Monaco-Matin

Viskhanov, la relève est là

Le nouvel homme fort du Lutte Club de Nice a 20 ans. Cette année, il a remporté le bronze à l’Euro et aux Mondiaux Juniors. Il suit les traces de Khadjiev et prend rendez-vous pour l’avenir.

- CHRISTOPHE­R ROUX Khadjiev : retour en 2023 « Je sais qu’il s’entretient, Yvon Riemer dans

Le Lutte Club de Nice reste une pépinière fertile. Entre les murs du Vieux-Nice, ses entraîneur­s font toujours pousser des champions. Après Zelimkhan Khadjiev, le double vice-champion d’Europe (2018, 2019), le LCN a fait éclore Adlan Viskhanov. A 20 ans, le Niçois, enfant de l’Ariane où il a grandi, vient d’exploser au plus haut niveau. En juin, il ramenait le bronze des championna­ts d’Europe Juniors en Italie chez les moins de 92 kg. En août, il faisait aussi bien aux Mondiaux de la catégorie en Bulgarie.

« C’est une ascension fulgurante, présente Ali Toumi, l’un de ses premiers coachs à Nice, où il a découvert la lutte à 7-8 ans. Il y a trois ans, personne n’aurait misé sur lui pour une médaille internatio­nale. Son sens de la lutte n’est pas inné comme il l’est chez Zelim. Mais c’est un bosseur et ses médailles sont celles de la persévéran­ce. Il y a quatre ans, il pesait 71 kg. Il en fait 92 aujourd’hui. Physiqueme­nt, c’est devenu une bête. »

Pour les siens

D’origine tchétchène, né à Khassaviou­rt dans le Daghestan, d’une mère médecin et d’un père salarié dans le transport et sa logistique, Adlan se souvient précisémen­t du moment où il a foulé le sol français pour la première fois. « C’était le 31 décembre 2008, rembobine-t-il. Avec ma famille, on a quitté la Tchétchéni­e parce que ma maman était malade. » Les tensions avec la Russie justifient aussi cet exil, mais, pudique, Adlan « ne souhaite pas en parler ». Il préfère citer ses trois grands frères, Vakhit, Vissit et Valid (38, 37 et 31 ans). « Ils m’amenaient à l’entraîneme­nt et m’ont dit qu’ils me pousseraie­nt quoi que je choisisse, la lutte ou les études », les

Le Niçois aimerait se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris2024.

remercie le sociétaire de l’INSEP depuis deux ans. C’est pour cette fratrie et la fierté des siens qu’il combat aujourd’hui. « En tournoi, je n’ai pas intérêt de perdre. Je ne gagne pas seulement pour moi mais pour toute la famille », argue-t-il. C’est une quête et un poids. « Il veut tellement bien faire qu’il se met parfois trop de pression », détaille Luca Lampis, l’un des coachs de l’équipe de France de lutte libre. « Il avait un blocage en compétitio­n. Il ne reproduisa­it pas ce qu’il faisait à l’entraîneme­nt », ajoute Toumi. Il a failli ne pas être aligné à l’Euro et aux Mondiaux Juniors. Battu en finale des France de la catégorie en mai, il avait déçu et reçu un ultimatum de Lampis. Il a sauvé sa place en remportant les France Seniors dans la foulée. « Si je n’avais pas gagné le titre, j’aurais arrêté la lutte, lâche Adlan. C’est le déclic. »

Naturalisa­tion en cours

Grâce à ses dernières performanc­es et au forfait sur blessure de Valentin Damour (- 57 kg), il a été sélectionn­é pour les Mondiaux Seniors en Serbie, la semaine passée. Il a été battu d’entrée par le double champion du monde en titre. « Dans la cour des grands, il y a une vraie différence sur le plan tactique », a appris le gamin. Lampis le présente comme « un peu tête en l’air, discret et déconneur » et espère qu’il pourra se qualifier pour les Jeux de Paris-2024. « Ce serait excellent, même si ça peut sembler prématuré. Il est davantage programmé pour Los Angeles-2028 », pose l’entraîneur national. «Ilva devoir monter en moins de 97 kg et prendre 5 kg de muscles. La catégorie des moins de 92 kg n’est pas olympique », prévient Toumi. Il lui faudra également obtenir sa naturalisa­tion française. « Pour l’instant, je ne peux faire que l’Euro et les Mondiaux. Ma nationalit­é sportive est française mais je dois encore être naturalisé pour espérer faire les Jeux. Le dossier a été envoyé en décembre », explique Viskhanov, qui entend « remercier la France avec une médaille olympique » pour tout ce qu’elle lui a apporté. La relève a du coeur et des valeurs.

Suspendu quatre ans pour un contrôle positif à la trimétazid­ine en 2019, Zelimkhan Khadjiev pourra reprendre la compétitio­n en novembre 2023. Le Niçois, double vice-champion d’Europe (-74 kg), a toujours contesté avoir pris ce produit intentionn­ellement. Il manquera les Mondiaux qualificat­ifs pour les Jeux de Paris en septembre 2023, mais il participer­a aux tournois de qualificat­ion européen et mondial programmés en mars et mai 2024. Le manager général des équipes de France lui a ouvert la porte. a confié

L’Equipe. S’il a la volonté de réintégrer le collectif France, nous ferons tout pour. »

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(Photo DR)

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