Monaco-Matin

Avec les invisibles du stade Allianz Riviera

Ils s’appellent Benoît, Florent, Brahim, Jérémie. Loin des projecteur­s et des honneurs, ils bichonnent l’arène niçoise. Ils sont les petites mains, ceux sans qui rien ne pourrait se jouer.

- L. B. lbruyas@nicematin.fr

Mardi 20 février, 15 heures. On s’est glissé dans les coulisses de l’Allianz Riviera, antre des exploits de l’OGC Nice. Pas de clameur ce jour-là, pas de fans, ni de supporters. Mais deux jardiniers qui refont une beauté à la pelouse du chaudron rouge et noir. Des heures que les tondeuses passent et repassent. Ça se joue au millimètre. « Entre 25 et 28 mm pour le foot, 30 pour un match de rugby », surveille Jérémie Malé, alias « Dr Gazon ». Il est le responsabl­e de la pelouse, celui qui veille au brin, aux 8 000 m2 de vert. Lors de la dernière rencontre avec Monaco, le gazon béni de l’Allianz Riviera a reçu la note de 18,5/20, par les arbitres télé. Joli score : le fruit du travail de Jérémie et de son équipe de la société iTurf. Un travail de l’ombre…

« Tant qu’on ne nous voit pas… »

Comme lui, ils sont nombreux à faire tourner cette énorme machine de 70 000 m2 qui a reçu plus de 5 millions de spectateur­s en 2023, dix ans après son inaugurati­on au coeur de la plaine du Var, tout au bout de Nice. Personne ne les voit, pourtant leur jeu est décisif. Leur but, loin des

projecteur­s et des honneurs ? « Faire que tout tourne bien », résume Benoît Riccobene, le directeur technique et sécurité de la société Nice Eco Stadium.

Et ce « tout » est énorme : assurer la clim, les lumières, le bon fonctionne­ment des 116 caméras, les réunions de sécurité avec la

préfecture, le confort des 36 000 fans, « gérer même l’impossible ». « On est des chefs d’orchestre », sourit ce responsabl­e de 33 ans qui a été séduit « par l’aspect technique monumental du stade niçois ».

Florent Renoux a tout juste dix ans de plus. Il était dans l’industrie avant s’engager pour la société Vinci Facilities.

Il cultive la même discrétion que son « coéquipier » : « Tant qu’on ne voit pas, c’est que tout va bien. » Pendant que les joueurs sont sur le terrain, eux, jouent un autre match. Et ne s’économisen­t pas : « Certains jours de grosse rencontre, on peut faire jusqu’à 35 km de marche ! » Ils se souviennen­t d’une

« coupure électrique en octobre 2017, d’un toilette bouché. » Et encore « d’une fuite d’eau sur un Nice-Lyon en 2014 : on s’est retrouvés les pieds dans l’eau devant les caméras. »

Ça ne les inquiète pas. Ils aiment ce « côté piquant, la zone rouge : quoi qu’il se passe, il faut être prêts. On est des couteaux suisses ».

L’adrénaline retombe « quand tout le monde s’en va avec une belle victoire de l’OGC Nice. » C’est encore ce qu’ils espèrent vivre cet après-midi, alors que le Gym jouera à domicile à partir de 15 heures face à Clermont-Ferrand.

Une nuit entière à tout nettoyer

Quand tout le monde s’en va, Brahim el Moussaid, lui, reste. Il est le chef d’équipe de la société GSF, chargée du nettoyage du stade. Et pas que les jours de matchs, 365 jours sur 365 : les gradins, les salons, les 48 loges, le déambulato­ire, les sanitaires, le parvis, les extérieurs…

Entre les deux concerts de la star américaine The Weeknd, lui et ses hommes ont passé une nuit entière à tout nettoyer pour que le show recommence le lendemain. Ni vu ni connu, pour le public. Pour que tout soit parfait au millimètre près. En parlant de millimètre : les tondeuses continuent leur ballet. Jérémie Malé fait avancer les rampes de luminothér­apie : la pelouse fait bronzette. Tout s’allume. Il n’y a pas de match ce soir mais c’est tout comme, le terrain est toujours prêt.

 ?? (Photos Cyril Dodergny) ?? Florent Renoux : son visage ne vous dit rien pourtant il est, avec Benoît, Jérémie, Brahim, un des hommes du match en coulisses de l’Allianz Riviera.
(Photos Cyril Dodergny) Florent Renoux : son visage ne vous dit rien pourtant il est, avec Benoît, Jérémie, Brahim, un des hommes du match en coulisses de l’Allianz Riviera.

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