La basilique Saint-Michel tape dans l’oeil de Raoul Dufy
Né au Havre, Raoul Dufy a tout de l’artiste polymorphe. Et pour cause, il est à la fois peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, créateur de tissus, de tapisseries et de mobilier, décorateur d’intérieur, d’espaces publics et de théâtre français. Influencé par les impressionnistes Monet et Boudin, puis par un fauvisme à la Matisse, il migre rapidement vers les AlpesMaritimes. Pour se sédentariser à Vence, en 1919.
Sa femme, la Niçoise Eugénie Brisson, qu’il a épousée en 1911, n’y est sûrement pas pour rien. De même que Georges Braque, avec qui il a fait un voyage initiatique dans le sud, en 1908.
Joie et couleurs
Sur la Riviera, il décline ses thèmes de prédilection : les baigneuses, les fêtes nautiques, les paysages côtiers, les bateaux. Sur la Baie des Anges, il peint le casino de la jetée promenade, en 1946, dans un mélange de couleurs dont lui seul avait le secret. Quelques kilomètres plus loin, à Menton, il croque la basilique Saint-Michel vers 1927. Avant que la première biennale de peinture de France, ne lui soit dédiée en 1951 (lire ci-dessous).
En 2017, une grande exposition consacrée à Raoul Dufy avait été proposée au musée Cocteau. Le lien entre les deux hommes ? Leur côté touche à tout, d’abord. Mais aussi le fait qu’ils aient travaillé ensemble. Contemporains l’un de l’autre, ils ont même travaillé ensemble. Confronté à la mort de son costumier et décorateur au moment où il monte la pièce Le boeuf sur le toit, Cocteau demande en effet à Dufy de le remplacer. Malgré quelques divergences, les deux maîtres s’entendent. Et Cocteau rendra un bel hommage à Dufy, disant de lui : « Nul n’a mieux changé de l’écriture en dessin, de la peinture en paroles ».