Coup de coeur du disquaire : « Music From The Motion Picture Babylon » de Justin Hurwitz
Thierry Arnaud de Cosmic Trip, à Draguignan, a craqué pour « Music From The Motion Picture Babylon » de Justin Hurwitz (Universal).
Nous avions découvert Justin Hurwitz pour la bande originale de « Whiplash », le deuxième film de Damien Chazelle, celui qui l’a révélé au monde entier en faisant flipper tous les apprentis batteur, tout en faisant rire jaune ceux qui découvraient ce monde impitoyable. Pour la musique, le compositeur y révélait déjà son amour du jazz… bien rythmé. Il réalisera aussi la musique des deux films suivant du réalisateur franco-américain (« La La Land » et « First Man »). Les deux compères remettent donc ça pour la fresque gargantuesque et orgiaque, « Babylon », qui retrace la folle histoire du Hollywood de l’entre-deux-guerres lors du passage du muet au parlant. À cette époque, le ragtime et les fanfares de La Nouvelle-Orléans laissent la place aux big bands de jazz, et le compositeur va s’en donner à coeur joie pour écrire une partition capable de nous faire revivre une époque en pleine ébullition musicale. Déjà, il va convoquer un sacré big band puisque pas loin de 200 musiciens vont participer à son projet pharaonique. Il va propulser le jazz de ce début du
XXe siècle, 100 ans plus tard, en lui insuflant un côté tribal et percussif voire pyrotechnique du meilleur effet. Imaginez un peu les orchestres de Duke Ellington ou Benny Goodman dynamités par des Gene Krupa ou Buddy Rich qui auraient bénéficié des techniques de prise de son actuelle. Ici, c’est le grand Peter Erskine et son disciple, Gary Novak, qui martèlent un beat tellurique. Le reste est une collection de titres jazz swing, New-Orleans et orchestraux propre à enivrer nos sens. Quant au thème principal, quelques notes de piano mélancolique d’inspiration ragtime, il est tout à fait irrésistible. Ainsi après avoir vu le film, il est difficile de ne pas devenir accro à cette musique d’un autre temps, mais faite pour aujourd’hui, et qui, comme toutes les grandes bandes originales, est amenée à vivre une deuxième vie sans les images.