« Pour être efficace, il faut regarder tous les aspects »
Claude Favotto, enseignant-chercheur à l’Université de Toulon
Claude Favotto est enseignantchercheur à l’Université de Toulon. Il est spécialiste des matières capables de stocker l’énergie.
S’il assure n’être « qu’un scientifique », sans attrait pour les questions économiques, il a toutefois une opinion sur l’intérêt du changement d’heure et les solutions pour appréhender la pénurie d’énergie qui s’annonce.
Rester à l’heure d’été : vous seriez plutôt pour ou contre ?
Je pense que c’est un faux débat. Parce qu’aujourd’hui il ne s’agit pas seulement de faire des économies, mais bien de faire face à une possible pénurie. Dans ce contexte, je ne suis pas sûr que les économies que permettrait le fait de rester à l’heure d’été soient suffisantes ! D’ailleurs, si c’était bel et bien le but de la mesure à l’époque où elle a été adoptée, l’efficacité aujourd’hui n’est pas certaine.
Les économies estimées par l’Ademe sont pourtant réelles…
Oui, mais elles sont marginales : on est dans l’épaisseur du trait ! Et puis, il faut prendre en compte le fait que l’opération doit avoir un coût elle-même. Je caricature, mais en gros, il faut bien qu’il y ait quelqu’un pour remonter la montre et ça représente forcément une consommation énergétique ! Surtout, on parle d’une économie de 0,07 % là où on pourrait monter à 10, voire 15 %.
De quelle manière ?
D’abord, je pense qu’on ne pourra être efficace que si on regarde tous les aspects. Chaque année, la France produit 400 TeraWattheure, dont 67 % issus du nucléaire, 13 % de l’hydraulique, le reste de l’éolien ou du thermique. Or sur ces 400 TWh, 60 sont perdus tous les ans sous forme de chaleur qui part dans l’atmosphère depuis
Autrement dit, il faudrait pouvoir conserver cette énergie pour la réutiliser. Mais comment faire ?
Eh bien, il existe des solutions de stockage. Notamment grâce à des matières qui peuvent stocker l’énergie thermique, que l’on peut ensuite relarguer lorsque les besoins dépassent ce que l’on a disposition.
Pour moi, la résolution de ce problème autour de l’énergie passe vraiment par la possibilité de la stocker. Rendez-vous compte : le soleil envoie 8 000 fois plus d’énergie que ce dont nous avons besoin !