Des collégiens à la découverte DES MÉTIERS SCIENTIFIQUES
« Decouvrir les métiers de la recherche d’une façon très concrète » Myriam Bost Professeur de SVT au collège Raoul Dufy à Nice
Des élèves de 3e du collège Raoul Dufy de Nice ont visité le Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M). Au fil des ateliers, animés par des chercheurs, les élèves devaient démasquer l’assassin d’une enquête policière fictive, imaginée par les enseignants.
C «’est peut-être Marco le coupable. Ou bien Sara ?...» Dans les locaux du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M), pipettes à la main, les élèves du collège Raoul Dufy de Nice chuchotent entre eux, tentant de démasquer l’assassin de l’histoire. Ils participent en réalité à un projet pédagogique novateur, imaginé par les enseignants. Tout a commencé le 12 décembre dernier, avec la réalisation d’une scène de crime fictive au collège : une femme prénommée Valeria se rend dans l’établissement pour inscrire son fils. Elle est retrouvée morte dans la cour... « Pour plus de réalisme, nous avons installé un mannequin au sol, dissimulé des indices un peu partout dans le collège et réalisé des fausses vidéos afin que l’on distingue la silhouette du tueur...» se délecte Myriam Bost, professeure de SVT. Pour rendre l’enquête plus croustillante, les enseignants ont écrit une histoire de famille autour de Valeria. Ainsi, le mari de la victime, Marco, sa soeur Sara, sa fille Clara ou encore, son ancien amant Federico sont les principaux suspects. Un mélange de Sherlock Holmes et de Cluedo avec un saupoudrage de mensonges et de trahisons à la Dallas. C’est à partir de ce fait divers romancé que les élèves ont commencé à enquêter avec l’aide de vrais interlocuteurs : des membres de la police scientifique et la commissaire Audrey Basquin de Cagnes-sur-Mer. « Ils sont venus au collège pour relever les indices laissés par le tueur. » L’occasion de présenter aux élèves différents métiers, de la police scientifique jusqu’au juge en passant par le commissaire de police. Depuis plusieurs semaines, les interrogatoires des suspects et des différents témoins sont réalisés en salle de classe et plus particulièrement en cours d’anglais et d’italien. « Pour leur permettre de travailler les langues étrangères. » Les élèves ont ensuite récolté un maximum d’informations en classe de SVT afin d’élucider l’affaire : analyse des chromosomes et de l’ADN des suspects, études des empreintes sur la scène de crime, construction d’un arbre généalogique...
Une visite au C3M pour recueillir des indices
Troisième étape de ce projet pédagogique d’ampleur : la journée organisée au C3M. Ce jour-là, grâce aux différents ateliers animés par les chercheurs, les collégiens confrontent les ADN et groupes sanguins des suspects afin d’obtenir des informations cruciales pour l’enquête. « Au C3M, les élèves travaillent le chapitre sur la génétique et réalisent des travaux pratiques plus compliqués, qu’ils ne peuvent
pas effectuer en classe comme la migration d’un gel d’ADN, l’utilisation de micropipettes, l’observation des cellules sous microscope confocal ou encore l’analyse des groupes sanguins, détaille Myriam Bost. C’est l’occasion de découvrir les métiers de la recherche d’une façon très concrète. »
Au fil de la journée, les élèves ont peu à peu levé le voile sur le meurtre de Valeria. Grâce à des analyses de sang, ils ont compris que l’un des enfants de la victime était atteint de trisomie et qu’il avait été empoisonné par du cyanure. Un autre atelier leur a permis de comprendre que le sang trouvé sur la scène de crime était celui d’une personne diabétique et que le papa de l’un des enfants de Valeria n’était pas son père biologique. Enfin, l’analyse de l’ADN retrouvé sous les ongles
de la victime a permis de démasquer le coupable et résoudre l’enquête : Sara, la soeur de la victime est bien la meurtrière.
Mais le projet pédagogique ne s’arrête pas là. Dans les prochaines semaines, les collégiens devront réaliser un travail de synthèse de l’enquête avec le professeur de français. « L’histoire est volontairement un peu compliquée pour que les élèves puissent faire des déductions et travailler l’argumentation. » Enfin, ils présenteront des panneaux récapitulatifs en arts plastiques. « C’est la première année que ce projet réunit autant de disciplines ainsi que la police et des chercheurs. Une enquête grandeur nature, qui je l’espère, suscitera des vocations. »