Enrico Macias « JE RESTE CONVAINCU QUE LA PAIX VIENDRA »
Pour célébrer ses 60 ans de carrière, l’artiste aux 50 millions de disques vendus sort un coffret CD et une série de vinyles thématiques, illustrés par le Niçois Joann Sfar. À 85 ans, il se produira le 15 avril à Menton et le 16 à Toulon.
Au téléphone, le timbre est immédiatement reconnaissable... Pas de doute, c’est bien Enrico à l’autre bout du fil ! « L’Oriental », celui qui nous met en joie dès qu’il entonne « Les Filles de mon pays ». Repris dans les écoles comme dans les stades de football, par « Les Gens du Nord ». Le chanteur, dont certains titres demeurent hélas d’une brûlante actualité, toujours solaire malgré tout et prompt au fou rire en dépit d’un destin qui ne l’a pas épargné, ouvre son coeur.
Comment se déroule la tournée ?
Il y a une communion incroyable entre le public et moi. Depuis quelques années, j’ai constaté qu’il y avait davantage de jeunes dans mes concerts. Ils savent que leurs parents, leurs grands-parents m’ont soutenu, et cette nouvelle génération avait envie de savoir qui j’étais.
Est-ce que le petit Gaston Ghrenassia aurait imaginé faire un tel parcours ?
Franchement non, parce que je n’ai jamais fait de calcul sur ma carrière. C’est vrai que je suis issu d’une famille de musiciens. Mais je me suis lancé dans la musique en autodidacte, elle m’habitait depuis toujours, c’était une vocation.
La première chanson que vous avez chantée, c’était un titre de Dalida ?
‘‘Bambino’’ ! J’étais fan de Dalida. Mon papa m’avait enregistré, et il l’a diffusé dans la rue. Parce qu’on avait un magasin de disques qui donnait sur la rue principale de Constantine en Algérie. Des enfants sont venus m’écouter. Mon père me disait : ‘‘Si les enfants sont amoureux de tes chansons et de toi, tu feras carrière !’’
Quels en sont les souvenirs les plus marquants ?
Mes premiers passages sur scène, qui m’ont fait ressentir l’amour du public. Ma rencontre avec Sadate, qui m’a ouvert les portes de l’Égypte. Dalida, une femme généreuse et bienveillante. Mes duos avec Claude François et Sacha Distel, avec lesquels on faisait des choses de qualité tout en se charriant. Mes tournées aux ÉtatsUnis
et au Japon. Celle en Russie, en 1968. C’était la première fois que je chantais à l’étranger et ça a été une merveilleuse expérience ! Le public russe adorait la chanson française. Et ils considéraient cela comme un art majeur.
Vous considérez-vous comme jeteur de passerelles ?
Je suis né à Constantine, une ville où pour aller d’un quartier à l’autre, il fallait emprunter des ponts. Donc je suis naturellement un homme de pont. C’était inscrit quelque part, c’est le mektoub !
Que vous inspire la situation actuelle dans le monde ?
Même si ça va très mal, je reste convaincu que la paix viendra. Parce que les gens vont se réveiller et s’apercevoir que la violence et la guerre ne résolvent pas tous les problèmes. Et que la seule chose qui peut résoudre les problèmes, c’est l’amour entre les humains.
Vous êtes un incorrigible optimiste ?
Oui, parce que j’ai confiance en mes rêves. Je sais que mes rêves se réaliseront, même si ce n’est pas de mon vivant. Et ces rêves, je les fais aussi pour mes enfants, mes petitsenfants et bientôt mes arrièrepetits-enfants.
Que ressentez-vous à l’idée de venir ici ?
Vous savez, c’est à Nice que j’ai fait mon premier concert au théâtre de Verdure, en 1962. Un souvenir merveilleux ! D’autant que dans le public, il y avait Pierre Blanchard, un très grand artiste de cinéma, venu m’applaudir. C’est aussi dans cette ville que mon oncle Gilbert tenait un restaurant, le SaintGermain. Et grâce à l’un de ses clients, j’ai pu me produire au Casino de Saint-Raphaël ! J’y ai reçu aussi un accueil formidable. Peut-être parce que mes chansons recèlent des messages intemporels, universels, toujours remplis de bienveillance. - Lundi 15 avril à 20 h 30 au Théâtre Francis Palmero à Menton. Tarifs : de 32,50 à 60,50 euros. Rens. 04.92.41.76.76. www.menton-congres.com - Mardi 16 avril à 20 h 30 au Palais des Congrès Neptune de Toulon. Tarif : 49 euros.
Rens. 04.98. 00.83.83.