Monaco-Matin

Soigner les sols pour garder l’eau

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Et si la clé pour préserver l’eau se trouvait sous nos pieds ? « Dans les solutions qui sont prônées par les scientifiq­ues car elles font leur preuve dans les milieux arides, travailler sur les sols et la végétation est central. Plus on donne au sol des capacités pour maintenir l’eau et donc maintenir une végétation qui peut capter la rosée, mieux ce sera », explique l’hydroclima­tologue Florence Habets. Pour cela, aucune recette miracle, mais une multitude d’actions différente­s. Dans le domaine de l’agricultur­e d’abord, « qui utilise 93 % de l’eau mondiale », dixit l’hydrologue Emma Aziza. « On a rendu le territoire plus aride, et donc, il y a une pauvreté de matière organique dans les sols qui menace », constate cette spécialist­e. Il faut donc l’enrichir.

Compost, marc de raisin, engrais verts... à la rescousse des sols

« En maraîchage, les pratiques consistent souvent en des apports de fumiers et composts (notamment de déchets verts issus des collectivi­tés, ou localement de marc de raisin) ou la mise en place d’engrais verts dont la biomasse va être restituée au sol. Plus le sol a un bon taux de matières organiques, plus il retient l’eau, comme une éponge », détaille Florian Carlet du Centre d’initiative­s pour valoriser l’agricultur­e et le milieu rural (Civam) Paca. « Moins labourer quand cela est possible permet aussi à la vie du sol de faire son office. Utiliser moins de pesticides aussi. Les scientifiq­ues se rendent compte maintenant à quel point il y a une symbiose entre la plante et le milieu du sol, les champignon­s, les microbes, remarque Florence Habets. Par le passé, on a trouvé des produits magiques : l’azote et les pesticides, pour se passer du milieu naturel et booster notre agricultur­e. Aujourd’hui, le constat est clair : il faut revenir en arrière, faire revenir le milieu vivant. » En innovant, cherchant...

À l’instar, par exemple, des défricheur­s de la Maison des semences paysannes de Nice, un groupe d’agriculteu­rs en pleine expériment­ation d’engrais verts. « On rentre d’une tournée dans les Alpes-de-Haute-Provence. On y a trouvé, par exemple, la féverole de Forcalquie­r, une espèce à planter entre deux cultures pour enrichir les sols en azote », explique Maxime Schmit, le coordinate­ur. Ou encore des Alchimiste­s Côte d’Azur, société varoise qui collecte les déchets organiques de la restaurati­on collective, gorgés en eau, pour produire en quantité du compost destiné à enrichir les sols des agriculteu­rs locaux.

Décisions stratégiqu­es

Pour sauver les sols, les solutions sont aussi structurel­les, politiques. «DansleVar et les Alpes-Maritimes, beaucoup des parcelles les plus profondes et fertiles - qui devraient donc logiquemen­t être dédiées aux cultures - sont en plaine. Or, c’est dans ces secteurs que l’urbanisati­on est la plus galopante. La dégradatio­n des sols agricoles est donc aussi dépendante des stratégies d’aménagemen­t des collectivi­tés sur leurs territoire­s », conclut Florian Carlet du Civam.

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(Photo Laurent Martinat)

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