Fin du plan Grand froid : les maraudes continuent
Le 1er novembre, les associations étaient mobilisées pour venir en aide, chaque soir, aux sansabri selon un plan national et hivernal qui a pris fin hier soir mais qui, à Menton, se prolonge.
On ne peut pas dire qu’il a fait très froid cet hiver. Et tant mieux pour les sansabri, ça a été plus simple à gérer. » Céline Rébaudo, responsable du pôle social au centre communal d’action sociale (CCAS) de Menton, s’est notamment chargée de coordonner les associations. En amont du déclenchement potentiel du plan Grand froid, le 1er novembre, il a été question de fédérer autour de la population mentonnaise concernée. Et même si l’alerte, à proprement parler, n’a pas été donnée, les bénévoles ont, chaque soir, effectué leurs tournées.
Des « maraudes » pour s’assurer que tout le monde va bien, mange un morceau et amorce la nuit dans les meilleures conditions possible... Le temps clément et l’absence de précipitations ne sont pas de bon augure pour l’environnement mais ont grandement facilité la vie de ceux qui n’ont pas de toit. « L’humidité, le froid, ce n’est pas simple à gérer. Nous sommes toujours très vigilants, même si le plan n’est pas déclenché », détaille Céline Rebaudo. Avant d’enchaîner : « Cet hiver a été relativement calme, nous n’avons pas eu de souci majeur... » Ce qui ne va pas les empêcher de continuer.
Tournées, accueil de jour
« Du lundi au vendredi, 500 repas ont été distribués pendant la période », livre Valérie Hennequin, référente de l’accueil de jour, pour
le CCAS. Des vêtements ainsi que des sacs de couchage ont également été donnés. Les six associations engagées – Impact France Riviera, Semeur d’espoir, SaintVincent-de-Paul Monaco, la Croix Rouge, Soupe de nuit et l’Aide humanitaire des sapeurs-pompiers –, ont tenu bon la barre, se relayant chaque soir. « Ils n’ont pas constaté d’augmentation particulière de sans-abri. Peut-être un petit pic au moment de la Fête du citron.
Mais sinon, ça a été plutôt stable », continue Valérie Hennequin. En complément des maraudes, l’accueil de jour est resté ouvert de 8h15 à 15 heures, au 110 avenue de Prades. Le responsable, Fabien, qui fait aussi des maraudes régulières en coeur de ville, a enregistré 738 visites.
« La plupart du temps, ils sont montés pour une douche, pour se préparer un plat chaud dans la cuisine... et pour se poser un peu », détaille
Céline Rébaudo. Une parenthèse encadrée, dans une structure conçue pour favoriser l’échange et, pourquoi pas, l’émergence d’un projet de vie. Comme la mise en place d’un suivi social. Parfois, ça fonctionne. Valérie Hannequin déroule : « Il y a quelques mois, nous avions trente-huit personnes domiciliées au CCAS. En janvier 2023, nous avons enregistré dix-huit sorties... dont six positives. » Six personnes qui ont quitté leurs listes parce qu’une solution est venue éclairer leur situation. Un logement, un foyer, un petit boulot... Céline Rébaudo confie : « Nous avons aussi deux dames qui étaient dans la rue et qui ont été hospitalisées. Elles sont maintenant suivies. C’est aussi quelque chose de positif dans le sens où elles étaient tous les jours un peu plus en danger et que les équipes ont su le déceler et intervenir avant que cela ne devienne trop grave. Surtout, elles ont su leur faire admettre et accepter qu’il fallait agir. »
Écoute et réconfort
Depuis hier soir, donc, il n’est plus question de plan Grand froid mais les sans-abri sont, bien entendu, toujours là... Certaines structures ont donc décidé d’enchaîner. Les distributions ne seront plus quotidiennes mais en avril, en mai et possiblement jusqu’à fin juin, trois tournées auront lieu chaque soir. Au CCAS, on souligne que les sansabri sont un peu moins nombreux mais que c’est aussi ce qui va leur permettre de bien encadrer les choses.
La responsable du pôle social insiste : « Il n’est évidemment pas seulement question de nourriture... On parle de convivialité, d’écoute et de réconfort. » C’est un besoin qui n’a pas de saison, encore moins de date limite. « Les problématiques ne sont pas celles de l’hiver mais elles existent. »