Monaco-Matin

Tentative de féminicide devant une école : un crime annoncé ?

Rita venait déposer ses enfants à l’école primaire Nikaia à Nice, le 7 février 2019, quand son ex-mari lui a porté six coups de couteau. Point d’orgue d’une série de menaces.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

J «e vais te vider de ton sang ». Nicolaz Gulisashvi­li, dans un message envoyé à Rita, mère de leurs deux enfants, menace. Sa femme, « son seul et unique amour » selon l’enquêteur de personnali­té, a fui la violence de son mari l’année précédente. Dans un accès de colère, il lui avait brûlé la main sur un réchaud à gaz, l’avait frappée à coups de casque de moto.

Vers 8 h 30, ce jeudi 7 février 2019, le directeur, l’économe et un professeur de l’école primaire Nikaia, montée Escoffier à Nice, accueillen­t les enfants. Rita accompagne son fils et sa fille de 6 et 9 ans quand Nicolaz Gulisashvi­li l’agresse devant la grille. « Arrêtez », hurle le directeur qui voit l’individu porter des coups sur cette mère de famille.

Plusieurs identités

L’agresseur a un couteau dans la main et frappe. Rita tente de se réfugier dans l’enceinte de l’école puis s’effondre, blessée notamment à la gorge et au dos. Le médecin légiste a dénombré six plaies. Alors qu’il prend la fuite une fois son forfait accompli, un témoin provoque sa chute par un crochepied. Il sera immobilisé jusqu’à l’arrivée de la police.

« Je reconnais tout ce que j’ai fait et je regrette profondéme­nt. C’est la mère de mes enfants. J’aime mes enfants », sont ses premiers mots en géorgien, hier, devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes. « Reconnaiss­ez-vous avoir voulu tuer Rita ? », interroge la présidente Catherine Bonnici. « Je ne le reconnais pas. Je l’aime toujours. » Crâne rasé, regard triste et silhouette épaisse, ce vigile, de nationalit­é géorgienne, se serait installé avec sa femme en 2010 à Nice. Dès 2014, la mésentente au sein du couple est profonde. Nikolaz Gulisashvi­li reste mystérieux, tant sur sa vie dans son pays natal, que sur sa consommati­on de méthadone, un substitut à l’héroïne ou sur ses diverses identités. Avec l’un de ses alias, il a été condamné à sept reprises pour des vols et des délits routiers.

Deux experts psychiatre­s n’ont pas décelé chez lui de maladie mentale. L’accusé est donc pleinement responsabl­e de ses actes. Ils notent à l’époque de l’examen, « une absence de culpabilit­é, d’empathie ».

Le procès doit durer trois jours. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

 ?? (Photo d’archives Cyril Dodergny) ?? L’émoi avait été considérab­le ce matin du 7 février 2019 quand Nikolaz Gulisashvi­li a poignardé son ex-femme à l’entrée de l’école primaire Nikaia.
(Photo d’archives Cyril Dodergny) L’émoi avait été considérab­le ce matin du 7 février 2019 quand Nikolaz Gulisashvi­li a poignardé son ex-femme à l’entrée de l’école primaire Nikaia.

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