Au Brésil, coup de force des partisans de Bolsonaro
Ceux-ci, qui refusent l’élection de son successeur Lula, ont envahi hier soir les principaux lieux de pouvoir, comme un écho de l’assaut du Capitole américain par les supporters de Trump en 2021.
Cela n’avait pas eu lieu lors du scrutin ou de la prise de fonctions. Mais hier soir, ce que l’on redoutait depuis le début a finalement bien éclaté : au Brésil, des centaines de partisans de l’ex-Président d’extrême droite Jair Bolsonaro ont effectué un coup de force en envahissant le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, une semaine après l’investiture de Lula, dont ils refusent l’élection. Les images impressionnantes de cette marée humaine prenant d’assaut les principaux lieux de pouvoir dans la capitale, Brasilia, rappelaient aussitôt l’invasion du Capitole à Washington, par les partisans de Donald Trump, en janvier 2021.
Scènes de chaos
La zone avait été pourtant bouclée par les autorités, mais peu après 19 heures dans l’Hexagone, les bolsonaristes sont parvenus à rompre les cordons de sécurité, malgré l’emploi de gaz lacrymogène par les policiers. Sur les réseaux sociaux, on pouvait voir des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés et des manifestants debout sur les sièges au Sénat. Sur la rampe du palais de Planalto, des policiers à cheval tentaient tant bien que mal de déloger les manifestants. Au milieu de la place des Trois pouvoirs, où se côtoient le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, un agent de la police montée était désarçonné puis frappé à terre par des assaillants armés de bâtons. Des grenades assourdissantes étaient tirées par les forces de l’ordre depuis un hélicoptère sur les manifestants occupant le toit du Congrès.
Tollé international
Dans les heures qui suivirent, la confusion allait croissant lorsque l’on apprenait qu’à São Paulo, principale ville du pays, un cortège de bolsonaristes se rapprochait du siège de l’État du même nom, mais ceux-ci étaient finalement repoussés par les autorités. À Manaus, autre grande ville, un journaliste local faisait état d’une tentative de blocage d’une raffinerie de pétrole, là encore par des bolsonaristes. Finalement, Lula, depuis Araraquara où il était au chevet de victimes d’inondations, décrétait la prise en main de la situation par les autorités fédérales et la mobilisation de la police fédérale à Brasilia, ainsi que son retour express dans la capitale. Il évoquait des événements « sans précédent dans l’histoire du Brésil », perpétrés par « des fascistes », et assurait que « toutes les personnes responsables seront retrouvées et punies ».
Par ailleurs, les condamnations internationales se multipliaient : Union européenne, États-Unis, Colombie, Espagne, France… « La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées. Le Président Lula peut compter sur le soutien indéfectible de la France », assurait Emmanuel Macron. En fin de soirée dans l’Hexagone, la situation semblait être repassée sous contrôle : les manifestants étaient délogés à Brasilia et au moins 150 d’entre eux arrêtés, selon CNN Brésil et d’autres médias.