Monaco-Matin

Trois mois avec sursis pour un ouvrier rebelle

Tribunal correction­nel Les policiers ont été obligés de le menotter, opposé à tout contrôle et véhément, en plein milieu de la chaussée du boulevard Charles-III.

- JEAN-MARIE FIORUCCI Assesseurs : Adrien Candau et Franck Vouaux.

Le périmètre de la place d’Armes n’apparaît pas comme une zone sensible en Principaut­é. Pourtant, le 21 juillet dernier, des faits de rébellion ont mis ce lieu habituelle­ment tranquille en émoi. Dans l’après-midi, au niveau de l’arrêt de bus du Monte-Carlo Bar, une altercatio­n verbale a provoqué l’interventi­on des forces de l’ordre. À l’origine, une dame âgée a réprimandé un hurluberlu sur sa posture indécente : il avait posé ses pieds sur le banc d’attente, réservé en priorité aux usagers des transports en commun. Comme le ton monte, les fonctionna­ires, présents en permanence sur les lieux pour réguler la circulatio­n, sont intervenus. Ils demandent dans un premier temps au fauteur de troubles de cesser de téléphoner et de justifier de son identité.

« Vous sortez une carte de bus ,adéclaré le président Florestan Bellinzona(*) à l’audience. Vous poursuivez avec ce genre de propos : ‘‘Vous n’avez que cela à foutre ?’’ Puis vous partez en repoussant les agents afin de traverser la voie. Les policiers vont vous rattraper et vous plaquer au sol afin de vous menotter en plein milieu de la chaussée. Pourquoi faut-il en arriver à pareille pratique pour vous obliger à obtempérer ? »

Le prévenu, à la barre, a contesté les faits et réfuté la gravité décrite par le magistrat. « Je n’avais pas de carte d’identité. Mais je ne voulais surtout pas me faire menotter, car j’étais en arrêt maladie. Clairement, je n’ai pas résisté du tout. Je voulais seulement partir... »

Déjà condamné à de nombreuses reprises

Réaction instantané­e du président : « Il fallait rester sur place. Sans présentati­on d’un document officiel, il est logique de mettre en place un contrôle plus poussé... »

Un des policiers concerné par cet acte de rébellion est venu confirmer le refus de cet ouvrier du bâtiment de se prêter à toute vérificati­on malgré l’insistance des fonctionna­ires. « À cet instant, il a voulu nous casser, a encore témoigné l’homme en uniforme, en nous montrant une carte non officielle. Au cours du menottage, mon collègue s’est blessé... » Le rappel du casier judiciaire français de ce Niçois de 24 ans, avec des condamnati­ons pour violences, vols en réunion, outrages, menaces de mort, recels de vol et stupéfiant­s, a démontré sa tendance à user facilement d’un caractère emporté. Le conseil des parties civiles est revenu à son tour sur le délit de rébellion et l’avocat a mis en exergue le trouble à l’ordre public. « Jusqu’à devoir menotter l’individu en pleine chaussée pour un simple contrôle de papiers. Il faut absolument sanctionne­r ces comporteme­nts inacceptab­les !» , a-t-il conclu, avant de réclamer une somme de 2 000 euros pour ses deux clients. « Il a empêché une dame âgée de s’asseoir, a énuméré le premier substitut Valérie Sagné à l’heure de requérir. Il est agressif. Il continue de contester le contrôle et refuse la contrainte. Interpellé dans sa fuite, entre deux voitures, il a fait preuve d’un comporteme­nt hors du commun. Jusqu’à provoquer une ITT de trois jours en blessant un policier. Je propose deux mois avec sursis. » Le tribunal ira au-delà des réquisitio­ns du ministère public avec trois mois, toujours assortis du sursis.

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(Photo S. B.) Le prévenu a contesté les faits.

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