Monaco-Matin

Le marché de la truffe noire est de retour à Aups

Tous les jeudis, jusqu’en mars, retrouvez le marché à la tuber melanospor­um, place Mistral à Aups dans le Var.

- ELENA ESPEJO

Avec son incomparab­le parfum, elle fait tourner la tête des gourmets. Modeste, la boule de saveur n’a besoin que d’un peu d’eau et de soleil, de bonnes conditions climatique­s, pour exhaler ses puissants arômes. La truffe affiche toutefois une frêle santé cette saison. La production du Haut-Var chute principale­ment à cause d’un printemps désastreux. « On est passé de l’hiver à l’été en une semaine. Pour avoir des naissances, il faut une fermentati­on au printemps, explique Philippe De Santis, président du syndicat des producteur­s de truffes noires du Var. Or là, il a fait froid tard le matin jusqu’en mai. Puis, d’un coup, il a fait 40 degrés. Il n’y a pas eu de printemps. Il faut atteindre les 11 degrés pour une fermentati­on du champignon. Ce qui n’a pas été le cas. »

La tuber melanospor­um se fait donc rare. Seulement un tiers de la production de la saison dernière est d’ailleurs attendu, ce jeudi, pour l’ouverture du marché sur la place Mistral à Aups à 9 heures.

La nature n’étant pas homogène, certains endroits ont été plus favorables que d’autres aux naissances. « Cela a pu se jouer à un ou deux degrés près, des

courants d’air... » En revanche, à partir de mi-janvier, une production de l’ordre d’un tiers de plus est espérée. Les pluies enregistré­es les 14, 16 et 18 août n’y sont pas étrangères, elles ont favorisé les naissances. « Elles seront de très bonne qualité. »

Entre 600 et 800 euros le kilo pour l’ouverture

Pour autant, la truffe sera bien au rendez-vous dès l’ouverture du marché où une quinzaine de producteur­s sont attendus. Une truffe primeur grise ou grise foncée qui devrait être proposée jusqu’aux fêtes de fin d’année. « Au niveau de la maturité, c’est une année

normale », poursuit le trufficult­eur. Celle-ci doit être consommée tout de suite en salade, avec des pâtes ou en brouillade. Son prix devrait osciller entre 600 et 800 euros le kilo avec deux catégories : pas moins de 20 grammes, et pas moins de 10 grammes. « Les truffes blanches immatures seront retirées »,

précise Philippe De Santis qui insiste sur la qualité des ventes sur ce marché de détail. Il faut dire qu’un nouveau règlement, plus draconien, vient d’être instauré. Le marché de détail ouvert uniquement aux trufficult­eurs varois va ainsi mettre l’accent sur la propreté, la provenance, avec une réglementa­tion nationale.

De plus, pour éviter toute suspicion, une table de contrôle va être installée sur le marché. Les producteur­s devront passer par cette étape avant d’ouvrir leur stand au public. Les acheteurs, en cas de doute, pourront également faire contrôler leurs achats. Les rabassiers adoptent ainsi une démarche de qualité qu’ils souhaitent faire reconnaîtr­e via un label « Truffe de Provence » auquel sera accolé le nom du terroir de provenance

(1). « Le label devrait voir le jour en 2023. Six départemen­ts sont concernés, ceux de la région Paca ainsi qu’une partie de la Drôme », indique le président du syndicat. Préalablem­ent, chaque terroir naturel ou plantation fera l’objet d’une visite afin d’identifier l’endroit où la truffe a été récoltée. Une garantie supplément­aire de la qualité que les trufficult­eurs varois attendent avec impatience.

1. Les représenta­nts des trufficult­eurs se sont lancés dans un processus de demande d’Indication géographiq­ue protégée (IGP) avec la dénominati­on « Truffe de Provence » pour identifier la production locale par rapport aux autres et garantir la qualité au consommate­ur.

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(Photos Camille Dodet) Un artisan à la fête de la truffe à Aups en janvier dernier.
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