Quels enseignements pour le procès du 14-Juillet ?
Un procès historique peut en cacher un autre. Deux mois après le verdict du 13-Novembre, la cour d’assises spécialement constituée ouvrira, dès la rentrée, une nouvelle audiencemarathon consacrée à l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice (86 morts, 450 blessés). Or, le procès qui s’achève se révèle riche d’enseignements. Me Olivia Chalus-Penochet, l’avocate niçoise d’Adrien, est partie civile dans les deux affaires. Elle coordonne le collectif 14-7 Avocats, qui réunit les barreaux de Nice, Grasse et Ajaccio(1). Elle se projette déjà.
■ Le rôle « fondamental » des victimes. Cinq semaines. C’était le temps imparti à l’audition des parties civiles du 13-Novembre. La même durée est prévue pour celles du 14-Juillet. « C’est fondamental qu’elles viennent témoigner, martèle Me Chalus-Penochet. Le deuil, les vies bouleversées, le parcours médicolégal, les troubles psychosomatiques... Il faut qu’elles le racontent. »
■ « Un effet thérapeutique ». 860 parties civiles au terme de l’instruction. Me Chalus-Penochet en attend deux fois plus. Mais rares sont celles qui envisagent de témoigner. Les freins ? « La distance, les frais » (même si les déplacements sont défrayés) et « l’aquabonisme : à quoi çasert?» Le procès écoulé a apporté une réponse éclatante : «Çaaeuun impact sur les réquisitions et sur les accusés. Et pour certains, ça a un effet thérapeutique. Déposer son témoignage, c’est se délester d’un fardeau. »
■ Une organisation hors norme. Dix mois de débats, une salle de 500 places créée dans l’ancien palais de justice de Paris, 14 accusés, 160 avocats... Le procès du 13-11 préfigure celui du 14-7, attendu au même endroit. « La formidable organisation a été à la hauteur, salue Me Chalus-Penochet. C’est la meilleure réponse au terrorisme. Jamais nous n’aurions eu ça dans un État totalitaire ! »
■ Des moyens nouveaux. Le procès à venir est prévu du 5 septembre au 16 décembre, avec des journées d’audience pleines cette fois, et relâche le lundi. Les débats seront retransmis au palais Acropolis de Nice. 500 places y attendent les parties civiles (et 200, le public et la presse). Une webradio leur permettra là aussi de suivre les débats, y compris à l’étranger. Sur les 130 avocats, ceux de la partie civile reprendront le principe de la « plaidoirie collective ».
■ De grandes différences. Spécificités de l’attentat de Nice : le mode opératoire, des victimes venues du monde entier, la présence de nombreux enfants (« les grands oubliés ») et une seconde enquête sur le dispositif de sécurité sur la Prom’. « Cette question obsède beaucoup de parties civiles. Mais ce n’est pas notre procès!» , prévient Me Chalus-Penochet. À Paris, 9 accusés, dont 7 attendus, répondront d’association de malfaiteurs terroriste ou de fourniture d’arme au tueur au camion.
1. Contact mail : 1407.avocats@gmail.com.
Site web : www.barreaudenice.com