Monaco-Matin

Quand la réalité virtuelle aide à soigner les seniors

Depuis la livraison des nouvelles infrastruc­tures des résidences Giaume/Chamot-Drappier, la Fondation Hector Otto mise sur les nouvelles technologi­es pour prendre soin de ses résidents.

- YANNIS DAKIK ydakik@nicematin.fr

Qu’est-ce que c’est, des suricates ? Non, là c’est le capybara, un animal très sociable. » La scène est plutôt amusante. À l’étage des résidences Giaume/Chamot-Drappier de la Fondation Hector Otto, situées sur l’avenue du même nom, trois dames sont confortabl­ement assises dans leur fauteuil. Accompagné­e d’une psychologu­e, l’une d’entre elles est plongée au beau milieu d’un enclos du Zoo de Beauval. Parmi les animaux.

Nous sommes jeudi matin en pleine séance de réalité virtuelle. Séances qui durent entre 6 et 10 minutes et qui ont une véritable visée thérapeuti­que. « On limite l’apathie, explique Samantha Barbaud, psychologu­e clinicienn­e au sein de l’établissem­ent. On stimule les personnes et on favorise des émotions positives. Cela permet de verbaliser pour les personnes qui sont un peu repliées sur ellesmêmes. Elles sont dans l’exploratio­n, ce qui permet de réduire l’anxiété. Une personne anxieuse et agitée pourra penser à autre chose grâce à ce casque qui va faire diversion. »

De l’Islande à l’Égypte

Juste à côté de cette résidente à qui elle tient la main, la psychologu­e contrôle les images et le son de sa tablette. Elle visualise précisémen­t ce qui est projeté dans le casque des trois participan­tes du jour. Et le choix est vaste : spectacles de cirque, immersion avec les animaux sur terre ou sous l’eau avec les dauphins… Le plus populaire étant

l’Égypte. « On peut voyager, il y a plusieurs pays et grandes villes. On a par exemple Santorin, Las Vegas… »

Pour nous faire découvrir le concept, c’était l’Islande et ses cascades. Ainsi que ses panoramas à couper le souffle. Pendant ce temps, Samantha Barbaud troque son costume de psychologu­e pour celui de guide touristiqu­e. « Cette vallée a été rendue célèbre en 2014 grâce à un clip. Ce glacier date de plusieurs milliers d’années. » Plus qu’un simple

divertisse­ment, c’est une visite guidée. « Ça vaut le coup », glisse l’une des résidentes après avoir ôté son casque. La psychologu­e reprend. « On l’utilise aussi pour la pose de pansements par exemple. C’est pratique si la personne ressent une douleur. »

La réalité virtuelle pour la kinésithér­apie

Un peu plus loin dans le couloir, sur la nouvelle partie du bâtiment qui a récemment été construite (lire ci-dessous), c’est une

tout autre séance de réalité virtuelle qui démarre. Ici, on met cette technologi­e au service de la kinésithér­apie. « Cette utilisatio­n a été créée par des médecins et des kinésithér­apeutes pour nous permettre de faire de la rééducatio­n », explique Albane Corbière, kinésithér­apeute à la Fondation. Là encore, le résident est plongé dans un monde virtuel. Assise sur une chaise, la patiente du jour va travailler son rachis cervical à l’aide du casque qui la projette… dans l’espace.

Elle doit suivre le mouvement des planètes qui voyagent dans tous les sens à allure modérée. « Cela enlève cette notion de travail et de rééducatio­n pure et de torture [rires]. » Grâce à des capteurs accrochés au bras ou aux pieds, à des manettes dans les mains ou accrochées aux poignets, la modélisati­on se fait en trois dimensions et permet une réelle immersion et interactio­n avec les objets autour de soi. « On peut l’immerger dans un stade de football où elle peut taper dans un ballon ou l’attraper. On peut voir nos mains grâce à un détecteur de chaleur. Ce n’est pas nos mains qu’on voit mais une représenta­tion de nos mains. »

Un lieu convivial de rassemblem­ent

Outre le côté ludique, cette technologi­e permet là aussi des progrès sur le plan médical. «On s’intéresse aux troubles de l’équilibre, à la prévention des chutes mais aussi aux douleurs chroniques causées par l’arthrose. On a beaucoup d’améliorati­ons au niveau des douleurs, on gagne en amplitude et en autonomie. » Cette salle, c’est aussi un lieu de rassemblem­ent, un lieu de conviviali­té. C’est un lien social qui est motivant pour les résidents qui font parfois des progrès sans même s’en apercevoir. « Parfois ils me disent ‘‘ah mais je sais faire ça’’. Ils ne s’en rendent pas compte immédiatem­ent parce qu’ils discutent en même temps entre eux. »

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(Photo Y. Dk.) Accompagné­e de sa tablette, la psychologu­e peut visualiser et contrôler les images projetées à la résidente.

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