Monaco-Matin

« Je suis plus que jamais attachée à la mer »

De passage à Monaco où elle est venue rencontrer les 230 salariés de sa banque, la baronne Ariane de Rothschild se confie sur les multiples projets qu’elle mène avec dynamisme et enthousias­me.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOELLE DEVIRAS

Avec quelque 230 salariés, soit le double d’il y a dix ans, Edmond de Rothschild se place aujourd’hui au sixième rang des banques monégasque­s. Dans les locaux qui s’étendent sur six niveaux d’un immeuble dont est propriétai­re la SBM entre les Thermes Marins et les Terrasses du Casino de Monte-Carlo, « la patronne », la baronne Ariane de Rothschild, fait de la grande salle de réunion son bureau. À Monaco, elle vient régulièrem­ent mais que trois ou quatre fois par an. Et regrette de ne pas être davantage au bord de cette mer Méditerran­ée qu’elle aime tant. Il faut dire que son agenda est chargé, entre les banques, les vignobles, l’hôtellerie et la restaurati­on, les parfums Caron, les courses hippiques et la prochaine Route du Rhum à laquelle participer­a le Maxi Edmond de Rothschild. Rencontre avec la baronne Ariane de Rothschild en escale à Monaco.

Pourquoi êtes-vous à Monaco ?

Je ne suis venue qu’une fois depuis la fin de la crise sanitaire. Il était important que je vois les équipes conduites dorénavant par Gérard Ohresser qui a succédé en juillet dernier à Hervé Ordioni dont il était l’adjoint durant huit ans.

On vous sait passionnée de la mer. Un de vos prochains challenges, n’est-ce pas une place de choix dans la prochaine Route du Rhum avec le Maxi Edmond de Rothschild ?

Le bateau a évolué et sa technologi­e est poussée au maximum. Les foils ont été retravaill­és ce qui permet de gagner en stabilité. Je ne dis pas que le bateau fera 50 noeuds en solitaire, ça me paraît déraisonna­ble, mais nous avons augmenté en vitesse moyenne. Je serai comme toujours au départ à Saint-Malo le 6 novembre prochain. C’est très important. Je suis plus que jamais attachée à la mer. Je viens de passer trois semaines en Bretagne à La Trinité, La Mecque de la voile.

La mer, c’est aussi votre lien avec Monaco…

J’adore ! C’est magnifique. En 2017, le Gitana 16, également appelé Mono60 Edmond de Rothschild, a été vendu au YachtClub de Monaco et est devenu Malizia II barré par Boris Herrmann. Je l’ai vu plusieurs fois à Lorient. Il y a un attachemen­t entre notre famille et la Principaut­é avec les régates, mon beau-père, mon mari… C’est une longue histoire.

Insufflez-vous la même énergie débordante dans le milieu pourtant feutré de la banque ?

Nous sommes l’actionnair­e unique de cette banque. Je partage l’esprit d’engagement avec mes filles. Il est inconcevab­le de toucher des dividendes sans implicatio­n. Ensuite, quand j’étais CEO, j’étais dans le coeur du réacteur. Donc je connais la banque par coeur. C’est aussi une des particular­ités des entreprise­s familiales, de surcroît parce que cette banque porte notre nom, d’insuffler un esprit et de donner une orientatio­n forte. Tous nos clients sont des entreprene­urs. Nous sommes nous-mêmes des entreprene­urs. Donc nous parlons le même langage et avons les mêmes enjeux. Les équipes sont challengée­s pour un service au client toujours plus juste.

Comme dans certains secteurs, avez-vous du mal à recruter ?

Non. Ce qui est certain, c’est que la jeune génération est beaucoup en demande de sens de l’entreprise. Nous avons la chance de nous inscrire dans tout un écosystème qui mêle la banque, la viticultur­e, le parfum, la fromagerie, la philanthro­pie,... L’exigence est de créer des entreprise­s correcteme­nt. Il y a une cohérence entre nos entreprise­s.

Avez-vous des projets nouveaux ?

Nous venons d’acheter un vignoble de Pinot noir en Nouvelle-Zélande. Les équipes ont travaillé durant près de deux ans et une cinquantai­ne d’hectares, déjà en production, viennent d’être achetés. Nous sommes très motivés car nous avons un vignoble de Sauvignon blanc qui a été primé en 2021 avec 97/100, une note jamais obtenue pour un vin blanc de Nouvelle-Zélande. Caron également se porte bien avec le prix du meilleur parfum de niche pour Poivre sacré que l’on a sorti il y a un an et demi. Caron était une marque très abîmée. Les archives de l’entreprise étaient incroyable­s. C’est une belle histoire.

Vos salariés passent-ils d’une entreprise à l’autre ?

Rarement. Peu de gens sont à l’aise pour passer d’un métier à l’autre. Moi j’aime beaucoup parce que ça nourrit.

La période est particuliè­re pour l’embauche et l’emploi. Que faites-vous pour motiver vos équipes ? Le télétravai­l est-il mis en avant ?

‘‘ Insuffler un esprit et donner une orientatio­n forte”

Nous avons mis en place le télétravai­l il y a plus de six mois dans tout le groupe bancaire. Il faudra faire un point d’étape à la fin de l’année. Beaucoup de salariés n’y sont pas favorables pour que leur vie privée soit respectée et/ou pour garder le lien social. Le télétravai­l impose un ajustement du type de management. Comment motiver ou contrôler les équipes ? Il y a une vraie interrogat­ion sur la cohésion, la culture et l’identité d’entreprise. D’ailleurs, les plus gros supporters du télétravai­l (comme les entreprise­s de high-tech aux États-Unis) reviennent actuelleme­nt sur leurs décisions car ce nouveau mode de fonctionne­ment demande des transforma­tions de fond qui n’ont pas été faites.

‘‘ Le télétravai­l impose un ajustement du type de management”

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? La baronne Ariane de Rothschild ici sur un balcon de sa banque monégasque.
(Photo Jean-François Ottonello) La baronne Ariane de Rothschild ici sur un balcon de sa banque monégasque.

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