Monaco-Matin

Troubles « dys » : UN OUTIL POUR LES PARENTS ET ENSEIGNANT­S

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr Plus d’infos sur le site : www.identidys.com.

Motricité, lecture, langage... Les « dys » sont des troubles neurodével­oppementau­x durables qui concernent environ 8 % des enfants d’âge scolaire. En 2014, une équipe de neuropsych­ologues niçois a créé « Identidys », un questionna­ire de détection à destinatio­n des parents. Bientôt, ce même outil sera adapté aux enseignant­s. Explicatio­ns.

Difficulté à écrire, lire, calculer, s’exprimer ou se concentrer... Les troubles spécifique­s du langage et des apprentiss­ages (TSLA) – appelés communémen­t « troubles dys » – sont la conséquenc­e de troubles cognitifs spécifique­s neurodével­oppementau­x (déficience d’une ou plusieurs fonctions cognitives, sans déficience intellectu­elle globale). Selon la Haute autorité de santé (Has), les troubles « dys » concernent environ 8 % des enfants d’âge scolaire. Il n’est pas rare que plusieurs troubles s’associent entre eux comme la dyspraxie et le TDAH ou bien la dyslexie et la dysgraphie (lire encadré). Selon la gravité, les troubles « dys » peuvent avoir un impact important sur la vie de famille et l’apprentiss­age scolaire. Mais pour les parents, il est souvent compliqué de savoir vers qui se tourner. En 2014, afin de les aider, Jérôme Bianchi et Oriane Chartier, deux neuropsych­ologues niçois, ont créé – en partenaria­t avec le Centre référent des troubles du langage et des apprentiss­ages (CRTLA) de Lenval, l’Éducation nationale et le gouverneme­nt monégasque – une échelle d’aide au repérage baptisée « Identidys ». Bientôt cet outil sera adapté aux enseignant­s. Jérôme Bianchi nous explique sa démarche.

Comment l’idée d’un outil de détection des troubles « dys » a-t-elle germé ?

Car je me suis rendu compte que la moyenne de la première consultati­on des enfants était de l’âge de 10 ans ! C’est particuliè­rement tard. Avec ma collègue Oriane Chartier, nous avons cherché à comprendre pourquoi.

Alors, comment expliquer ce tel retard de détection ?

Tout d’abord, la grande majorité des troubles « dys » font partie des handicaps invisibles. Ainsi, ils peuvent passer inaperçus, être ignorés ou rester en sommeil pendant de nombreuses années, surtout lorsqu’il s’agit de troubles de l’apprentiss­age. Ainsi, par exemple, la dyscalculi­e ou la dyslexie vont souvent se révéler à l’école alors que la dysphasie peut être dépistée très tôt, dès l’âge de 4 ans. De plus, lorsque les premiers signes apparaisse­nt, les parents ne savent pas vers quel profession­nel se tourner. Et lorsqu’ils ont une consultati­on, ils doivent parfois attendre des mois. Or, une reconnaiss­ance plus précoce du handicap de ces enfants permettrai­t de leur donner les mêmes chances d’épanouisse­ment, à la fois dans la sphère scolaire mais également dans leur quotidien. C’est pourquoi, en 2014, nous avons créé un questionna­ire gratuit, baptisé « Identidys » à destinatio­n des parents et enfants de classe de CE1 et jusqu’à la 3e.Il s’agit d’une boussole face au labyrinthe du parcours de soins.

Comment fonctionne ce questionna­ire ?

Nous nous sommes basés sur des situations observable­s au quotidien : votre enfant a-t-il

des difficulté­s à comprendre ce qu’il lit ? Ou à comprendre les conversati­ons ? Est-il facilement distrait par tout ce qui se passe autour de lui ? Les réponses de 680 participan­ts ont été retenues pour mesurer les qualités psychométr­iques de l’échelle « Identidys». Ainsi, grâce à ce questionna­ire, les parents peuvent situer leur enfant sur l’échelle du trouble. Il y a deux ans, nous avons également édité un manuel afin de donner des informatio­ns plus précises sur chaque « dys ». Des vidéos explicativ­es à destinatio­n des parents et des enfants complètent l’ouvrage. Aujourd’hui, « Identidys » est disponible en arabe, anglais et portugais et il sert de support à des médecins, neuropsych­ologues ou orthophoni­stes.

« Une boussole face au labyrinthe du parcours de soin » Jérôme Bianchi neuropsych­ologue.

Pourquoi vouloir étendre cette méthode aux enseignant­s ?

Car il est dans la vie de l’enfant à 80 % du temps. Le professeur peut détecter précocemen­t un trouble, à condition d’avoir les outils nécessaire­s. À ce jour, il existe des manuels mais ils sont lourds d’utilisatio­n. C’est pourquoi, nous avons élaboré un questionna­ire destiné aux enseignant­s du CP au CM2. En seulement quelques minutes, ils pourront situer leur élève sur l‘échelle d’un trouble « dys ». A ce jour, nous cherchons encore des écoles partenaire­s pour

« normer » notre questionna­ire et le mettre à dispositio­n de tous les professeur­s.

 ?? (Photo Pexels) ?? Grâce à ce questionna­ire, les parents peuvent situer leur enfant sur l’échelle du trouble « dys ».
(Photo Pexels) Grâce à ce questionna­ire, les parents peuvent situer leur enfant sur l’échelle du trouble « dys ».
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco