Comment rendre nos villes plus accueillantes pour les enfants
Il est rare de voir nos petits marcher ou jouer, dans les rues de nos villes. Pourquoi ? Le sociologue Clément Rivière analyse cette tendance et livre des clés pour mettre les villes « à hauteur d’enfant. »
Où sont passés les enfants dans nos villes ? À moins de vivre aux abords d’une école ou d’un collège, force est de constater qu’on en croise peu dans les rues. Quelles sont les raisons de cette disparition ? « Ce sont des processus sociaux complexes, explique le sociologue Clément Rivière On peut cependant au moins dégager trois grandes évolutions. D’abord, le statut de l’enfant a changé, on le considère comme un être fragile et vulnérable. Être un bon parent, c’est le protéger des risques perçus ». En ville, deux risques cristallisent les craintes : les mauvaises rencontres et les accidents de circulation. Enlèvements, meurtres… les faits-divers nourrissent l’inquiétude.
1. Clément Rivière est auteur d’un livre Leurs enfants dans la ville, enquête auprès de parents à Paris et à Milan (Presses Universitaires de Lyon, 2021)
Le risque d’accidents de la circulation
« La voiture est considérée comme un risque, note encore Clément Rivière, qui a posé la question à des parents à Paris et à Milan. Les parents sont réticents à laisser sortir leurs enfants. » Ils redoutent aussi l’effet de la pollution de l’air sur la santé de leur progéniture.
De plus, les voitures prennent de la place en ville. « Des espaces qui auparavant étaient disponibles pour le jeu sont pris par des parkings. »
La privatisation des modes de vie
Autre élément d’explication : les gens passent de plus en plus de temps chez eux. « On a assisté depuis 50 ans à une privatisation des modes de vie. Télévision, ordinateurs, téléphones portables, réseaux sociaux… Aujourd’hui, les adolescents peuvent échanger des messages avec leurs amis sans avoir besoin de les rencontrer dans la rue. » Quels sont les leviers d’action pour rendre les villes plus accueillantes pour les enfants ? Le sociologue insiste sur le fait qu’il s’agit d’abord d’un choix politique. À Lille, par exemple, Clément Rivière participe à un laboratoire créé pour faire de la cité « une ville à hauteur d’enfant. »