Fête du Château annulée à Nice : une décision polémique
« On abandonne la colline et par extension tous les Niçois attachés aux valeurs de cette fête ». Au bout du téléphone, l’une des plus anciennes adhérentes du Parti communiste français est sans voix. L’annulation du rassemblement annuel organisé par les communistes sur la colline du Château provoque une colère sourde au sein du PCF. Politique et festif, l’évènement populaire phare de l’été, rassemblant la gauche azuréenne en juillet, a toujours eu des airs de fête de l’Humanité version niçoise. Depuis sa création en 1946, il n’avait été annulé qu’à deux reprises (1).
« Nous manquons tout simplement de temps », tranche Julien Picot, secrétaire départemental du PCF. Élu au sein d’une nouvelle direction en mars dernier, il se décrit comme « plongé dans les dossiers ». « C’est peutêtre regrettable mais il faut faire les choses dans l’ordre », assène-t-il dans la foulée. La fête réunissant entre 20 000 et 40 000 personnes nécessite « plusieurs mois de préparation, dès décembre » et l’ancienne administration n’aurait « pas assuré cette transition », glisse-t-il. Mais pas à tout jamais assure Julien Picot : « Cette fête est évidemment inscrite dans le patrimoine culturel niçois. Rendez-vous en 2024. »
« Une terrible erreur politique »
En interne, certains « camarades » n’entendent que « des excuses qui masquent mal » ce qu’ils considèrent comme « une terrible erreur politique ». « En pleine lutte contre la réforme des retraites, alors que l’inflation explose et que les élections européennes se tiendront dans un an, annuler la Fête est un contresens total », fustige une militante désolée qui préfère rester anonyme. Pour cause, elle ne mâche pas ses mots à propos de Julien Picot. Il vivrait « son engagement en tant que gestionnaire mais pas en tant que
militant ».
Sur un territoire où dominent largement droite et extrême droite, la Fête du Château était « une bulle d’oxygène pour le tissu associatif, culturel et syndical. Des sympathisants de gauche qui ne sont pas forcément encartés chez nous », rappelle Philippe Pellegrini. L’ancien cosecrétaire départemental évoque un « rayonnement indispensable » du parti. Et regrette l’absence de consultation préalable : « À aucun moment, lors du congrès, il n’a été question d’annuler. Je peux entendre les raisons mais ça reste une décision inattendue et unilatérale de la direction. »
La venue de Fabien Roussel pour compenser
Cette dernière balaie la critique en tentant de rassurer avec la venue de Fabien Roussel en septembre. Le secrétaire général du PCF est invité à faire « le tour du département ». « Un meeting politique qui aura beaucoup de visibilité. La preuve que nos initiatives ne tournent pas qu’autour de la Fête du Château », défend sereinement Julien Picot.
Une manoeuvre politique qui ne convainc pas un ancien responsable, souhaitant garder l’anonymat. Il cingle : « C’est une purge de savoir-faire. C’est la technique Roussel : politique de la petite phrase, du coup de com’ ». 1. En 2017 pour des raisons de sécurité dans un contexte de risque attentat et en 2020 à cause de la pandémie de Covid.