Monaco-Matin

« S’il y a une course à réussir... »

Dans un camp Nissan en pleine mutation, Norman Nato n’a guère pu faire d’étincelles entre hiver et printemps. L’Antibois espère bien voir le bout du tunnel ce week-end à domicile.

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Pour trouver Norman Nato dans le classement de la saison 9 du championna­t du monde FIA Formule E, il faut plonger assez profond : 15e sur 22 avec 11 petits points. De retour sur les pistes survoltées, le trentenair­e antibois a mangé pas mal de pain noir lors des huit premières étapes au sein d’un team Nissan qui doit mener de front sa restructur­ation et le développem­ent de la nouvelle monoplace électrique Gen3. Le Monaco E-Prix, samedi, déclencher­a-t-il une éclaircie ? Contact !

Norman, comment jugezvous votre situation comptable et celle du team Nissan à mi-championna­t ?

Ça pourrait être un peu meilleur, évidemment. Cet hiver, avant la course d’ouverture à Mexico, je vous avais dit que je ne m’attendais pas à nous voir trouver d’entrée la constance requise pour jouer la gagne partout. On pouvait s’en douter compte tenu de l’importante restructur­ation entreprise à la fin de la saison 8. En faisant l’acquisitio­n de e.DAMS (l’écurie sarthoise, branche opérationn­elle du constructe­ur nippon en Formule E depuis 2018, ndlr), Nissan a pris son destin en main. Si elle reste basée au Mans, la structure change, évolue. Des gens sont partis. D’autres viennent d’arriver. Il s’agit donc d’une nouvelle équipe qui doit apprivoise­r, développer, une nouvelle voiture, la Gen3. On part de plus loin que les autres.

Bon, nous avons tout de même eu deux ou trois opportunit­és de marquer des gros points.

Des chances que l’on n’a pas saisies par manque d’expérience. Maintenant, je m’attends à ce que l’on puisse commencer à concrétise­r. Trouver le chemin du podium au moins une fois ou deux lors des huit échéances de la seconde moitié de saison, voilà ce que j’espère.

Vous parlez d’occasions manquées. Où avez-vous raté le coche en particulie­r ?

En Inde (la course 4, à Hyderabad, le 11 février), nous avons clairement la vitesse pour viser le top 3. Au début, j’occupe la place, dans le paquet de devant. Hélas, le gars qui me suit touche ma roue. Résultat : une crevaison synonyme d’arrêt au stand. Je repars je progresse jusqu’au rang et je coupe la ligne avec le meilleur tour en course tandis que celui qui m’a heurté finit sur le podium. Manquer de réussite les jours où l’on va vite, c’est dommage. Mais ça fait partie du jeu.

Lors de l’étape précédente, à Berlin, on vous a vu hors du coup deux jours durant. Que s’est-il passé ?

Week-end très compliqué... Jusque-là, on s’en sortait pas trop mal en mode qualif’. On souffrait surtout au moment de la course : rythme, stratégie. En Allemagne, rien n’a marché ! Les développem­ents prévus pour cette double étape n’ont pas produit l’effet escompté, au contraire. Pourquoi ? Nous ne possédons pas encore toutes les explicatio­ns. Les quatre voitures propulsées par un powertrain Nissan (les deux Nissan et les deux McLaren) ont galéré d’un bout à l’autre, sous la pluie comme sur le sec. Sans doute que la philosophi­e de l’auto ne convenait pas au circuit. Ça peut arriver. Une mauvaise nouvelle pour moi parce

que j’espérais briller encore sur le circuit de Berlin (le théâtre de sa première et seule victoire en Formule E décrochée avec le team monégasque Venturi en 2021).

Avec le même groupe motopropul­seur, McLaren est pour l’instant du championna­t et totalise 54 points de plus que Nissan Peut-on dire qu’ils ont mieux travaillé ?

(10e).

Non ! McLaren, en fait, c’est l’ancienne équipe Mercedes. Seuls le nom et les pilotes changent. Dans le garage, on retrouve le staff qui vient d’empiler quatre titres pilotes et constructe­urs en 2021 et 2022. Des personnes qui travaillen­t ensemble depuis quatre ans. Contrairem­ent à nous, en début de saison,

ils sont parvenus à exploiter au mieux leur package, à maximiser les résultats. Normal. Mais on a réduit l’écart. En perfo, on est revenu à peu près à leur niveau. Reste maintenant à rattraper les teams de pointe...

Un coup d’éclat à Monaco, c’est possible ?

Ah oui ! D’abord parce qu’en Formule E, tout est possible chaque week-end. Vous le savez, j’adore ce circuit qui m’a souri plusieurs fois par le passé (pole position, victoire et meilleur tour en course en Formule Renault 3.5, 2e en GP2). S’il y a une course à réussir, c’est cellelà. L’an passé, à domicile, je rongeais mon frein en tant que réserviste (chez Jaguar). Pas facile de regarder les autres courir. Donc je me réjouis de refaire un bout de chemin ici. Le dernier, peut-être... On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, en

Formule E, en Endurance. Dans l’immédiat, je me prépare comme d’habitude. Samedi, nous serons prêts. À donner le maximum en piste, à profiter à fond de cette journée si spéciale. Pourvu que les planètes s’alignent enfin...

Au pied du Rocher, la Gen3 va-t-elle tourner beaucoup plus vite que la Gen2 ?

Je ne pense pas. Monaco ne fera pas exception, non. Jusqu’à présent, sur les circuits où l’on pouvait comparer, ça a progressé très peu ou pas du tout côté chrono. Nous manquons clairement de grip avec ces pneus-là (des gommes dures rainurées). Mieux chaussée, en slicks hypertendr­es, nul doute que l’auto pourrait gagner une petite dizaine de secondes au tour. Sept ou huit, au moins.

Pas de quoi ressentir un frisson aussi fort qu’au volant d’une F2, donc...

Pourvu que les planètes s’alignent enfin...”

C’est différent. En F2, les vitesses de passage sont supérieure­s, vous freinez plus tard, d’accord. La FE offre une autre sensation de vitesse entre les rails. L’auto bouge beaucoup. Pas sûr que la courbe du tunnel passe à fond, là. Frisson d’un autre genre mais super frisson quand même !

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(Photos LAT) Norman Nato : « En Formule E, tout est possible chaque week-end ».

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