La coque du bateau cachait 110 kilos de cigarettes
Pas moins de 4 416 paquets de Marlboro habilement dissimulés dans la coque d’un bateau arrimé à une remorque. C’est le dossier, remontant au printemps 2016, qui a occupé le tribunal correctionnel de Draguignan mardi. Si la justice a mis autant de temps à juger cette affaire, c’est parce qu’elle n’est pas parvenue à (re-) mettre la main sur trois des quatre prévenus serbes, en fuite depuis leur sortie de détention provisoire.
Elle prétend n’avoir pas été au courant
La présidente Marie-José Coureau-Vergnolle a donc demandé des efforts de mémoire à Ana S., seule présente à la barre. La quadragénaire, sans avocat, s’est défendue bec et ongles. Oui, son compagnon de l’époque et elle escortaient bien une voiture tractant un bateau, mais non, elle n’était pas au courant de ce qu’il se trouvait dans la coque. C’est seulement lorsque la BMW Série 5 immatriculée en Serbie a été interceptée par les douanes sur l’A8, à Puget-sur-Argens, qu’elle a découvert la cargaison illicite. « Les services ont été interpellés par la présence de vis récentes sur la coque usée d’un navire de plaisance », détaille la présidente. Les douaniers remarquent également que deux personnes, Ana S. et Slavoljub Djordjevic, s’intéressent au déroulé de l’opération et au devenir des occupants de la BMW, Nikola Markovic et Slobodan Davidovic. D’après Ana, simplement pour aider ses compatriotes.
« Nous étions en vacances en Italie lorsque Slavoljub a reçu un appel de ses amis. Ils avaient un problème avec une roue de leur remorque. Mon ex-compagnon les a aidés. Comme on rentrait sur Paris et eux vers l’Espagne, on les a suivis pour voir que la roue de secours ne se détache pas. » Pourtant, dans le GPS de la BMW était rentrée une adresse parisienne. Et dans la portière de la berline allemande a été trouvé le passeport de Slavoljub, déjà condamné en 2015 à Albertville pour trafic de cigarettes.
Jusqu’à 3 ans ferme
« Il y a aussi ces messages, retrouvés sur son téléphone et le vôtre, Madame, où il est fait état de ce trajet bien avant le souci avec la remorque, précise le ministère public. Et quand il arrive la panne, on s’empresse de prévenir quelqu’un pour dire qu’on va être en retard… »
Le tribunal condamne par défaut Slavoljub Djordevic à trois ans de prison, Nikola Markovic et Slobodan Davidovic à deux ans et Ana S. à un an de sursis simple. Le quatuor devra régler une amende de 30 912 euros. Des mandats d’arrêts internationaux ont été émis.