« Transmettre un maximum de connaissances en 180 secondes »
Charlotte Richard, doctorante à l’Institut de Chimie de Nice, participe demain à la 1/2 finale du concours Ma Thèse en 180 secondes. Comment a-t-elle fait pour synthétiser ses recherches ?
Pour connaître l’origine et la qualité d’un vin, il n’est pas nécessaire de boire le tonneau entier. » À la bonne appréciation d’Oscar Wilde, Charlotte Richard se contente d’ajouter : « En effet, il suffit d’utiliser la chimie, et ce, sans aucune modération. » Jeudi 21 mars, la doctorante à l’Institut de Chimie de Nice, a remporté le volet azuréen du concours national « Ma Thèse en 180 secondes »
dont elle disputera la demi-finale ce vendredi, à Paris Mais comment s’y prendre pour rendre intelligible à tous, un travail de recherche de plusieurs mois, qui est l’aboutissement de huit ans d’études ? Comment la jeune femme de 27 ans nous donne-t-elle un parfum de sa thèse ? Travail intitulé : « Typicité aromatique des vins rosés de Provence : approches analytiques et sensorielles. »
Vous avez réussi l’exploit de résumer votre thèse en 180 secondes. Pourriez-vous réitérer l’exploit mais en trois phrases ?
Il y a des molécules qui font la caractéristique des vins rosés de Provence. J’ai ainsi testé des crus du monde entier, pour comparer, m’appliquant à séparer et identifier chimiquement ces molécules avant d’en décrire les arômes grâce à des nez experts. Ça aidera les professionnels de Provence à préserver la qualité du rosé, en sachant plus précisément à quel moment de la vinification ses marqueurs d’identité sont libérés.
Ça fait beaucoup de rosés à tester…
Oh oui ! Sur quatre jours, on a dû en tester 160.
Un sujet qui peut passionner beaucoup de monde mais qui aurait
pu rester dans un laboratoire. La vulgarisation a-t-elle encore du chemin à faire au sein de la communauté scientifique ?
Pour un scientifique, il n’y a jamais assez de technicité dans ce type de discours. Mais personnellement, je suis très favorable à la vulgarisation. En 180 secondes, transmettre un maximum de connaissances, c’est génial. Aborder un sujet sur quelque chose d’accessible, ça attise la curiosité et amène, progressivement, à se poser des questions plus complexes. Et puis, le grand public offre un regard nouveau, aborde des choses auxquelles nous n’avions pas été confrontés. Ça nous donne de la hauteur sur notre travail.
S’éloigner de la technicité a donc été un effort très important. Comment l’avez-vous surmonté ?
J’ai fait relire tant par des experts que par des gens qui n’y connaissaient rien. Quand ils m’ont tous dit : « on comprend », je savais que c’était bon. Il ne faut jamais rentrer dans les détails techniques, sans pour autant trop simplifier. Je suis restée le plus possible dans le concret, le pratique, avec des exemples précis.
Et pour ce qui est de la restitution ?
Les 21 participants de l’Université Nice Côte d’Azur ont été aidés par Isabelle Klarik de la compagnie de théâtre BAL. Elle nous a donné plein de conseils sur la gestion du stress, le débit de parole, l’importance des silences. Moi qui n’aime pas m’exprimer en public, ça va me servir longtemps.
Qu’est-ce que vous attendez du concours de ce vendredi ?
Je suis impatiente de découvrir les sujets des autres universités. Il y a 58 candidats au total. C’est une diversité fascinante, une fenêtre sur l’évolution de la recherche. J’y vais plus pour le plaisir que pour la gagne. Même si j'aimerais participer à la finale nationale à Nice le 5 juin.
Et après, vous finissez votre thèse ?
Je travaille avec le centre du rosé, à Vidauban (Var) jusqu’à la fin octobre. Après ma soutenance, mes recherches devraient être disponibles sur le site thèse.fr.
1. L’Université Côte d’Azur a posté la vidéo du concours sur sa chaine YouTube
2. Marion Ferrandez y Montesinos du laboratoire d’anthropologie et de psychologie cliniques, cognitives et sociales a reçu le prix du public. Elle participera aussi à la demi-finale parisienne.