Monaco-Matin

Ils sont les experts DU QUOTIDIEN AVEC LA MALADIE

Karen et Patrick témoignent de leur rôle en tant que patients experts. Spécialeme­nt formés, ils accompagne­nt des malades, aux côtés des équipes soignantes.

- CAROLINE MARTINAT cmartinat@nicematin.fr Une adresse mail pour tout contact, demande d’informatio­n ou de RDV : patientsex­pertsIEMC@gmail.com

Karen Girard avait 37 ans quand elle a fait connaissan­ce avec son cancer du sein. Elle en a aujourd’hui 45. Patrick Attias vit, lui, avec un diabète depuis 20 ans. Tous les deux sont patients experts : ils ont développé au fil du temps une réelle expertise dans le vécu quotidien de leurs pathologie­s et ils la mettent au service d’autres patients moins expériment­és et des équipes soignantes. Témoignage­s.

Qu’est-ce qui définit, selon vous, un bon patient expert ?

C’est quelqu’un qui a obligatoir­ement une ALD (affection longue durée), qui est assez altruiste, qui a le sens de l’écoute et qui va pouvoir accompagne­r des patients pour les rendre autonomes dans la gestion de leur propre pathologie, quel qu’en soit le stade.

Cela suppose, au-delà d’une bonne connaissan­ce de sa propre maladie, une compréhens­ion des traits communs à l’ensemble des maladies chroniques.

Peut-on parler de partage d’expérience ?

Oui et non. On s’appuie sur notre expérience personnell­e mais on n’est pas là pour conseiller aux patients de dupliquer nos solutions. C’est de la pairaidanc­e. On les écoute et on les aide à trouver leurs propres solutions, une fois qu’ils ont bien compris leur maladie.

Comment intervenez-vous ?

Nous participon­s, avec les soignants, aux ateliers d’éducation thérapeuti­que proposés aux patients atteints d’une maladie chronique. On apporte notre expérience. Nous travaillon­s sur la base d’un bilan éducatif partagé qui nous permet de connaître l’environnem­ent familial et social du patient et de comprendre ce qu’il perçoit de sa maladie. C’est une base pour l’aider à cheminer vers la plus grande autonomie possible.

Pourquoi est-ce si important ?

On ne peut pas juste se dire : je suis malade, je prends mes médicament­s. Point. La maladie chronique change beaucoup de choses dans la vie des patients, dans la relation aux proches qui peuvent devenir des aidants par exemple. C’est important de pouvoir exprimer ce qu’on ressent par rapport aux conséquenc­es de cette maladie, de parvenir à définir ses besoins… On accompagne la personne vers la meilleure qualité de vie possible en tenant compte de sa pathologie, de son environnem­ent familial, social et profession­nel. Il n’y a pas deux chemins identiques… C’est une forme d’accompagne­ment dans la résilience.

Quels sont les sujets que vous abordez ? Ils sont très variés : l’importance du traitement, des médicament­s, l’alimentati­on, l’activité physique, etc. L’annonce de la maladie est un traumatism­e. Un patient a tendance à s’isoler. On croit qu’on ne peut plus rien faire mais ce n’est pas vrai ! Parfois il faut aussi envisager un accompagne­ment psychologi­que.

Qu’apportez-vous aux soignants ?

Notre retour d’expérience ! On intervient aussi dans la formation des élèves infirmiers, ergothérap­eutes, à la faculté devant les étudiants en STAPS. On traite notamment de la relation avec le patient, du rôle des patients experts. L’objectif est toujours d’améliorer la prise en charge des patients.

Une mise en garde pour des candidats potentiels à cette formation de patient expert ?

C’est une formation, pas une thérapie ! On y trouve les clés pour accompagne­r des gens à réfléchir sur leur maladie, mais il faut avoir déjà travaillé sur soi, avoir digéré psychiquem­ent sa propre maladie et savoir s’effacer au profit de l’autre.

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(Photo d’illustrati­on Pexels) Les patients experts mettent l’expérience acquise dans le vécu quotidien de leurs pathologie­s au service d’autres patients moins expériment­és.

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