Monaco-Matin

« J’écoute plus les adhérents LR que les chefs à plumes ! »

Candidat à la présidence du parti Les Républicai­ns, Serge Grouard plaide pour « un accord de gouverneme­nt » avec la majorité. Seule solution, selon lui, pour « ne pas disparaîtr­e ».

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Au bout du fil, la voix de Serge Grouard est enjouée. Le maire d’Orléans vient d’apprendre que la Haute autorité des Républicai­ns repousse d’un mois, au 3 novembre, la date limite de dépôt des parrainage­s nécessaire­s pour postuler à la présidence du parti – une décision prise après que la justice a autorisé Virginie Calmels à se porter candidate. « Cela peut rebattre les cartes, assure-t-il. J’ai toutes mes chances. »

Pour que votre candidatur­e au scrutin interne soit recevable, vous devez être soutenu par 485 adhérents et dix parlementa­ires. Le compte n’y est pas ?

C’est en bonne voie pour les adhérents, mais plus difficile pour les élus. J’ai sollicité les présidents des trois groupes parlementa­ires LR – députés, députés européens et sénateurs – pour pouvoir m’exprimer devant nos élus : cela m’a été refusé. Il ne faudrait pas que ce filtre, prévu pour éviter les candidatur­es fantaisist­es,

Pour Serge Grouard, « prétendre que nous pourrions gagner seuls dans cinq ans, c’est un leurre absolu ! »

devienne un outil de censure. Ce serait inacceptab­le !

Les parrainage­s des maires et des présidents de collectivi­tés territoria­les ne sont pas admis ?

Non. Et c’est anormal. Nous devrions calquer nos règles sur celles en vigueur pour l’élection du président de la République.

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Vous êtes le seul candidat à la présidence de LR à avoir proposé un « accord de gouverneme­nt » avec la majorité. Vous êtes Macron-compatible ?

Regardons les choses en face : nous avons fait 10 % aux dernières législativ­es. Prétendre que nous pourrions gagner seuls dans cinq ans, c’est un leurre absolu !

Nous sommes inaudibles. Un peu comme la tranche de jambon dans le sandwich entre le RN d’un côté, les macroniste­s de l’autre.

Vous proposez donc un pacte avec les macroniste­s ?

C’est la seule solution pour ne pas disparaîtr­e. Nous devons établir une feuille de route avec nos exigences en matière de sécurité, d’immigratio­n, d’environnem­ent, de réduction de la dette. Nous proposeron­s ensuite ce texte au chef de l’État. S’il refuse, il portera l’entière responsabi­lité de la crise. Ce n’est pas de la compromiss­ion, bien au contraire !

Qu’est-ce qui vous distingue de vos principaux concurrent­s Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié ?

La première chose, c’est qu’ils sont tous les trois décidés à rester dans la posture mortifère de l’opposition. La seconde, c’est que je suis maire : je suis tous les jours au contact des vrais problèmes – et je sais apporter de vraies réponses.

Jean-François Copé alerte sur un risque de « schisme » si Éric Ciotti l’emporte. Vous partagez cette crainte ?

L’image qu’Éric renvoie, parfois à son corps défendant, peut faire que certains élus s’interrogen­t. Mais moi, je ne fais de procès d’intention à personne ! [Il sourit] J’écoute davantage les adhérents que les chefs à plumes.

Éric Ciotti souhaite désigner dès 2023 Laurent Wauquiez comme candidat LR à la présidenti­elle. Qu’en pensez-vous ?

Ce serait une énorme erreur. D’abord, le président du parti n’a pas le pouvoir de choisir notre candidat. Ensuite, si on fait cela, on risque de recréer des clans, de se déchirer pour des questions de personnes, alors même que notre formation est en danger de disparitio­n ! Il serait funeste de se diviser avant les sénatorial­es et les européenne­s.

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