Au commissariat de l’Ariane, à Nice, l’audition « bâclée » du futur terroriste en 22 minutes chrono
Au procès de l’attentat du 14-Juillet, un policier niçois était entendu ce jeudi. Son audition aura duré une petite heure. Mais elle a été bien plus longue que celle qu’il a menée six ans plus tôt. 22 minutes chrono : c’est le temps que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a passé en audition libre, au commissariat de l’Ariane, le 20 juin 2016 à Nice. Moins d’un mois avant de commettre l’attaque au camion sur la Prom’. Cette audition, c’est J. qui l’a menée. Ce quinquagénaire, agent de la police nationale, a passé un sale quart d’heure, ce jeudi, devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Bien sûr, « MLB » n’a encore commis aucun acte terroriste, ce lundi 20 juin, quand il se présente au commissariat.
Pas de garde à vue
Ce chauffeur-livreur est en revanche connu pour des violences. Des violences à coups de planche de palette cloutée sur un automobiliste varois, en janvier 2016, sanctionnées en mars par 6 mois de prison avec sursis. Mais aussi des violences conjugales.
Hajer K., son ex-femme, a déposé plainte contre lui le 26 août 2014. « MLB » est entendu près de deux ans plus tard. L’attente aura été longue,
Le chauffeur-livreur avait été entendu au commissariat de l’Ariane pour des violences conjugales, moins d’un mois avant l’attentat.
l’audition sera courte. 22 minutes chrono, avec des réponses vite expédiées. « Est-ce que vous avez déféqué [dans l’appartement] ?Non - Est-ce que vous avez poignardé le doudou [des enfants] ?-Non.»
Pas de relance, pas de contradictoire, encore moins d’examen psychiatrique ou de relevé d’empreinte, comme l’aurait permis un placement en garde à vue. Les bras du président Laurent
Raviot en tombent. Il met le fonctionnaire de police sur le gril, fustige une occasion ratée, une « audition bâclée ».
Mal à l’aise, J. explique qu’il ignorait la condamnation de « MLB », et que son comportement n’avait rien de particulier. Mais les avocats de la partie civile le bousculent à leur tour. Me David Rebibou l’interroge sur son parcours. Acculé, J. admet avoir écopé d’une sanction administrative, pour avoir «déchiré une contravention » à ses dires. Il sera à la retraite dans quatre mois. «Sa retraite est la bienvenue » , assène Me Philippe Soussi.