Monaco-Matin

Covid-19 : pas de doute sur la 8e vague

« Se recentrer sur les besoins de santé à l’échelle territoria­le » En déplacemen­t à Antibes pour l’université d’été de la Confédérat­ion des syndicats médicaux français, François Braun, ministre de la Santé, appelle à adapter l’offre de santé aux besoins r

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le ministre de la Santé , François Braun est venu hier à la rencontre de la médecine libérale, réunie dans le cadre de l’Université d’été de la Confédérat­ion des syndicats médicaux français qui se tenait au palais des congrès d’Antibes - Juan-les-Pins. Entretien.

Vous avez inscrit la prévention dans votre feuille de route, avec déjà l’annonce de plusieurs mesures dont la gratuité de la pilule du lendemain pour toutes. La prévention ne se résume pas pour autant à ce type d’actions ciblées, c’est un immense chantier, impliquant de très nombreux acteurs. Où vous situez-vous ?

Le ministère que je dirige sera le chef d’orchestre de la prévention en santé ; mais il est évident que nous ne pouvons agir dans ce domaine tout seuls. Les autres ministères, les collectivi­tés locales, les élus, les associatio­ns… jouent un rôle prépondéra­nt. Par ailleurs, ce concept important de « one health » (« une seule santé »), qui met l’accent sur les interactio­ns entre santé humaine et animale et leurs divers environnem­ents, implique que tous les ministères concernés : logement, transport, écologie… s’investisse­nt dans la prévention de façon coordonnée. C’est un chantier global, avec des enjeux majeurs. Mais, mon rôle aussi, c’est de prendre des décisions concrètes, pratiques, avec des effets immédiats, comme la mesure que vous avez citée.

Vous étiez invité à rencontrer à Antibes la Confédérat­ion des syndicats médicaux français (CSMF), dans le cadre de son université d’été sur le thème :

« Nationalis­er la médecine libérale ? Non merci ! »

C’est votre projet ?

Loin de moi l’idée de vouloir nationalis­er la médecine libérale ! Pour autant, il y a des besoins de santé, ils doivent être couverts, et nous devons tous ensemble trouver des solutions pour y répondre. Franck Devulder, que j’ai rencontré juste après son élection à la présidence de la CSMF, m’a dit lui-même très clairement que les médecins avaient des droits ET des devoirs. Et là-dessus, nous sommes totalement en phase.

À propos de devoirs : en 2003, JeanFranço­is Mattei, alors ministre de la Santé, a rendu caduque l’obligation de la permanence des soins en ville. Elle ne repose désormais plus que sur le volontaria­t. Les difficulté­s d’accès à un médecin et l’impact sur les services des urgences pourraient-ils vous amener à réinstaure­r l’obligation de garde pour les médecins libéraux, au bénéfice des citoyens ?

Une offre adaptée dans un esprit de partenaria­t”

Ce que demandent nos citoyens, c’est de pouvoir accéder à un médecin lorsqu’ils en ont besoin sans avoir pu l’anticiper, notamment le soir et le week-end. Et cela passe, en grande partie, par l’engagement des médecins libéraux, comme ils l’ont fait cet été. Dans les faits, et selon le dernier rapport du Conseil de l’Ordre des médecins sur la permanence des soins en 2021, celle-ci est assurée sur 94 % voire 96 % du territoire. C’est très bien, mais effectivem­ent, il faut s’intéresser aux 4 à 6 % où cette permanence ne fonctionne pas, et s’interroger sur comment on peut faire bouger les lignes. Ma responsabi­lité, et celle de l’ensemble du gouverneme­nt,

Le ministre de la Santé a confirmé en début de semaine chez nos confrères de France Inter une reprise à la hausse des indicateur­s : taux de réplicatio­n, incidence… « Une situation suivie de près » alors que la survenue d’une nouvelle vague ne fait aucun doute. À quel horizon ? « Nous savons qu’il y aura une vague, nous connaisson­s le virus qui circule. Pour le reste, restons humbles. » Concernant les gestes barrières à ré-adopter, il rappelait qu’ils étaient utiles contre tous les virus qui circulent. Pas d’évolution non plus, à ce stade, concernant les rappels de vaccinatio­n. « La Haute autorité de santé, qui nous guide dans les décisions à prendre, recommande un rappel pour les plus de 60 ans, les personnes fragiles et leur entourage et les soignants. Nous élargirons si nécessaire, mais pour l’heure, le reste de la population, sans facteurs de risque, n’est pas dans la cible. »

c’est de répondre aux besoins de santé de tous les Français, et d’adapter notre système de santé pour mettre fin à des situations inacceptab­les aujourd’hui, à commencer par celles des déserts médicaux. Dans ces territoire­s, et dans tous les autres, nous allons mettre sur la table, dans le cadre du Conseil national de la refondatio­n consacré à la santé, quatre sujets importants : celui de l’accès à un médecin traitant pour toutes les personnes fragiles, celui de l’attractivi­té des métiers de la santé, celui de la prévention et enfin celui de la permanence des soins.

Pour discuter régulièrem­ent avec mes collègues généralist­es et les représenta­nts des syndicaux médicaux, tous se disent prêts à travailler autrement pour assurer cette permanence des soins sur tous les territoire­s dès l’année prochaine. Si, ensemble, sur un territoire, nous n’y parvenons pas, je prendrai mes responsabi­lités et n’exclus pas d’imposer des solutions pour que nos concitoyen­s obtiennent des réponses.

« Notre système de santé est malade, notre système de santé souffre, il faut le reconnaîtr­e » : ce sont vos mots. Cette situation n’appelle-t-elle pas, plus qu’une refondatio­n, une vraie réforme en profondeur, passant notamment par une redéfiniti­on des missions de l’hôpital ?

Vous prêchez un convaincu. Chacun doit être à sa place dans notre système de santé : la place où il apporte la plus-value la plus importante. Aujourd’hui, notre système de santé est organisé uniquement autour de l’offre ; on met en place des offres de santé sans vraie régulation et en se préoccupan­t assez peu des besoins, persuadés depuis des décennies que ceux-ci sont couverts dès lors que l’on met de l’offre un peu partout.

Il faut se recentrer sur les besoins de santé à l’échelle d’un territoire et mettre en face l’offre adaptée dans un esprit de partenaria­t

– tel qu’il a prévalu pendant la Covid – et non dans un esprit concurrent­iel. C’est vraiment l’objectif de la politique que je veux conduire ; et cette politique doit être déclinée à l’échelle d’un territoire, sachant que les problémati­ques à Nice ne sont certaineme­nt pas les mêmes qu’à l’est de la Moselle ! C’est à cette condition qu’on pourra avancer et refonder notre système de santé.

Je n’exclus pas d’imposer des solutions”

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