Des « avions de chasse » sur la Prom’
Les coureurs des hauts plateaux africains se sont, une fois encore, taillés la part du lion dimanche, mais Valentin Gondouin et Fadouwa Ledhem, dans le camp tricolore, ont fait aussi belle impression.
Si, sur le semi-marathon, l’Érythréen Senay Fissehatsion a su déjouer les pronostics, grâce à une foulée plus aérienne et surtout plus efficace que celle du porteur du dossard N°1, Paul Tiongik, pourtant largement donné favori, les athlètes de la Team Kiprun (la marque running de Décathlon) ont de leur côté réalisé une véritable razzia sur le 10 km. Aussi bien chez les hommes, que chez les femmes, du reste. Et à vrai dire, bien peu, y compris au sein de l’organisation (ASO), s’attendait à un tel scénario, l’incertitude ayant plané jusqu’au bout sur la composition définitive du plateau élite. Mais le petit commando kenyan, « parachuté » à Nice pour éclairer le champ de bataille et donner encore plus de visibilité au projet initié par l’équipementier sportif, a vite dynamité la course. En lançant les grandes manoeuvres dès les premiers hectomètres. Ce qui n’a laissé, à la concurrence, aucune autre option que la reddition pure et simple. C’est donc un Bravin Kiptoo satisfait de la stratégie déployée qui pouvait, une fois la ligne d’arrivée franchie, afficher le sourire (un brin crispé) du vainqueur. « Les conditions étaient plutôt bonnes et j’ai donné le meilleur. J’aurais bien voulu établir un chrono plus intéressant encore, mais bon, c’est la première fois que je cours en Europe, alors ça reste positif… »
Le Français Gondouin au rendez-vous
Pour ses compatriotes (mais pas frères d’armes) en lice sur le semi, l’offensive ne s’est donc pas soldée de façon aussi éclatante, Stanley Njihia étant le seul Kenyan à pouvoir grimper sur le podium. En revanche, il en est un à avoir su tirer les marrons du feu dans cette lutte fratricide que sont livrés les coureurs venus des hauts plateaux africains : Valentin Gondouin, qui termine 2e. Tout récemment sacré champion de France du 10000m (piste), le Flérien s’attaquait à la distance pour la toute première
fois de sa (jeune) carrière. Avec l’objectif clairement annoncé de descendre sous les minima imposés par la Fédé afin d’être « sélectionnable » pour les Mondiaux de Riga (Estonie). Pari osé, donc, mais pari réussi ! « Je suis dans ce que je m’étais fixé, soufflait après-coup le pensionnaire de l’EA Mondeville-Hérouville. Mais ça n’a pas été si simple. J’ai eu le sentiment, les trois quarts du temps, de courir un peu seul. Ce n’était pas non
plus tout plat, avec la boucle sur le port. J’ai même eu un point de côté, et j’ai craint alors de ne pas pouvoir aller au bout. Mais mentalement, je n’ai rien lâché et j’ai pu recoller sur le groupe qui était devant. Avant de retrouver de bonnes sensations sur la fin… » Dimanche, c’était aussi « Au bonheur des dames ! », la Française Fadouwa Ledhem ayant mis une jolie claque à son meilleur chrono, déterminée qu’elle était, après trois
années compliquées, y compris sur un plan personnel, à donner un nouveau cap à son destin. « Je voulais vraiment aller chercher ces minima pour les championnats du monde. J’ai pu calquer ma course sur un garçon avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger au départ, et dont l’ambition était de réussir 1h11’/1h12’. A un moment, je me suis quand même laissée endormir au niveau du rythme, et il m’a fallu remettre un bon coup d’accélérateur dans les
4 derniers kilomètres… »
Enfin, à noter qu’il n’y a pas eu de surprise sur le 5 km, remporté, avec autorité, par un Raphaël Montoya venu tout spécialement se tester au sortir d’une grosse préparation. Et qui, désormais, va pouvoir, après les interclubs, se projeter sur la saison des… triathlons, le pensionnaire du NCAA ayant choisi de revenir à ses premières amours.