Refusé à Lenval, leur bébé pris en urgence à Monaco
Atteint de bronchiolite, Léo n’a pu être hospitalisé à deux reprises à Nice en raison de la saturation des urgences pédiatriques face à l’épidémie de bronchiolite.
Grosse frayeur pour les parents du petit Léo la semaine dernière. « Depuis plusieurs jours, il n’était pas bien. Il ne mangeait plus, avait la diarrhée et vomissait. Il avait presque perdu 1kg» , détaille Lara, sa maman. Jeudi 17 novembre, direction l’hôpital Lenval à Nice. Mère et fils arrivent à 9h30 et 2 heures plus tard, ils en ressortent. On lui a prescrit « des solutions de réhydratation à prendre à la maison et on nous a donnés des conseils alimentaires ».
« Il réagissait à peine »
Dans l’après-midi, l’état du petit se dégrade. « Il réagissait à peine », se souvient la mère de famille. Très inquiets, les parents décident de retourner à l’hôpital, il est 17h15 et ils ne verront un médecin qu’à 21h30. « Grâce à ma bellemère et à l’une de ses connaissances, Léo a pu être perfusé pour être réhydraté », ajoute-t-elle.
Il est 3h30 vendredi lorsque la famille reprend le chemin de la maison. Les heures passent et l’enfant est au plus mal. L’inquiétude grandit et impossible pour les parents de rester spectateur face à une telle situation.
À 16 heures, de sa propre initiative, le couple prend la direction du Centre hospitalier Princesse-Grace (CHPG) de Monaco.
À leur arrivée, l’enfant est hospitalisé et des aérosols seront nécessaires pour l’aider à respirer. « Léo avait l’oesophage tout irrité » selon les dires du médecin. Ce n’est qu’après deux jours d’hospitalisation qu’il a pu retourner à la maison. Quel soulagement pour Lara, lorsqu’on lui annonce qu’il est « sorti du stade d’inquiétude ».
Vingt-cinq enfants hospitalisés
La situation est complexe dans les urgences pédiatriques en raison de cette épidémie de bronchiolite particulièrement précoce et virulente, dont le pic devrait être atteint dans deux semaines. Des petits patients de Lenval ont déjà dû être transférés vers d’autres hôpitaux, comme ceux de Cannes, Antibes, Grasse et Monaco. Mais ce n’est plus possible aujourd’hui, car eux aussi sont désormais saturés.
Il y a huit jours, le Dr Philippe Babe de Lenval confiait à Nice-Matin que le service était « en grande souffrance ». Et avouait n’avoir « jamais connu ça ». Une épidémie d’ampleur qui s’ajoute malheureusement aux autres virus de saison et impossible « faute de personnel paramédical d’ouvrir des lits ».
« Nous avons actuellement 25 enfants hospitalisés pour bronchiolite, souffle le pédiatre. La situation s’est aggravée et nous le savions. »
Chez nos confrères de franceinfo, il précisait déjà le 15 novembre dernier « ne garder que les cas les plus graves » et « faire retourner à domicile les patients qui pourront attendre et, s’ils s’aggravent, reviendront à l’hôpital pour être hospitalisés ». Rappelant que « ça fait partie du travail des urgences de faire du tri ».
« Nous avons été bien reçus, mais... »
Le Dr Babe pointe du doigt un problème de fonctionnement dans « le système » qui participe à la saturation du service des urgences. « Les pédiatres de ville n’assurent pas de permanence. À 17h, vous ne trouvez plus personne. Alors qu’en période d’épidémie comme celle-ci, il faudrait pouvoir trouver des pédiatres jusqu’à au moins 20 heures, voire 22 heures. Il n’y a que notre hôpital qui assure des urgences pédiatriques le soir. Ailleurs, les enfants sont admis dans les urgences générales. »
Consciente du problème qu’elle souhaite dénoncer par son histoire, Lara se montre compréhensive : « Nous avons été bien reçus à Lenval, mais force est de constater que les urgences ne sont plus en capacité de recevoir et de soigner les enfants correctement. Et ça fait peur, se désole la mère de famille. À Nice comme à Monaco, les infirmières appréhendent les semaines à venir et ça m’a touchée. Tout comme tous ces gens qui attendaient avec leurs enfants dans les salles d’attente. »