Jonathan Zaccaï « IL FAUT ÊTRE CRÉDIBLE »
L’acteur belge, bientôt à l’affiche d’une grosse production américaine, campe Guillaume, un dangereux personnage qui brise la vie de plusieurs femmes en même temps.
Guillaume, Amaury, Nathan ou Ghislain, on ne sait pas trop comment s’appelle le personnage joué par l’acteur Jonathan Zaccaï dans L’Homme de nos vies. En revanche, on sait qu’il abuse de la confiance des femmes qu’il rencontre. Menteur, manipulateur, caméléon, l’acteur belge joue un « arnacoeur » de premier plan dans cette série de quatre épisodes, plutôt bien ficelée, et récemment primée au festival de La Rochelle pour son scénario. Alors qu’il mène plusieurs vies parallèles dans lesquelles il séduit, abuse et vole plusieurs femmes qu’il prétend aimer, celles-ci se rendent comptent de la supercherie et décident de s’allier pour le faire tomber. Ainsi, Flore Bonaventura, Odile Vuillemin, Helena Noguerra et Élodie Frégé ont décidé de s’offrir Jonathan Zaccaï et de le mettre hors d’état de nuire.
Comment joue-t-on quatre personnages, foncièrement mauvais, à la fois ?
Le “talent” de ce personnage, c’est de s’adapter et c’est ce que j’ai essayé de faire en m’adaptant à l’actrice que j’avais en face de moi à chaque fois. Je ne voulais pas tomber dans une forme de caricature du psychopathe car ce n’était pas le scénario, mais il ne fallait pas oublier que c’est un homme qui cherche les failles de ses proies à chaque fois malgré tout.
Quelle est la difficulté d’interpréter un tel personnage ?
Il faut être crédible. Ce n’est pas un documentaire car le ton oscille entre la comédie romantique et le film noir. On ne tombe jamais dans le glauque, ni dans la cruauté de certains vrais escrocs comme Derek Alldred aux USA ou l’arnaqueur de Tinder dont la vie est racontée dans la série Netflix. Je ne sais pas pourquoi, on arrive à être fasciné par ce genre de personnages, sûrement car on essaie de comprendre comment ils arrivent à manipuler aussi facilement plusieurs personnages, souvent en utilisant le même mode opératoire. Le scénario est bien foutu car, là, on tombe dans une forme de voyeurisme, on a envie de comprendre comment mon personnage opère. J’ai essayé de le défendre avec une forme d’empathie, je ne juge pas ses faits, je l’interprète seulement. Mon personnage est comme un acteur de sa propre vie, quelque part, car il joue plusieurs rôles et c’est intéressant à jouer en tant que comédien.
C’est rare de donner la réplique à quatre actrices en même temps, comment s’est déroulé le tournage ?
Je connais Odile Vuillemin car on avait déjà tourné ensemble, Helena Noguerra est belge comme moi alors on se connaissait aussi. J’ai beaucoup aimé l’apport d’Élodie Frégé qui a notamment composé des musiques pour la série et, enfin, Flore Bonaventura amène une forme de fragilité avec beaucoup d’intensité, je l’ai découverte. Il y avait une ambiance de franche camaraderie sur le plateau, c’est nécessaire quand on joue sur un sujet aussi sensible et lourd. On se rend compte que les victimes de ce genre de personnages sont toutes différentes, elles appartiennent à toutes les classes sociales. Ce sont des joueurs ces mecs-là, mais ils jouent avec la vie des gens et ils prennent un réel plaisir sadique.
Quand on sort d’un tel sujet, on a envie de quoi ensuite ?
De jouer dans la prochaine série de Scott Frank, le créateur du Jeu de la dame, par exemple ! (rires) J’ai la chance, notamment depuis le succès international du Bureau des légendes, d’avoir des propositions à l’étranger et c’est un vrai plaisir. J’aime la variété, pouvoir faire des choses différentes comme de jouer dans le prochain film de Sophie Boudre, Un petit miracle, qui sort en janvier 2023, dans lequel une école se retrouve délocalisée au coeur d’un ehpad à la suite d’un incendie. sur M6. ce jeudi soir à 21 h 10,