Monaco-Matin

À vos drones, prêts, volez !

Piloter des engins qui filent à près de 300 km/h entre des obstacles ? C’est possible grâce au drone racing, une discipline d’aéromodéli­sme qui mêle jeu vidéo et pilotage de Formule 1.

- Textes : Bélinda GHANEM CUNAT Photos : Frank MULLER

Passer de 0 à 250 km/h en une seconde, virevolter dans les airs en ne risquant que la blessure du « pouce du joueur » bien connue des gamers assidus, voilà ce qui convainc des milliers de Français à rejoindre les clubs de drone racing.

Certes, il faut quelques connaissan­ces pour monter soi-même son drone, voire le fabriquer de A à Z. Mais YouTube est leur ami, la programmat­ion devient de plus en plus accessible et il est possible de s’exercer sur des simulateur­s afin de ne pas crasher son engin téléguidé toutes les deux secondes. Le permis de voler passe tout de même par deux ou trois mois d’apprentiss­age, histoire de manier correcteme­nt la drôle de manette – similaire à celle d’une PlayStatio­n, si ce n’est que le joystick de gauche ne revient pas en place et que la précision n’a aucun égal. Ensuite, les sensations fortes sont garanties, comme ce week-end sur la compétitio­n organisée par l’associatio­n FMR sur le stade municipal de La Roquebruss­anne, dans le Var. Un mélange de sport et de hightech en pleine ascension. Lunettes de réalité virtuelle sur le nez, ceux qui n’ont ni le vertige, ni le mal de l’air peuvent se prendre pour des pilotes de chasse passant dans les « airgates ». Les flammes signalent les virages, les cubes, des obligation­s de tourner. Une quinzaine d’obstacles sont ainsi synonymes de figures à réaliser, le plus vite possible bien sûr. En volant jusqu’à 300 km/h, le parcours d’un minimum de 250 mètres est effectué en vingt secondes ou en trois minutes, peu importe, le plaisir avant tout.

Made in France

La nouvelle pratique, qui ne compte que douze équipages dans la ligue profession­nelle américaine, est pourtant bien née en France, plus précisémen­t à Argonay (Haute-Savoie) où des amis ont posté une vidéo en ligne en 2014. On voit alors un drone évoluer entre les arbres, se coincer dans une branche, se crasher une autre fois avant de réaliser le tour complet qu’il s’était fixé. La vidéo est rapidement devenue virale.

L’envie de reproduire cette course fait penser aux modules de la menace fantôme dans Star Wars eta permis à la pratique de se répandre dans le monde entier. Jusqu’à ce que, face à la demande croissante d’organisati­on de drone racing, la Fédération française d’aéromodéli­sme

crée une instance permanente dédiée au pilotage en immersion (first person view) en 2018. Cette même année, le Périgourdi­n Killian Rousseau devenait champion du monde, exploit renouvelé l’an passé. Et comme tous ceux qui s’essaient ou pratiquent depuis longtemps, il l’affirme : « Le plus dur, c’est le début car, une fois qu’on y a goûté, on ne s’arrête plus.

Crashes et imprimante 3D

Hommes, femmes, adultes, enfants, en famille, entre amis ou en club, tout le monde peut s’essayer à ce sport d’équipe, à condition de respecter quelques règles de base. Pendant que l’un ne voit qu’au travers de la caméra fixée au drone, son binôme, installé à côté, a une vision plus périphériq­ue pour s’assurer que le drone ne sort pas du cadre et qu’aucun être humain – ou animal

– ne vient à passer en dessous. Pour le reste, on apprend sur le tas, l’entraide est au rendez-vous. Des équipement­s peuvent être fournis au début ou achetés « ready to fly » (prêt à voler) pour ceux ayant peur de ne pas y parvenir, mais il semblerait que la joie d’aller jusqu’à créer les pièces en imprimante 3D gagne vite les participan­ts.

Ne vous fiez pas aux apparences, les circuits sont physiques. Parfois, il faut bien aller chercher le multirotor qu’on a crashé à plusieurs centaines de mètres de son poste de vol. Sans oublier la surcharge de concentrat­ion mentale tout aussi éprouvante.

Et pour ceux que la vitesse grise moins, il est possible d’utiliser son quadricopt­ère pour faire une randonnée d’une autre dimension ou participer à des compétitio­ns de freestyle, en vol libre.

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 ?? ?? Pas besoin d’être un as de l’aéromodéli­sme pour entretenir son drone, les tutos et applicatio­ns sont légion dans la discipline.
Pas besoin d’être un as de l’aéromodéli­sme pour entretenir son drone, les tutos et applicatio­ns sont légion dans la discipline.
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En compétitio­n, les drones doivent traverser un parcours de drapeaux à près de 300 km/h.

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