est obtenu pour cette techno unique opérationn­elle sur des légumes qui habituelle­ment rendent beaucoup d’eau. « Le résultat est bluffant. Nous voulons changer les lignes de ce marché très traditionn­el ». Une petite révolution qui passera par Grasse et «la marque Lautier 1795 qui voyagera dans le monde entier. Nous avons déjà installé une équipe sur place et une trentaine d’emplois sera créée sur un nouveau bâtiment qui verra le jour d’ici 18 à 24 mois. Au total nous aurons 11 lignes de production différente­s, soit 11 process, pour travailler nos matières premières naturelles, opérationn­elles dès 2024. » Les deux sociétés rachetées cette année, qui totalisent 250 salariés pour 60 M€ de CA, seront modernisée­s. Investisse­ment total : 20 M€. Rose de mai, jasmin, mimosa..., les ingrédient­s traditionn­els de Grasse seront également travaillés, en partenaria­t avec les agriculteu­rs et cultivateu­rs locaux. Le savoir-faire grassois n’a pas fini de faire parler de lui.

 ?? (Photos @Symrise) ?? Avec Lautier 1795 et ce savoir-faire grassois réveillé, le groupe allemand Symrise poursuit sa croissance. À l’origine des créations Major me de Paco Rabanne, Slogan de Courrèges,... Symrise a breveté une nouvelle technologi­e qui devrait révéler bien d’autres fragrances.
(Photos @Symrise) Avec Lautier 1795 et ce savoir-faire grassois réveillé, le groupe allemand Symrise poursuit sa croissance. À l’origine des créations Major me de Paco Rabanne, Slogan de Courrèges,... Symrise a breveté une nouvelle technologi­e qui devrait révéler bien d’autres fragrances.
 ?? (D.R.) ?? Andreas Segerros, à gauche, a succédé au poste de directeur général de Nicox à Michele Garufi qui demeure administra­teur de la biotech.
(D.R.) Andreas Segerros, à gauche, a succédé au poste de directeur général de Nicox à Michele Garufi qui demeure administra­teur de la biotech.
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