Monaco-Matin

Bébé victime de blessures inexpliqué­es : une mère jugée

Une femme a comparu devant le tribunal de Toulon pour avoir négligé son enfant. Son fils de 9 mois a eu un bras cassé.

- ERIC MARMOTTANS

Une mère de famille est poursuivie en justice après que l’hôpital Sainte-Musse, à Toulon, a signalé la prise en charge d’un bébé victime de blessures au niveau de l’appareil génital. Le petit Lilian (son prénom a été modifié), alors âgé de 9 mois, a été placé à l’issue de son hospitalis­ation l’été dernier.

« Aucun mécanisme ne peut expliquer l’ensemble des lésions sans l’interventi­on d’un tiers », avait noté le pédiatre qui a ausculté l’enfant dont les bourses, la verge et le prépuce présentaie­nt des marques traumatiqu­es (oedème, hématomes, pincement). Un examen ultérieur a en outre mis en évidence une fracture de l’avant-bras droit. Pour autant, c’est le délit de « soustracti­on par un parent à ses obligation­s légales compromett­ant la santé, la sécurité (...) de son enfant » qui a été retenu pour renvoyer la mère du nourrisson devant le tribunal correction­nel de Toulon, qui rendra son délibéré le 1er février.

Une enquête superficie­lle

« Personne ne vous reproche d’avoir maltraité cet enfant Madame, il vous est reproché d’avoir commis des négligence­s, un manquement grave de surveillan­ce » ,a posé le président de l’audience Philippe Plantard. L’instructio­n de ce dossier, à l’audience qui s’est tenue ce mercredi, a mis en évidence les lacunes d’une enquête

qui n’a permis d’établir ni les circonstan­ces, ni les dates précises des faits. La possibilit­é d’ordonner un supplément d’enquête a été évoquée par le procureur Jean-Baptiste Sirvente lors de ses réquisitio­ns. Selon la version de la prévenue, Lilian a pu se blesser à l’entrejambe en se mettant à cheval sur le rebord de son lit, alors qu’il était encore incapable de se tenir en position assise. « Il a dû rouler », a proposé la mère. « C’était pas longtemps et ce n’est arrivé qu’une fois. » Un scénario « absolument pas crédible », a réagi Me Caroline Malaga, aux intérêts de l’enfant, alors que la maman de Lilian a assuré

que son fils portait une couche lors de cet épisode. Et le bras cassé ? « Je ne remets pas en cause les radios, mais ils n’ont laissé le plâtre que trois jours...», indique-telle sans plus d’explicatio­ns. Entendu par les enquêteurs, son (désormais ex) conjoint a démenti toute violence.

Privée de ses huit enfants

Au fil de l’audience, c’est le portrait d’une mère défaillant­e qui s’est dessiné. « Quand on a huit enfants de pères différents (tous sont placés ou confiés à leurs pères, Ndlr), c’est que dans votre parcours personnel, il y a des failles », a plaidé son avocat Me Aïckel Hachfi. « À deux ans, elle a été abandonnée. À douze ans, elle se fait violer par son beau-père condamné aux assises...» Une expertise psychiatri­que a conclu à « une altération de son discerneme­nt », diagnostiq­uant « des capacités intellectu­elles limitées » et « une immaturité ».

La trentenair­e et son enfant venaient d’emménager dans un appartemen­t après avoir passé les premiers mois de la vie du bébé dans un foyer d’accueil mère-enfant. « J’ai fait mes preuves, je m’occupais de mon fils. On m’a donné un HLM, j’ai quitté le foyer le 3 juin, j’étais très contente. » Lilian a été admis aux urgences le 2 juillet.

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(Photo Frank Muller) Le tribunal rendra sa décision le 1er février.

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