Vol d’une paire de lunettes : 15 jours avec sursis
L’huissier a beau appeler le prévenu et s’assurer de son éventuelle présence dans la salle des pas perdus afin qu’il comparaisse devant le tribunal correctionnel. On ne verra personne rejoindre la barre pour répondre d’un vol de lunettes Giorgio Armani. Pourtant, le client concerné ne semblait pas avoir agi à l’aveuglette dans la matinée du 21 avril dernier. Il était venu se renseigner sur une ceinture de cuir dans la boutique de luxe située au sein de l’hôtel Hermitage. Il avait, plutôt, une autre idée derrière la tête. Le Transalpin jouait finement à l’intéressé avec moult expression gestuelle. Puis place aux mimiques de l’acheteur rebuté par un accessoire vestimentaire inadapté à son style branché.
En fait, il lorgnait une monture prestigieuse du prestigieux styliste transalpin !
Trahi par la vidéo...
Vers 11 h 10, en effet, le responsable de la boutique signalait la disparition d’une paire de lunettes. Il pouvait nettement distinguer sur les images vidéo ce jeune homme de 20 ans, magasinier de profession, prendre l’objet et s’en aller sans se faire remarquer. Une fois alertés, les policiers l’interpellaient quarante minutes plus tard, grâce à la tenue bigarrée du personnage qui le rendait facilement identifiable. En garde à vue, l’individu s’obstinait pourtant à nier pareil méfait. Il lui était impossible de commettre ce genre de délit car il possédait déjà une paire de lunettes, peut-être ressemblante, depuis cinq ans.
... et le numéro de série
À l’audience, le président Florestan Bellinzona (*) a fait part « de la comparaison des numéros de série gravés sur la branche. Les références entre la paire portée et celle volée sont identiques. Malgré la preuve irréfutable, cet Italien n’avait aucune intention de reconnaître le vol. Confisquée ! Il quittait les locaux de la rue Suffren-Reymond car il devait faire des courses sur d’autres marchés… » Dans ses réquisitions compendieuses, le premier substitut Valérie Sagné ne s’est pas montrée convaincue par les allégations exprimées par le suspect dans sa déclaration. Une peine d’un mois d’emprisonnement assortie du sursis a été sollicitée. Le tribunal a réduit de moitié la requête du ministère public.