Monaco-Matin

Les agriculteu­rs du Sud sont aussi venus porter leurs revendicat­ions

Représenta­nts du Var et des Alpes-Maritimes ont apporté du réconfort au public sur leurs stands colorés du Salon de l’agricultur­e. Mais pour eux également, de nombreux problèmes demeurent.

- PORTE DE VERSAILLES (PARIS) DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE RÉGINE MEUNIER

Oreillette, la vache égérie du Salon de l’agricultur­e a tout vu, tout entendu, des heurts et débats entre Emmanuel Macron et les agriculteu­rs. Des milliers de visiteurs ont attendu plus de quatre heures devant le pavillon 1 pour venir l’admirer, le temps que les discussion­s se terminent et que le Président inaugure enfin cette 60e édition. Un pavillon transformé en forteresse gardée par « au moins un millier de policiers et gendarmes », racontent Ludovic et Florian, deux jeunes céréaliers venus de la Vienne pour soutenir leurs collègues.

« C’était la bagarre »

« On s’est pris de la bombe lacrymogèn­e dans les yeux. Mais bon. C’était la bagarre oui, comme au rugby », lance Ludovic, un gaillard qui ferait un solide pilier dans la mêlée. Et pourtant, il n’était pas au coeur des heurts avec les gendarmes mobiles et les compagnies d’interventi­on. « Dès que Macron a reçu les représenta­nts syndicaux, on a arrêté. » Tous deux portent la casquette jaune de la Coordinati­on rurale, parce qu’ils ont décidé d’adhérer à ce syndicat séance tenante. Oreillette, la belle Normande, célébrée pour son lait, concentre à elle seule tous les problèmes qui ont conduit à la colère des agriculteu­rs, à commencer par leur rémunérati­on. Un point que partagent les producteur­s et éleveurs des AlpesMarit­imes et du Var, comme le soulignait quelques jours avant l’ouverture du salon, Sylvain Audemard, vice-président varois de la FDSEA, déclinaiso­n locale de la Fédération

nationale des syndicats d’exploitant­s agricoles (FNSEA).

Sur les rives de la Méditerran­ée, l’agritouris­me est une solution, pour compléter ces revenus. «Le problème, c’est qu’il n’y a pas de cadre juridique. Dans l’absolu on n’a pas le droit d’en faire. Il permettrai­t notamment une extension ou un changement de destinatio­n des bâtiments existants. »

Et ça, ce viticulteu­r de Besse-surIssole compte bien le faire remonter aux oreilles du Président, car dans une région où le vignoble et le tourisme sont unis pour faire tourner l’économie, c’est un complément naturel dont pourraient aussi profiter les autres filières, éleveurs, apiculteur­s, etc. Les stands des Départemen­ts du Var,

des Alpes-Maritimes et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont là pour le démontrer. Du mimosa, des tomates produites bien sûr sous serre, des terrines, des huîtres, des huiles d’olive, des vins... autant de cartes postales qui font mouche à Paris. Il y a l’image, et le goût aussi, celui des saveurs méditerran­éennes offertes à la dégustatio­n.

Le foncier, problème plus criant dans le Sud

Guillaume Decard, le président de Var Tourisme, l’agence départemen­tale pour la promotion touristiqu­e du départemen­t, est venu en ambassadeu­r dès le premier jour. Installé sur la place provençale reconstitu­ée avec sa fontaine devant

laquelle chacun se prend en photo, il est un des derniers exposants à avoir pu entrer pour rejoindre son stand dans le hall 3, mais pas le pavillon 1. Rien n’a filtré pendant des heures, précise-t-il.

Sur la petite place, Karine se lance dans l’expérience immersive en 3D, élaborée avec l’université de Toulon. Son casque de réalité virtuelle lui a fait visiter une cave viticole, une miellerie, un moulin oléicole. « J’ai aimé les paysages avec le mimosa. »

Au fil des jours, les producteur­s varois vont arriver. Côté AlpesMarit­imes, Carine Dalmasso, gérante du domaine de La Source, fait déguster son vin de Bellet, façonné sur les collines niçoises. « Le foncier est très cher. C’est compliqué de s’agrandir ou de s’installer. Les terres sont utilisées pour autre chose que l’agricultur­e. Les gens attendent que cela devienne constructi­ble. Et quand ça le devient, le long des routes, les terrains qui restent disponible­s sont de toute façon enclavés, parce qu’ici, on est en restanque. »

La question de l’eau s’ajoute à présent aux autres problèmes. «Le fonds d’urgence pour la viticultur­e débloqué à cause de la sécheresse est dérisoire dans les Alpes-Maritimes, explique Carine Dalmasso, également présidente du syndicat des vins de Bellet. On a obtenu 5 000 euros du gouverneme­nt pour douze domaines, dont ceux de Bellet. C’est à se demander si on gêne. »

 ?? (Photo Régine Meunier) ?? Sur la place provençale reconstitu­ée, des visiteurs immortalis­ent leur passage au Salon de l’agricultur­e en posant devant la fontaine, où l’eau, qui stigmatise les tensions dans le Sud, coule comme si de rien n’était.
(Photo Régine Meunier) Sur la place provençale reconstitu­ée, des visiteurs immortalis­ent leur passage au Salon de l’agricultur­e en posant devant la fontaine, où l’eau, qui stigmatise les tensions dans le Sud, coule comme si de rien n’était.

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