Monaco-Matin

Drs Sylvain Lachaud, neurologue, et Stéphane Ayache, ORL au CH de Cannes. « Vertiges : quand faut-il s’inquiéter ? Eliminer l’urgence neurologiq­ue »

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Motif fréquent de consultati­on aux urgences, les vertiges ont des causes aussi diverses que neurologiq­ues, ORL cardiovasc­ulaires ou encore métaboliqu­es. Quels signes doivent inquiéter ? Rencontre avec deux spécialist­es, les Drs Stéphane Ayache, chirurgien ORL, et Sylvain Lachaud, chef du service de Neurologie et Neuro-Vasculaire à l’Hôpital de Cannes Simone Veil.

Beaucoup de personnes se plaignent de vertiges. Mais le terme est-il toujours utilisé à bon escient ?

Non. C’est très souvent plutôt une sensation d’instabilit­é, de « tête qui tourne » avec l’impression qu’ils vont tomber que décrivent les patients qui se présentent chez leur médecin ou aux urgences. Parfois, il peut s’agir d’un simple malaise vagaL.

Comment définir de vrais vertiges ?

Le vertige est associé à une sensation de mouvement. C’est comme si vous étiez sur un manège, la pièce tourne autour de vous ou vous avez la sensation de bouger dans la pièce.

Une sensation pour le moins désagréabl­e…

Voire très angoissant­e. D’où cette demande de prise en charge rapide. Mais il faut savoir que dans la majorité des cas, il n’y a pas d’urgence médicale Seule une proportion faible de vertiges peut revêtir un caractère de gravité. Aussi est-il important d’éliminer rapidement une urgence neurologiq­ue.

Quels signes doivent alerter ?

On est particuliè­rement vigilant face aux patients de plus de 60 ans à risque vasculaire : hypertendu­s, diabétique­s… ou qui présentent certains symptômes associés : maux de tête, douleurs cervicales inhabituel­les Ou encore qui montrent des signes neurologiq­ues associés comme une vision double, des troubles du langage, un déficit moteur…

Quelles sont les pathologie­s neurologiq­ues pouvant s’annoncer par des vertiges ?

Parmi les pathologie­s graves susceptibl­es d’être révélées par des vertiges, figurent en premier lieu les pathologie­s vasculaire­s cérébrales (AVC et Accident Ischémique Transitoir­e -AIT), correspond­ant à une altération de certaines fonctions cérébrales (transitoir­es pour l’AIT, permanente­s pour l’AVC), due à un défaut d’apport sanguin vers le cerveau. Ces situations constituen­t toujours une urgence. Elles exposent en effet à un risque vital ou de persistanc­e d’un handicap définitif, et doivent bénéficier au plus vite d’un bilan et d’un traitement (chaque minute compte !). Or, la méconnaiss­ance des symptômes des AVC amène souvent les patients à banaliser ces épisodes, et à attendre que cela « passe tout seul ».

La sclérose en plaques fait également partie des causes neurologiq­ues de vertiges. Elle nécessite une prise en charge spécialisé­e et rapide.

Quels examens pour éliminer ces causes ?

L’imagerie cérébrale (IRM) permet d’éliminer ces diagnostic­s, mais l’accès rapide à ces examens est souvent difficile.

Les causes ORL justifient-elles, elles aussi, une prise en charge rapide ?

Les pathologie­s ORL à l’origine de vertiges ne constituen­t habituelle­ment pas des urgences graves (en dehors de circonstan­ces infectieus­es, postopérat­oires de l’oreille ou de lésions du nerf de l’équilibre). Leur prise en charge dans des délais rapides est néanmoins souhaitabl­e, pour le bien-être du patient.

Quelles sont les principale­s pathologie­s ORL en cause dans les vertiges ?

Parmi les plus connues, figure le vertige positionne­l paroxystiq­ue. Ce vertige peut être très marqué, mais reste bénin. Il est dû au déplacemen­t de structures microscopi­ques dans l’oreille interne, communémen­t appelées « cristaux » ; les patients racontent souvent s’être retournés dans leur lit dans la nuit et avoir été pris de vertiges. Leur évolution est le plus souvent favorable, aidée par des manoeuvres libératoir­es parfois une rééducatio­n vestibulai­re.

La névrite vestibulai­re, autre cause bien identifiée, est liée à une inflammati­on du nerf qui innerve les structures vestibulai­res (l’oreille interne). Elle provoque une crise soudaine et sévère de vertiges, souvent rotatoires. Le patient ne parvient plus à marcher. Les troubles peuvent persister plusieurs jours, mais ils se soignent généraleme­nt très bien. Une rééducatio­n spécifique est le plus souvent mise en place.

Enfin, certains vertiges d’origine ORL peuvent se produire par crises au cours de la vie, en lien notamment avec une augmentati­on de la pression des liquides de l’oreille interne. Une surdité s’y associe généraleme­nt. La Maladie de Ménière en est la plus connue.

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