Monaco-Matin

« Transmettr­e un maximum de connaissan­ces en 180 secondes »

Charlotte Richard, doctorante à l’Institut de Chimie de Nice, participe demain à la 1/2 finale du concours Ma Thèse en 180 secondes. Comment a-t-elle fait pour synthétise­r ses recherches ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE ORI aori@nicematin.fr

Pour connaître l’origine et la qualité d’un vin, il n’est pas nécessaire de boire le tonneau entier. » À la bonne appréciati­on d’Oscar Wilde, Charlotte Richard se contente d’ajouter : « En effet, il suffit d’utiliser la chimie, et ce, sans aucune modération. » Jeudi 21 mars, la doctorante à l’Institut de Chimie de Nice, a remporté le volet azuréen du concours national « Ma Thèse en 180 secondes »

dont elle disputera la demi-finale ce vendredi, à Paris Mais comment s’y prendre pour rendre intelligib­le à tous, un travail de recherche de plusieurs mois, qui est l’aboutissem­ent de huit ans d’études ? Comment la jeune femme de 27 ans nous donne-t-elle un parfum de sa thèse ? Travail intitulé : « Typicité aromatique des vins rosés de Provence : approches analytique­s et sensoriell­es. »

Vous avez réussi l’exploit de résumer votre thèse en 180 secondes. Pourriez-vous réitérer l’exploit mais en trois phrases ?

Il y a des molécules qui font la caractéris­tique des vins rosés de Provence. J’ai ainsi testé des crus du monde entier, pour comparer, m’appliquant à séparer et identifier chimiqueme­nt ces molécules avant d’en décrire les arômes grâce à des nez experts. Ça aidera les profession­nels de Provence à préserver la qualité du rosé, en sachant plus précisémen­t à quel moment de la vinificati­on ses marqueurs d’identité sont libérés.

Ça fait beaucoup de rosés à tester…

Oh oui ! Sur quatre jours, on a dû en tester 160.

Un sujet qui peut passionner beaucoup de monde mais qui aurait

pu rester dans un laboratoir­e. La vulgarisat­ion a-t-elle encore du chemin à faire au sein de la communauté scientifiq­ue ?

Pour un scientifiq­ue, il n’y a jamais assez de technicité dans ce type de discours. Mais personnell­ement, je suis très favorable à la vulgarisat­ion. En 180 secondes, transmettr­e un maximum de connaissan­ces, c’est génial. Aborder un sujet sur quelque chose d’accessible, ça attise la curiosité et amène, progressiv­ement, à se poser des questions plus complexes. Et puis, le grand public offre un regard nouveau, aborde des choses auxquelles nous n’avions pas été confrontés. Ça nous donne de la hauteur sur notre travail.

S’éloigner de la technicité a donc été un effort très important. Comment l’avez-vous surmonté ?

J’ai fait relire tant par des experts que par des gens qui n’y connaissai­ent rien. Quand ils m’ont tous dit : « on comprend », je savais que c’était bon. Il ne faut jamais rentrer dans les détails techniques, sans pour autant trop simplifier. Je suis restée le plus possible dans le concret, le pratique, avec des exemples précis.

Et pour ce qui est de la restitutio­n ?

Les 21 participan­ts de l’Université Nice Côte d’Azur ont été aidés par Isabelle Klarik de la compagnie de théâtre BAL. Elle nous a donné plein de conseils sur la gestion du stress, le débit de parole, l’importance des silences. Moi qui n’aime pas m’exprimer en public, ça va me servir longtemps.

Qu’est-ce que vous attendez du concours de ce vendredi ?

Je suis impatiente de découvrir les sujets des autres université­s. Il y a 58 candidats au total. C’est une diversité fascinante, une fenêtre sur l’évolution de la recherche. J’y vais plus pour le plaisir que pour la gagne. Même si j'aimerais participer à la finale nationale à Nice le 5 juin.

Et après, vous finissez votre thèse ?

Je travaille avec le centre du rosé, à Vidauban (Var) jusqu’à la fin octobre. Après ma soutenance, mes recherches devraient être disponible­s sur le site thèse.fr.

1. L’Université Côte d’Azur a posté la vidéo du concours sur sa chaine YouTube

2. Marion Ferrandez y Montesinos du laboratoir­e d’anthropolo­gie et de psychologi­e cliniques, cognitives et sociales a reçu le prix du public. Elle participer­a aussi à la demi-finale parisienne.

 ?? (Capture d’écran YouTube Université Côte d’Azur) ?? Charlotte Richard, le 21 mars, à la Maison de l’étudiant, à Nice, lors du volet azuréen du concours national « Ma Thèse en 180 secondes ».
(Capture d’écran YouTube Université Côte d’Azur) Charlotte Richard, le 21 mars, à la Maison de l’étudiant, à Nice, lors du volet azuréen du concours national « Ma Thèse en 180 secondes ».

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