Troubles « dys » : UN OUTIL POUR LES PARENTS ET ENSEIGNANTS
Motricité, lecture, langage... Les « dys » sont des troubles neurodéveloppementaux durables qui concernent environ 8 % des enfants d’âge scolaire. En 2014, une équipe de neuropsychologues niçois a créé « Identidys », un questionnaire de détection à destination des parents. Bientôt, ce même outil sera adapté aux enseignants. Explications.
Difficulté à écrire, lire, calculer, s’exprimer ou se concentrer... Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA) – appelés communément « troubles dys » – sont la conséquence de troubles cognitifs spécifiques neurodéveloppementaux (déficience d’une ou plusieurs fonctions cognitives, sans déficience intellectuelle globale). Selon la Haute autorité de santé (Has), les troubles « dys » concernent environ 8 % des enfants d’âge scolaire. Il n’est pas rare que plusieurs troubles s’associent entre eux comme la dyspraxie et le TDAH ou bien la dyslexie et la dysgraphie (lire encadré). Selon la gravité, les troubles « dys » peuvent avoir un impact important sur la vie de famille et l’apprentissage scolaire. Mais pour les parents, il est souvent compliqué de savoir vers qui se tourner. En 2014, afin de les aider, Jérôme Bianchi et Oriane Chartier, deux neuropsychologues niçois, ont créé – en partenariat avec le Centre référent des troubles du langage et des apprentissages (CRTLA) de Lenval, l’Éducation nationale et le gouvernement monégasque – une échelle d’aide au repérage baptisée « Identidys ». Bientôt cet outil sera adapté aux enseignants. Jérôme Bianchi nous explique sa démarche.
Comment l’idée d’un outil de détection des troubles « dys » a-t-elle germé ?
Car je me suis rendu compte que la moyenne de la première consultation des enfants était de l’âge de 10 ans ! C’est particulièrement tard. Avec ma collègue Oriane Chartier, nous avons cherché à comprendre pourquoi.
Alors, comment expliquer ce tel retard de détection ?
Tout d’abord, la grande majorité des troubles « dys » font partie des handicaps invisibles. Ainsi, ils peuvent passer inaperçus, être ignorés ou rester en sommeil pendant de nombreuses années, surtout lorsqu’il s’agit de troubles de l’apprentissage. Ainsi, par exemple, la dyscalculie ou la dyslexie vont souvent se révéler à l’école alors que la dysphasie peut être dépistée très tôt, dès l’âge de 4 ans. De plus, lorsque les premiers signes apparaissent, les parents ne savent pas vers quel professionnel se tourner. Et lorsqu’ils ont une consultation, ils doivent parfois attendre des mois. Or, une reconnaissance plus précoce du handicap de ces enfants permettrait de leur donner les mêmes chances d’épanouissement, à la fois dans la sphère scolaire mais également dans leur quotidien. C’est pourquoi, en 2014, nous avons créé un questionnaire gratuit, baptisé « Identidys » à destination des parents et enfants de classe de CE1 et jusqu’à la 3e.Il s’agit d’une boussole face au labyrinthe du parcours de soins.
Comment fonctionne ce questionnaire ?
Nous nous sommes basés sur des situations observables au quotidien : votre enfant a-t-il
des difficultés à comprendre ce qu’il lit ? Ou à comprendre les conversations ? Est-il facilement distrait par tout ce qui se passe autour de lui ? Les réponses de 680 participants ont été retenues pour mesurer les qualités psychométriques de l’échelle « Identidys». Ainsi, grâce à ce questionnaire, les parents peuvent situer leur enfant sur l’échelle du trouble. Il y a deux ans, nous avons également édité un manuel afin de donner des informations plus précises sur chaque « dys ». Des vidéos explicatives à destination des parents et des enfants complètent l’ouvrage. Aujourd’hui, « Identidys » est disponible en arabe, anglais et portugais et il sert de support à des médecins, neuropsychologues ou orthophonistes.
« Une boussole face au labyrinthe du parcours de soin » Jérôme Bianchi neuropsychologue.
Pourquoi vouloir étendre cette méthode aux enseignants ?
Car il est dans la vie de l’enfant à 80 % du temps. Le professeur peut détecter précocement un trouble, à condition d’avoir les outils nécessaires. À ce jour, il existe des manuels mais ils sont lourds d’utilisation. C’est pourquoi, nous avons élaboré un questionnaire destiné aux enseignants du CP au CM2. En seulement quelques minutes, ils pourront situer leur élève sur l‘échelle d’un trouble « dys ». A ce jour, nous cherchons encore des écoles partenaires pour
« normer » notre questionnaire et le mettre à disposition de tous les professeurs.