L’adhésion de la Suède à l’Otan dans l’impasse du fait de la Turquie
C’était l’un des symboles de la reconfiguration géopolitique provoquée par la guerre en Ukraine : la demande d’adhésion à l’Otan de la Suède est totalement à l’arrêt, le feu vert d’Ankara s’écartant de jour en jour. La perspective d’un déblocage avant les élections législatives turques, mimai, est désormais très faible. « D’une part, Erdogan veut détourner l’attention d’une économie en mauvais état », pointe Paul Levin, directeur de l’Institut des études turques à l’université de Stockholm. « De l’autre, des groupes en Suède qui sont contre l’Otan et des partisans du PKK [Parti des travailleurs kurdes, groupe jugé terroriste par la Turquie, Ndlr] ont compris qu’ils pouvaient énerver le Président turc et ainsi faire dérailler le processus d’adhésion. »
Un Coran brûlé
Samedi, une manifestation devant l’ambassade de Turquie à Stockholm du militant
anti-islam et anti-immigration Rasmus Paludan a encore avivé la colère turque. Celui-ci, qui a fait des autodafés du Coran son principal mode d’action politique, est venu brûler un exemplaire du livre sacré des musulmans, sous importante protection policière. La constitution libérale de la Suède et les libertés de manifestation et d’expression avaient conduit la police à considérer que cette action devait être autorisée.
Pression de l’extrême droite
C’est le deuxième incident diplomatique depuis le début de l’année, après celui provoqué mi-janvier par des militants pro-kurdes ayant pendu par les pieds un mannequin d’Erdogan devant l’hôtel de ville de Stockholm. En outre, le chef de l’extrême droite, laquelle n’a pas de ministre mais constitue la première formation de la majorité à l’Assemblée, a appelé le Premier ministre à ne pas concéder trop à M. Erdogan, qu’il a qualifié de « dictateur islamiste ». Enfin, la Turquie semble toujours augmenter la mise, en exigeant un nombre de plus en plus élevé d’extraditions de « terroristes » kurdes habitant en Suède. Et ce alors que c’est la justice suédoise, et non le gouvernement, qui a le dernier mot sur les demandes d’extradition.