À vos drones, prêts, volez !
Piloter des engins qui filent à près de 300 km/h entre des obstacles ? C’est possible grâce au drone racing, une discipline d’aéromodélisme qui mêle jeu vidéo et pilotage de Formule 1.
Passer de 0 à 250 km/h en une seconde, virevolter dans les airs en ne risquant que la blessure du « pouce du joueur » bien connue des gamers assidus, voilà ce qui convainc des milliers de Français à rejoindre les clubs de drone racing.
Certes, il faut quelques connaissances pour monter soi-même son drone, voire le fabriquer de A à Z. Mais YouTube est leur ami, la programmation devient de plus en plus accessible et il est possible de s’exercer sur des simulateurs afin de ne pas crasher son engin téléguidé toutes les deux secondes. Le permis de voler passe tout de même par deux ou trois mois d’apprentissage, histoire de manier correctement la drôle de manette – similaire à celle d’une PlayStation, si ce n’est que le joystick de gauche ne revient pas en place et que la précision n’a aucun égal. Ensuite, les sensations fortes sont garanties, comme ce week-end sur la compétition organisée par l’association FMR sur le stade municipal de La Roquebrussanne, dans le Var. Un mélange de sport et de hightech en pleine ascension. Lunettes de réalité virtuelle sur le nez, ceux qui n’ont ni le vertige, ni le mal de l’air peuvent se prendre pour des pilotes de chasse passant dans les « airgates ». Les flammes signalent les virages, les cubes, des obligations de tourner. Une quinzaine d’obstacles sont ainsi synonymes de figures à réaliser, le plus vite possible bien sûr. En volant jusqu’à 300 km/h, le parcours d’un minimum de 250 mètres est effectué en vingt secondes ou en trois minutes, peu importe, le plaisir avant tout.
Made in France
La nouvelle pratique, qui ne compte que douze équipages dans la ligue professionnelle américaine, est pourtant bien née en France, plus précisément à Argonay (Haute-Savoie) où des amis ont posté une vidéo en ligne en 2014. On voit alors un drone évoluer entre les arbres, se coincer dans une branche, se crasher une autre fois avant de réaliser le tour complet qu’il s’était fixé. La vidéo est rapidement devenue virale.
L’envie de reproduire cette course fait penser aux modules de la menace fantôme dans Star Wars eta permis à la pratique de se répandre dans le monde entier. Jusqu’à ce que, face à la demande croissante d’organisation de drone racing, la Fédération française d’aéromodélisme
crée une instance permanente dédiée au pilotage en immersion (first person view) en 2018. Cette même année, le Périgourdin Killian Rousseau devenait champion du monde, exploit renouvelé l’an passé. Et comme tous ceux qui s’essaient ou pratiquent depuis longtemps, il l’affirme : « Le plus dur, c’est le début car, une fois qu’on y a goûté, on ne s’arrête plus.
Crashes et imprimante 3D
Hommes, femmes, adultes, enfants, en famille, entre amis ou en club, tout le monde peut s’essayer à ce sport d’équipe, à condition de respecter quelques règles de base. Pendant que l’un ne voit qu’au travers de la caméra fixée au drone, son binôme, installé à côté, a une vision plus périphérique pour s’assurer que le drone ne sort pas du cadre et qu’aucun être humain – ou animal
– ne vient à passer en dessous. Pour le reste, on apprend sur le tas, l’entraide est au rendez-vous. Des équipements peuvent être fournis au début ou achetés « ready to fly » (prêt à voler) pour ceux ayant peur de ne pas y parvenir, mais il semblerait que la joie d’aller jusqu’à créer les pièces en imprimante 3D gagne vite les participants.
Ne vous fiez pas aux apparences, les circuits sont physiques. Parfois, il faut bien aller chercher le multirotor qu’on a crashé à plusieurs centaines de mètres de son poste de vol. Sans oublier la surcharge de concentration mentale tout aussi éprouvante.
Et pour ceux que la vitesse grise moins, il est possible d’utiliser son quadricoptère pour faire une randonnée d’une autre dimension ou participer à des compétitions de freestyle, en vol libre.