La jeunesse, un pari
Entre ambitions de podium et volonté de faire progresser les jeunes joueurs, l’AS Monaco et son entraîneur Philippe Clement travaillent dur pour trouver le bon équilibre.
Retenu par le club malgré une offre de 10 millions d’euros de Rennes lors des derniers jours du mercato d’hiver, Maghnès Akliouche n’a assisté à la victoire contre Auxerre (3-2) que depuis les tribunes. Un choix qui a pu étonner pour un joueur que l’ASM n’a pas voulu lâcher, même en prêt, et sur lequel elle assure beaucoup compter. Interrogé à ce sujet, Philippe Clement n’a pas assuré que le milieu offensif de 20 ans disposerait de plus de temps de jeu dans les prochaines semaines. Faire confiance oui, mais pas n’importe comment.
« Cela dépend de ce qu’il montrera et il y a aussi beaucoup de concurrence. Faire progresser les jeunes joueurs, ce n’est pas seulement leur donner toutes les chances. C’est notre rôle de les préparer à la concurrence qu’ils rencontreront dans les plus grands clubs européens. Si ce n’est pas le cas, alors ils seront en difficulté », pose le Belge, qui doit jongler entre les hautes ambitions du club : la Ligue des Champions et un projet global de plus en plus tourné vers les jeunes et l’Academy.
« Un bon défi »
Quand Marseille a cassé sa tirelire pour se renforcer cet hiver, l’ASM, forcée ces dernières années de revoir son modèle économique après avoir longtemps dépensé sans compter, a bouclé le
mercato hivernal avec zéro recrue, ce qui ne lui était plus arrivé depuis la saison 20042005. Un pari osé. Malgré des manques criants à certains postes (en défense centrale et au milieu de terrain), Philippe Clement, qui dispose d’un des groupes les plus jeunes de L1, est resté très calme quand d’autres techniciens auraient pu s’agacer.
« Au mercato, nous avons fait le choix de donner la chance à nos jeunes joueurs issus de l’Academy, plutôt que de recruter à nouveau. C’est un bon défi de lancer des jeunes en même temps que de garder l’ambition de finir sur le podium. Travailler de cette manière, c’est aussi une bonne expérience pour mon staff et moi-même. Je suis un gagnant, c’est dans mon ADN ! Dans tous les sports que j’ai pratiqués dans ma vie, j’ai toujours voulu l’emporter. Mais je veux aussi prendre des décisions à long terme pour le futur du club. Je savais dans quoi je m’impliquais », raconte celui dont le profil avait justement été ciblé par l’étatmajor monégasque pour sa fibre de formateur, éprouvée à Genk ou à Bruges. L’urgence à prendre des points la saison dernière et une équipe de N2 en grande difficulté n’étaient à son arrivée pas spécialement propices à lancer de jeunes talents sur le devant de la scène. Consciente de sa marge de progression dans ce domaine, l’ASM a aussi beaucoup réfléchi aux moyens de renforcer les liens et de créer des passerelles de plus en plus faciles entre son centre de formation et son équipe première (création du groupe Elite, même philosophie de jeu pour toutes les équipes, future arrivée de Zinedine Benslimane au poste de responsable des talents...).
« Des jeunes avec beaucoup de qualités »
Aujourd’hui, outre Ben Seghir et Akliouche, les deux jeunes les plus en vue, Magassa et Okou figurent très régulièrement dans un groupe professionnel au sein duquel Cartillier et Babaï ont aussi fait une ou deux apparitions.
« Le projet du club est très clair. Tous les jeunes qui s’entraînent avec nous ont beaucoup de qualités, apprécie Caio Henrique, l’un des cadres du vestiaire. Vous l’avez vu avec Eliesse (Ben Seghir). Il est travailleur, disponible. C’est un futur très grand joueur. Il n’a que 17 ans mais il met beaucoup d’agressivité dans
son jeu, a un toucher de balle que j’ai rarement vu. Forcément, il aura des hauts et des bas puisqu’il est très jeune. Ce sera à nous de l’aider afin qu’il soit dans les meilleures conditions. C’est important d’avoir ce mix entre joueurs d’expérience et jeunes talents, c’est très bien pour le club ». Préparer l’avenir tout en ne négligeant pas le présent, un exercice d’équilibriste qui fonctionne plutôt bien pour le moment.