Monaco-Matin

Amira Casar « LA SAINTE-MÈRE DES JUIVES »

L’actrice française prête ses traits à Edith, la mère d’Anne Frank, dans « Small Light », une série Disney+ bouleversa­nte qui raconte l’histoire du point de vue de la famille qui a caché les Frank à Amsterdam.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr « Small Light », disponible sur Disney+.

Anne Frank, un nom et un prénom synonyme de résistance, d’espoir, d’humanité. Cette petite fille de 12 ans qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, a raconté son histoire dans un livre devenu depuis une référence internatio­nale, alors que sa famille s’était réfugiée dans une « annexe », une maison cachée au sein de l’entreprise du père d’Anne, Otto, à Amsterdam. Une époque sordide, quand les juifs étaient persécutés, chassés et envoyés dans les camps de la mort par les sbires du IIIe Reich. La série « Small Light » (« Une lueur d’espoir » en version française) raconte cette histoire mais du point de vue de Miep Gies, la secrétaire d’Otto

Frank qui, avec son mari, Jan, va prendre tous les risques pour cacher plusieurs familles juives dont les Frank. Une série bouleversa­nte dans laquelle Amira Casar prend les traits d’Edith Frank, la mère d’Anne. Edith fut déportée et gazée à Auschwitz en janvier 1945.

Jouer la mère d’Anne Frank dans une carrière, c’est particulie­r, non ?

J’aime tellement Anne Frank comme écrivaine, petite philosophe. La première page où elle parle de l’annexe, c’est du Flaubert pour moi. Ce n’est pas rien de jouer la mère d’Anne Frank, c’est la Sainte-Mère des Juives du XXe siècle, c’est une figure qui a une fille exceptionn­elle. Je crois que la famille savait qu’elle avait affaire à une petite génie, parfois insolente, très proche de son père, mais avec une relation complexe avec sa mère. Edith voulait le bien de ses filles mais elle était progressis­te, elle avait une éducation moderniste, façon Montessori. Edith et Otto venaient de familles aisées, intégrées, mais ils ont du quitter l’Allemagne et Francfort en 1933 car le sort des juifs était en train de se jouer, ils ne pensaient pas que cela arriverait jusqu’à Amsterdam.

« J’étais habitée par une idée : ne pas trahir qui elle était »

La série montre qu’ils ont été protégés par des Hollandais et même si on connaît le sort tragique de la famille, le titre résume tout : « Une lueur d’espoir ». C’était important de montrer ça ?

C’est ce qui m’a plu, que l’on s’intéresse au point de vue de Miep. C’est une héroïne. Avec son mari, ils ont risqué leur vie pour protéger des familles juives. Ils n’ont pas choisi le confort de la vie nazie, de la collaborat­ion. C’était une jeune fille pleine de vie, grande confidente d’Anne et d’Edith. Edith a chuté moralement dans l’annexe, elle ne voyait pas le bout du tunnel.

Comment incarne-t-on Edith Frank ?

Les témoignage­s d’Otto, qui a survécu à la guerre, permettent de comprendre qui elle était. Le journal d’Anne est un support incroyable également. Même si on n’a pas eu sa voix, on sait qu’elle était solide, moderne. J’étais habitée par une idée : ne pas trahir qui elle était. Elle a eu une attitude exemplaire, une ouverture car elle a invité d’autres familles juives dans l’annexe. Les Frank ont toujours laissé les autres se servir en premier au repas, cela montre leur noblesse d’âme. On ne se rend pas compte dans quel contexte les Frank ont vécu. Là, cachés, il n’y avait plus d’intimité, c’était humide, l’hiver il faisait froid, c’était étouffant. C’est un rôle qui m’a beaucoup touché. C’était une femme qui avait de l’humour, qui n’était pas coquette, pas de superflu. Je me devais de donner une impression du rôle car je ne peux pas être elle. Mais je peux en donner une impression.

Comment sort-on d’un rôle comme celui-là ?

On a l’habitude, on apprend ça au conservato­ire. Le fait d’être ensemble, d’être entouré d’un casting internatio­nal, à l’étranger, permet d’aborder tout ça de manière collective. On a travaillé dans la confiance et la joie. Prague est une ville merveilleu­se pour tourner et c’est très riche culturelle­ment, donc on pouvait se ressourcer quand on ne tournait pas. Et il était important d’aller aussi à Amsterdam pour s’imprégner de quelque chose d’authentiqu­e.

 ?? (DR) ?? Amira Casar était présente sur Canneserie­s, mi-avril, pour présenter « Small Light » en avant-première.
(DR) Amira Casar était présente sur Canneserie­s, mi-avril, pour présenter « Small Light » en avant-première.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco