« Ça me gâche la fête, je n’ai pas envie de participer ! »
Benoît Arnulf, 45 ans, est le coordonnateur de l’association niçoise Les Ouvreurs, qui organise le festival de cinéma In & Out et mène des actions de sensibilisation à la cause LGBTQIA +. Il a décidé de boycotter ce Mondial et ne changera pas d’avis, même s’il salue les actions de certaines équipes comme l’Allemagne ou l’Australie.
Son choix personnel
« Je ne suis pas amateur de sport, mais j’ai suivi l’Équipe de France en 98 notamment : de très beaux souvenirs collectifs, où le rapport au foot a été transcendé. En 2018 en revanche, j’avais déjà boycotté le Mondial en Russie. Il y a un tiers des pays où l’on ne peut pas aller car il faudrait cacher notre homosexualité. Être solidaire avec des gens qui meurent pour ce qu’ils sont, c’est difficile de rivaliser avec ça. »
Le boycott pour réponse
« On est devant le fait accompli. L’événement a lieu, on ne va pas l’annuler. Mais il faut se poser collectivement la question de l’organisation de ces manifestations. On ne peut plus continuer à se dire “Ce n’est pas grave, c’est du sport”. Il faut qu’on retrouve la raison ! »
Le succès d’audience
« Les gens ont regardé ? Tant mieux, ça me regonfle dans mon idée qu’il faut continuer à travailler. La culpabilité ne fonctionne pas. Il faut faire marcher l’intelligence. L’enjeu, c’est que chacun puisse se positionner en conscience. »
Le plaisir collectif
« Je trouve dommage que cela passe par des événements aussi douteux. Il faut être inventif pour recréer des moments de liesse collective affranchie de ce décor. Hier [mardi], j’étais dans un bar pour travailler. Certains regardaient le match. Je le comprends. Mais moi, je n’avais pas envie. Je pense à tout ce qu’il y a derrière, ça me gâche la fête. À partir de là, je n’ai pas envie de participer. »
Frilosité et audace
« Si l’équipe de France est victorieuse, sera-t-on fier de rentrer avec la Coupe du Monde de la honte ? C’est vraiment valeureux de la part de l’équipe d’Allemagne et d’Australie d’avoir fait un pas de côté. Ils montrent que c’est possible. On a été très déçus du positionnement de Hugo Lloris [sur la question de l’homosexualité au Qatar]. Ça aurait claqué qu’un Mbappé s’exprime. Ça tient à rien, à un poing qui se lève… Et parfois, on s’en souvient plus que de la compétition elle-même. »