Monaco-Matin

Twitter finalement bien racheté par Elon Musk

Il a déboursé 44 milliards d’euros pour devenir propriétai­re du réseau social, dont il entend assouplir la modération des contenus.

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C’est la fin d’un feuilleton de six mois : Elon Musk a officielle­ment pris le contrôle de Twitter pour 44 milliards de dollars, ouvrant une nouvelle ère incertaine pour l’avenir de cette plateforme à l’influence majeure. Le multi-milliardai­re a immédiatem­ent licencié le p.-d.g. Parag Agrawal, ainsi que deux autres dirigeants : le directeur financier Ned Segal et la responsabl­e des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon les médias américains.

Cette prise de contrôle de M. Musk inquiète une grande partie des salariés de Twitter, de nombreux utilisateu­rs et des ONG qui appellent les réseaux sociaux à mieux lutter contre les abus, du harcèlemen­t à la désinforma­tion. Car celui qui est l’homme le plus riche du monde, avec une fortune estimée à 241 milliards de dollars, se présente comme un ardent défenseur de la liberté d’expression, et veut assouplir la modération des contenus.

« Important pour l’avenir de la civilisati­on »

Il a ainsi ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter après avoir soutenu ses partisans qui ont pris part à l’assaut du Capitole en janvier 2021. « Twitter est désormais entre de bonnes mains, et ne sera plus dirigé par les fous de la gauche radicale qui détestent véritablem­ent notre pays », a aussitôt réagi l’ancien Président américain sur sa propre plateforme, Truth Social. Côte européen, le commissair­e au Marché intérieur Thierry Breton a toutefois prévenu hier que Twitter devrait respecter la nouvelle réglementa­tion de l’UE sur le

L’homme le plus riche du monde se présente comme un absolutist­e de la liberté d’expression.

numérique, contraigna­nt les grandes plateforme­s à modérer les contenus. Dans le même temps, alors que la publicité constitue 90 % des revenus du réseau social, Elon Musk a tenté de rassurer les annonceurs. Dans un message posté après l’annonce du rachat et spécifique­ment adressé aux marques, il indique qu’il estime «important pour l’avenir de la civilisati­on d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence ». Il assure aussi qu’il n’a pas engagé le rachat parce que c’était « facile » ou « pour se faire de l’argent », mais pour « essayer d’aider l’humanité ».

Elon Musk veut par ailleurs renforcer la lutte contre les spams. Il a aussi fait des allusions cryptiques à « X », sa vision d’une applicatio­n à tout faire (messagerie, réseau social, services financiers…), comme WeChat en Chine. Twitter, qui comptait 238 millions d’usagers quotidiens dits « actifs » fin juin, attire un public moins large qu’un géant comme Facebook, mais beaucoup de décideurs politiques, d’entreprise­s et de médias.

En tout cas, sur le plan financier, Twitter va être mis d’entrée sous pression. L’emprunt de 13 milliards de dollars qu’a contracté Elon Musk pour son rachat va, en effet, devoir être remboursé par la société. La partie s’annonce serrée pour une entreprise qui peine depuis toujours à dégager des bénéfices et est sous la menace d’un désengagem­ent de certains annonceurs. Selon plusieurs médias américains, Elon Musk pourrait licencier jusqu’à 75 % des 7 500 employés – ce qu’il a depuis démenti.

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(Photo d’illustrati­on AFP)

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