Babysitting numérique
Les enfants de deux ans seraient-ils déjà accrocs aux écrans ? Sommes-nous en train de « fabriquer » une nouvelle génération qui sera incapable de couper le cordon numérique ? C’est la question que soulève une récente étude de l’Insee. Pour la première fois, les enquêteurs se sont penchés sur le rapport qu’entretiennent les tout-petits avec les tablettes, smartphones et ordinateurs. Les conclusions de cette enquête interrogent : 27 % des gamins de deux ans sont rivés devant un écran plus de dix minutes par jour. C’est évidemment dix minutes de trop. Sachant que cette étude ne comprend pas le temps passé devant la télévision, qui avoisine les 50 minutes au même âge. Pourtant, tous les spécialistes de la petite enfance s’accordent à dire qu’avant trois ans, un bambin n’a rien à faire devant un écran pour le bon développement de son cerveau et du langage.
Les experts comparent même les symptômes observés chez ces enfants avec les troubles du spectre autistique (absence totale de langage à quatre ans, troubles de l’attention, troubles relationnels, intolérance marquée à la frustration...) Aujourd’hui, nos minots savent scroller ou lancer YouTube avant d’aligner leurs premiers mots ou de faire dans le pot.
Ce temps passé sur les écrans, c’est autant de temps perdu pour les activités d’exploration. Faut-il blâmer pour autant tous ces parents à bout de temps et d’imagination qui ont un jour cédé aux sirènes de la facilité en dégainant un épisode de la Pat’ Patrouille à l’heure de préparer la tambouille ? Sans doute que non. N’accablons pas non plus ceux qui ont pu proposer un jeu vidéo à leur progéniture, sous la pression du regard réprobateur des voisins de wagon SNCF, las d’entendre les hurlements qui s’échappaient du « carré famille ». Pas facile, c’est vrai, de jouer le suspense à la 417e lecture des aventures de Martine à la foire. Seulement voilà : le « babysitting numérique » a ses limites. On espère donc que ces bébés d’aujourd’hui seront capables demain de maintenir une discussion. De se regarder dans le blanc des yeux plutôt que de tchater à la même table par écrans interposés. Mais pour cela, encore faut-il que les parents fassent ce qu’on attend d’eux : montrer l’exemple... En lâchant un peu leur maudit smartphone.
« Nos minots savent scroller ou lancer YouTube avant d’aligner leurs premiers mots ou de faire dans le pot. »