Monaco-Matin

Déjà détenu pour trafic de stupéfiant­s, il comparaît pour le vol d’un casque

- J.-M.F.

L’affaire prenait sa source le 12 septembre 2020. Le propriétai­re d’un casque laissé sur le scooter stationné dans le parking de son immeuble, portait plainte pour vol. À l’époque, les juges n’avaient pas cru un seul instant au récit du voleur absent, rapporté à l’audience correction­nelle. Placé en garde à vue dans la foulée de son interpella­tion, le prévenu avait menti sur toute la ligne. Il se défendait, en effet, d’être l’auteur d’un tel délit. En fait, il jouait sur les mots. « Ce n’est pas un vol, contestait-il à la Sûreté publique. J’ai emprunté le casque pour me rendre à la pharmacie afin d’obtenir des médicament­s pour calmer ma rage de dents. Sous la douleur, j’avais la tête ailleurs… »

Il suffisait de visionner la vidéosurve­illance des lieux pour obtenir l’image du fauteur de troubles. Mais c’est surtout grâce au responsabl­e du parking de Fontvieill­e-Village que l’on avait pu identifier le coupable. L’employé avait reconnu le malandrin. D’autant qu’une fois de retour de l’officine, le casque ne retrouvait pas son emplacemen­t initial !

Ce Monégasque à l’approche de la trentaine s’était embarqué dans une situation compliquée pour un préjudice de quelque 325 euros.

Actuelleme­nt en détention préventive à la maison d’arrêt

D’autant que son palmarès est éloquent. Il avait déjà plusieurs condamnati­ons sur son casier pour violences, vols, outrages, abus de confiance, stupéfiant­s et détention d’arme.

Un peu moins de deux ans plus tard, le tribunal a refait le procès, avec un prévenu présent cette fois… dans le box à cause de son placement actuel en détention préventive à la maison d’arrêt pour trafic de stupéfiant­s.

Le président Florestan Bellinzona a brièvement

(1) rappelé les faits, reconnus par le détenu, retombé dans ses travers de l’enfance.

Puis ses précédente­s condamnati­ons actualisée­s avec la conduite sans assurance et un refus d’obtempérer en plus. Petite leçon de sémantique par le premier substitut Julien Pronier en préambule de ses réquisitio­ns. « Emprunter : cela reste du vol dès l’instant où ce personnage s’est comporté comme le propriétai­re du casque sans avoir l’autorisati­on du détenteur légal. Pour la peine, il faut à la fois prendre en considérat­ion ses faibles revenus à cause de son incarcérat­ion et ne pas oublier son casier judiciaire fourni. Un mois avec sursis m’apparaît adapté. »

La défense, soucieuse de réduire la sanction initiale de son client quantifiée par trente jours-amendes à 15 euros la journée, soit 450 euros au total à verser au Trésor, incite le tribunal à révoquer la peine en fonction de la situation financière précaire du prévenu incarcéré.

« À l’époque, rappelle Me Didier Gamerdinge­r, cet homme avait un salaire mensuel de 1 600 euros. Sur l’infraction reprochée, il avait aussi un scooter, mais pas de casque. Il l’a pris presque machinalem­ent en pensant le ramener. Il ne l’a jamais fait et aujourd’hui, il ne sait plus où est l’objet. Il entend toutefois dédommager la victime. Vingt joursamend­es à 5 euros suffirait. »

(2)

Le tribunal a finalement tranché avec une amende ferme de 250 euros.

Assesseurs : Adrien Candau et Sandrine Ladegaille­rie.

S’il devait verser moins, la différence serait exécutée par autant de jours en prison pour chaque tranche de 5 euros manquante.

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