Monaco-Matin

La Toulonnais­e Lavastone DRESSE LES TABLES DES PALACES

Spécialisé­e dans la pierre de lave émaillée, la TPE fondée il y a plus de 40 ans à Toulon est la coqueluche des hôtels de luxe et des célébrités.

- MARIE-CÉCILE BÉRENGER mberenger@nicematin.fr > www.lavastone.fr/

Les pieds de table bistrot en fonte s’amoncellen­t sous les grands arbres d’une demeure nichée au coeur de l’ouest toulonnais. C’est là que la société Lavastone est née il y a quarante ans, et vit encore du même métier ; la production de plateaux de table, plans de travail et même éviers en pierre de lave émaillée. Un matériau méconnu, intemporel et pourtant remis au goût du jour ces dernières années au point que la TPE, désormais dirigée par Bruno Garcia, multiplie les livraisons dans des lieux prestigieu­x. La maison du chanteur Bono, à Èze, celle de Steven Spielberg à Manhattan, mais aussi la piscine de l’animateur Arthur ou encore des hôtels de luxe parisiens et azuréens. « Au total, nous avons 140 tables à livrer avant l’été », confie le gérant, qui a repris l’entreprise après avoir été recruté, il y a vingt ans, comme émailleur, par son fondateur Pierre Richard. « J’étais potier à l’époque et un ami artiste peintre m’a parlé de carreaux faits main qu’il aurait vus dans la demeure de Brigitte Bardot à Saint-Tropez », se souvient le senior, toujours domicilié à côté de l’atelier situé au fond de son jardin. « Au même moment, mes parents m’avaient rapporté en revenant de Paris un morceau de lave. »

C’est ainsi qu’est née Lavastone, alliant la solidité et la minéralité d’un matériau encore extrait de carrières comme celle de Volvic, et la fantaisie apportée par la palette de couleurs de l’émail. « Nous recevons d’abord la pierre brute, prédécoupé­e, puis on commence par la façonner avec une meule diamant aux dimensions et à la forme voulue par le client », détaille Bruno Garcia qui travaille avec deux salariés.

Plusieurs étapes

« On est passés de1500à360­0 par mois de facture énergétiqu­e. »

Les pores naturels de la lave sont ensuite comblés avec un enduit qui cuira deux jours à 980 degrés, pour obtenir une surface bien lisse.

Vient ensuite l’étape de l’émaillage. Lavastone a développé avec des pigments sa propre palette de couleurs. Qui se révéleront à la cuisson, elle aussi à 980 degrés pendant deux jours. Reste à assembler ces surfaces colorées avec des pieds commandés à des ferronnier­s locaux, basés à Six-Fours, Apt et Toulon, ou encore à les installer directemen­t chez le client, souvent dans des lieux prestigieu­x. « Même si nos produits sont accessible­s au particulie­r, nous sommes orientés sur le sur-mesure et le haut de gamme. Le bouche-àoreille fonctionne très bien. Par exemple, la Maison Sarah Lavoine a beaucoup apprécié nos pièces et nous recommande à des décorateur­s. » Comme l’architecte d’intérieur Charles Zana auprès de qui Bruno Garcia a déposé des échantillo­ns. « J’ai reçu ensuite une commande de 150 tables. » Parmi ses clients, Lavastone peut ainsi compter l’hôtel tropézien cinq étoiles Lou Pinet, ou encore l’hôtel-restaurant 5 étoiles Le Crillon Le Brave situé dans le Vaucluse. L’hôtel Château La Coste, au Puy-SainteRépa­rade dans les Bouches-duRhône, recourt aussi régulièrem­ent aux services de Lavastone dont les produits sont également vendus par le magasin Le Cèdre rouge à Paris. La qualité et la rareté du savoir-faire font le reste. « Je tiens à la lave de Volvic car pour moi, elle se prête bien à l’émaillage », explique Bruno Garcia.

Miser sur le sur-mesure

La TPE s’appuie sur des soustraita­nts pour le travail de design et la constructi­on de son site Internet, où les différents produits sont présentés. Car audelà des tables, vrai succès auprès de clients hôteliers notamment, l’entreprise répond aussi à une demande de plans de travail de cuisine et propose des créations originales sur-mesure, en fonction des besoins. Lavastone peut ainsi afficher un chiffre d’affaires de 500 k€ et tire son épingle du jeu dans un contexte d’inflation. « Comme notre travail repose sur la cuisson dans les fours électrique­s, notre facture énergétiqu­e s’est envolée. On est passés de 1 500 à 3 600 € par mois malgré l’amortisseu­r mis en place par l’État », précise le dirigeant en pleine finalisati­on d’une commande pour l’Hôtel du CapEden-Roc à Antibes.

Sur le mur, les pièces sorties de son atelier aujourd’hui disséminée­s au domicile de célébrités font la fierté de la maison. Qui garde la tête froide et surtout la passion de cet art méconnu et pourtant dans l’air du temps.

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Bruno Garcia devant l’atelier de façonnage de la pierre et face aux échantillo­ns de couleurs que Lavastone propose.
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(Photos M.-C. B.) La facture énergétiqu­e de Lavastone s’est envolée.

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