Monaco-Matin

Le 70.3 repeint aux couleurs azuréennes

- Texte : Philippe HERBET Photos : Dylan MEIFFRET

Rémi Conte, leader autoprocla­mé de la team Nissa Triathlon, et l’Antiboise Nikita Paskiewiez ont inscrit, hier, leurs noms au palmarès d’une course qui a réuni, pour sa 4e édition, plus de 3000 athlètes.

10 heures, hier. Le soleil darde ses rayons sur la Prom’, déjà noire de monde, et le baromètre commence déjà à dangereuse­ment s’affoler. Mais la chaleur n’est pas de nature à l’accabler, lui l’enfant des Antilles (il est né et a grandi jusqu’à l’âge de 17 ans à Saint-Martin). Rémi Conte, en fait, redoute bien plus ce vent de face (sur le retour), qui souffle de plus en plus fort, et rend si compliquée la fin du semi-marathon. Et pourtant ! C’est bien sur la course à pied que le pensionnai­re de la team Nissa Triathlon a créé les plus gros écarts. Construit, finalement, son succès.

Sorti de l’eau en deuxième position, en n’ayant déboursé qu’un peu plus d’une seconde par rapport au meilleur temps d’Étienne Tillon (25’17, soit 1’20 au 100m), et après une première transition gérée à la perfection, l’Ultra-Marin, Niçois d’adoption (il y vit depuis 7 ans) et ancien spécialist­e du 3 000 m steeple, a ensuite fait bien mieux que limiter la casse sur la partie vélo (bouclée à 44,6 km/h de moyenne), qui reste - et il le sait ! son talon d’Achille. « Mais je suis en progrès constants et d’ici deux ou trois ans, je pense pouvoir faire de belles choses… Là, après le col de Vence, je me suis fait reprendre et même doubler par les gars qui chassaient derrière. Mais je connais bien la descente qui suit, puisque je m’y entraîne régulièrem­ent, alors je ne me suis pas affolé, et j’ai pu recoller avant d’entamer la partie plate du parcours… »

La suite, nul besoin, donc, d’avoir à la deviner…Désormais, le garçon n’a plus qu’un objectif en tête, après les manches de D2 avec son club : les championna­ts du monde de Saint George (Utah, USA), programmés à la fin octobre, et pour lesquels il était déjà qualifié, avant même que l’on procède, hier, à la distributi­on des slots. Mais il se projette aussi volontiers à plus long terme. « J’espère pouvoir prendre une licence pro, dès la saison prochaine, et passer ainsi sur la distance supérieure ».

Le full, donc, ce truc réservé à de doux dingues ou aux héros costumés tout droit sortis des studios Marvel…

L’étonnante histoire d’Alexys Brunel

Derrière, la concurrenc­e, en tout cas, a été mise à rude épreuve. Mais une déception toute relative, néanmoins, s’était glissée dans l’esprit d’Alexys Brunel, deuxième du scratch, alors qu’il s’attaquait pour la toute première fois de son existence à un triathlon. Le Boulonnais de naissance, il est vrai, n’est pas non plus un total inconnu dans le milieu du sport. Et vient même de faire le buzz en mettant, à seulement 23 ans, un terme à sa carrière de cycliste profession­nel (la rupture de son contrat avec l’équipe UAE Emirates - celle de Tadej Pogacar, dernier vainqueur du Tour - a officielle­ment été annoncée mercredi dernier). Un choix radical, dicté, dit-il, par l’envie « de tourner une nouvelle page, de faire une pause, mentalemen­t, et de (se) concentrer sur de nouveaux défis ». Et visiblemen­t, devenir un ‘‘homme de fer’’ en fait partie. « Je suis plutôt satisfait de ma performanc­e, même si j’ai connu quelques soucis sur la course à pied. C’est un problème de diaphragme pas assez ouvert. J’ai eu deux points de côté, et j’ai dû m’arrêter de courir, m’étirer un peu, alors je me suis fait reprendre au mauvais moment. Ensuite, au niveau des sensations, ça a été de mieux en mieux. Mais bon, c’était un peu tard. Dommage, même si je sais que j’ai encore beaucoup à faire pour progresser dans la discipline… »

Des femmes pressées...

Si seulement 8 % de femmes étaient recensées, hier, sur les start-lists, pour autant, elles n’ont pas, elles non plus, vraiment traîné en route. A l’image d’une Nikita Paskiewiez littéralem­ent déchaînée. Même si, totalement absorbée par sa course, elle en a « oublié » d’enfiler les chaussette­s, après avoir lâché le vélo ! Du coup, c’est les pieds en sang que l’Antiboise, qui se décrit comme « un peu tête en l’air » ,a passé la finish-line. N’accordant sa première interview qu’après avoir « déchaussé », ôté ces instrument­s de torture. « C’est ma plus belle victoire (sa première de la saison), s’emballe celle qui a débuté le triathlon depuis 2010. Et je tiens absolument à la dédier à Dédé (André Merz), le meilleur coach du monde. Je lui dois tout et j’ai pensé à lui pendant toute la course… » Puis, une fois l’émotion un peu retombée, de revenir, plus en détail, sur la façon dont elle a géré sa physique matinée. « En natation, j’avais un peu le sentiment de faire n’importe quoi. Mais, une fois le vélo enfourché, juste avant le col de Vence, je me suis dit : ‘‘Ok, t’es chez toi ! Garde le rythme, donne le maximum jusqu’au bout’’. Et je n’ai plus rien lâché. Malgré le vent qui s’est levé et cette douleur insupporta­ble aux pieds, que j’ai ressentie dès le km 5. C’était une horreur, mais j’ai quand même pu faire abstractio­n de tout ça… »

Joséphine Delvincour­t et Camille Shaw ne reverront donc plus la couleur de ses semelles. Et laisseront leur rivale ouvrir en grand les portes de ses rêves. « Je m’entraîne énormément et j’aimerais bien, désormais, avoir la licence profession­nelle, pour suivre un peu partout mon copain (l’Aixois Erwan Jacobi), qui est déjà sur le circuit et me donne encore plus de motivation à me dépasser… »

Au final, c’est donc un grand cocorico qui a résonné sur ce 70.3. Avec des podiums 100% tricolores, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Et on ne va pas se mentir, ça a salement flatté notre esprit cocardier…

 ?? ?? Le Niçois Rémi Conte s’impose à domicile sur le half Ironman.
Le Niçois Rémi Conte s’impose à domicile sur le half Ironman.
 ?? ?? L’Antiboise Nikita Paskiewiez, première femme à franchir la ligne d’arrivée du 70.3. Ci-contre, le départ des participan­ts et la sortie de la natation.
L’Antiboise Nikita Paskiewiez, première femme à franchir la ligne d’arrivée du 70.3. Ci-contre, le départ des participan­ts et la sortie de la natation.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco