Monaco-Matin

Quentin Spohn FENÊTRE INTIME SUR SAÏGON

Ancien de la Villa Arson, Quentin Spohn présente 90 dessins dans la galerie Espace à vendre, à Nice. Les planches en noir et blanc d’un livre intime et foisonnant.

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr

Si vous aviez été impression­né, en 2020, déjà à l’Espace à vendre à Nice, par sa fresque géante inspirée des (1) peintres flamands du XVIe siècle et des BD de science-fiction, vous serez embarqués par la nouvelle exposition de Quentin Spohn. Quatre-vingt-dix dessins accompagné­s de commentair­es écrits, enveloppés par une envolée de petites feuilles. Comme une bourrasque dans la fraîcheur du « château », la grande salle à l’arrière de la galerie niçoise. Quatre-vingt-dix pièces au crayon, à travers lesquelles l’ancien de la Villa Arson, récompensé l’an dernier au salon du dessin contempora­in à Paris (Drawing Now Art Fair), développe sa maîtrise de la mine graphite. Point de départ de cette installati­on : un roman graphique (lire par ailleurs), imaginé par l’artiste de 38 ans durant une résidence à la Villa Saïgon, à Hô Chi MinhVille l’été dernier, soutenue par l’Institut français du Vietnam. « J’ai d’abord candidaté avec un projet inspiré par une toile, signée par deux artistes vietnamien­s, qui était chez ma grand-mère et autour de laquelle je voulais travailler. Juste avant de partir, un événement personnel m’a bousculé. À peine arrivé, j’ai dit que j’aurais du mal à travailler sur ce qui était prévu et que je voulais faire un roman graphique. Le premier », détaille le natif de Colombes, en région parisienne, qui enseigne aujourd’hui le dessin à la Villa Thiole à Nice.

Carnet de voyage

« C’est entre le carnet de voyage et le récit intime. Il y a des impression­s très personnell­es, des éléments vrais, d’autres fictionnal­isés », raconte le discret dessinateu­r, qui s’est livré plus que d’ordinaire dans ce nouveau projet. « Ce séjour au Vietnam est lié à ma famille, j’ai appris là-bas que la rue de la Villa Saïgon était celle où avaient vécu ma grand-mère et mon grandpère avant de se connaître. Ce voyage va me nourrir longtemps. J’ai, pour la première fois, exprimé une forme de sensibilit­é, que j’ai toujours eue, mais que je n’avais pas encore vraiment creusée. » Au fil de ces quatre-vingt-dix pièces pièces, Quentin Spohn développe sa virtuosité du noir et blanc. « Je voulais d’abord être peintre mais j’ai vite compris à la Villa Arson que je ne maîtrisais pas la couleur, mes peintures finissaien­t souvent en paillasson », minimise celui qui a notamment été aiguillé vers le dessin par son professeur d’alors, le protéiform­e Jean-Luc Verna.

Rentrer dans le tableau

Cette fois, celui qui a eu son premier choc artistique en voyant un livre de Van Gogh dans une poubelle, explore ses influences. Citant les toiles de Jérôme Bosch, Otto Dix, David Hockney ou Enki Bilal comme autant de références, il s’est exprimé librement dans son roman à lui. « Certains dessins relèvent de la nature morte, d’autres d’univers plus surréalist­es, des cartes postales… Moi qui étais plutôt dans le grotesque et la caricature, j’ai essayé là des choses plus réalistes ou plus poétiques. » Et lui qui avait l’habitude des profusions de détails, qui avait auparavant travaillé sur les notions d’étouffemen­t ou de fourmillem­ent des villes s’est laissé aller à des gros plans, des parenthèse­s plus aériennes. « J’ai voulu par moments que l’on puisse rentrer dans le tableau, comme un voyage onirique. » 1. Qu’on peut toujours découvrir en ligne sur le site de la galerie.

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(Photos Franz Chavaroche)

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