Monaco-Matin

Un Niçois condamné pour avoir mordu sa femme à la cuisse

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

« Je ne vois pas à quel moment j’aurais pu mordre mon épouse, comme une bête féroce ? C’est faux ! Je ne l’ai pas mordue. Je le conteste, je le maintiens. Je ne sais pas comment ce bleu est arrivé. Je ne suis pas responsabl­e de cet hématome, Monsieur le président. »

Dans le box, Rémy B. est rattrapé par l’émotion. Ses mains s’agitent, sa voix se fait plus forte. Ce quinquagén­aire inséré socialemen­t, qui s’exprime avec élégance, vient de passer cinq semaines en détention. Devant lui, à la barre, se tient celle qu’il a épousée deux ans plus tôt. Devant le tribunal correction­nel de Nice, elle dénonce son comporteme­nt violent. Une fois de plus. Rémy B. avait été reconnu coupable de violences conjugales une première fois en novembre 2021. Selon sa femme, il a récidivé dans la nuit du 18 au 19 décembre derniers. Ils venaient de suivre ensemble la finale de la Coupe du monde, un peu arrosée malgré la défaite des Bleus. Ils planifiaie­nt surtout les festivités de Noël, sujet de vives tensions.

« Alors que j’étais endormie dans notre chambre conjugale, je me suis réveillée en sursaut. Mon mari était en train de me mordre la cuisse, rapporte la victime à la barre. J’ai tenté de le repousser.

Je suis sortie de la chambre. J’ai fermé la porte. Il m’insultait. » La faute selon elle à l’alcool : « Il commence par le pastis. Ensuite, il passe au rosé, puis au rouge. Puis il bascule dans le whisky. »

« Ce sont les chiens qui mordent »

Lorsque les policiers sont intervenus, ils ont trouvé Rémy B. en état d’ébriété avancé. L’intéressé relativise ce rapport à la boisson. «Je bois trop d’alcool - on boit tous trop d’alcool - mais je ne suis pas un ivrogne. » Il admet une dispute, parce qu’elle s’opposait à ce qu’il fête Noël avec ses enfants et ses parents. « Je me suis mis en colère. J’ai crié. Je l’ai regretté... »

Il nie cependant avoir mordu sa femme, avec qui il était « aux petits soins » à ses dires, avec qui «ila partagé une belle histoire d’amour ». Le président Édouard Levrault lui montre une photograph­ie de la morsure présumée. Une trace de six centimètre­s. Rémy B. persiste et signe : « On avait tous les deux bu un peu d’alcool, mais ça ne faisait pas de moi un chien ! Ce sont les chiens qui mordent. Je n’ai jamais été violent. » Un ami policier vient en attester la barre. Restent deux versions diamétrale­ment opposées. « Ce dossier est la définition même de l’emprise. Elle a voulu pardonner. Elle y a cru », plaide Me Maureen Dulac pour la partie civile. Me Anne-Claire Aune, pour la défense, réplique : « Il est tombé dans la spirale infernale de la dépendance affective. Elle menaçait en permanence de le quitter. Tout était bon pour un chantage. » Au final, le tribunal rejoint le procureur Marc Ruppert. Il reconnaît Rémy B. coupable, lui inflige 4 mois de prison ferme, auxquels s’ajoutent 6 mois d’un précédent sursis révoqué. Une peine qu’il pourra néanmoins purger à domicile.

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