Toulouse-Lautrec S’AFFICHE AU CANNET
Jusqu’au 9 juin au musée Bonnard, on peut découvrir 80 affiches, lithographies et albums de l’artiste disparu en 1901. On y trouve des oeuvres emblématiques de la Belle Époque, deux prêts du Musée d’Orsay, et des raretés.
En ce printemps, un invité de renom a pris ses marques au Musée Bonnard. Sur trois niveaux, on peut observer la production lithographique d’Henri de Toulouse-Lautrec. Certaines affiches sont très connues, inscrites dans l’imaginaire collectif comme des représentations du Paris « arty » et canaille de la fin du XIXe siècle, à l’image du « Moulin-Rouge – La Goulue », « Jane Avril » ou « Divan japonais ».
Voir cette exposition, baptisée « Toulouse-Lautrec, tête d’affiche », débarquer dans les salles du musée Bonnard, n’a rien d’incongru. Comme l’explique Véronique Serrano, directrice de l’établissement et commissaire de l’expo, les deux artistes avaient tissé des liens en gravitant dans la sphère de « La Revue blanche », qui réunissait l’avant-garde artistique de leur époque. Tournant de leur relation ? L’affiche « FranceChampagne » réalisée en 1891 par Pierre Bonnard. Alors âgé de 24 ans, il signait là son premier travail d’estampe et bluffait Henri de ToulouseLautrec, plus vieux de trois ans. « Il a tout de suite demandé à Bonnard comment il avait procédé, puis il s’est lancé dans l’apprentissage très technique, demandant une grande dextérité, de la lithographie en couleur. Par la suite, il en fera beaucoup, à la fois pour des affiches, mais aussi pour des illustrations, des commandes particulières ou pour des albums rares et précieux », détaille Véronique Serrano.
Pour le Moulin rouge
Si Bonnard est considéré comme l’inventeur de l’affiche moderne, ToulouseLautrec se lancera avec tant de détermination dans l’exercice qu’il finira par devancer son initiateur dans ce domaine. Ils se retrouveront en concurrence à l’occasion d’un concours lancé pour la réouverture du Moulin Rouge. Le second l’emportera grâce à une composition en quatre couleurs, représentant le contorsionniste Valentin le Désossé et sa partenaire de danse, La Goulue. Cette affiche, la première de la carrière de Toulouse-Lautrec, lui permettra d’accéder à la notoriété, sans abîmer sa relation avec Bonnard. Sans forcément être amis, les deux peintres, qui vivaient à Montmartre, se retrouvaient parfois pour prendre quelques verres. « Bonnard n’était pas le dernier à s’amuser, mais il n’a pas une vie aussi dissolue que Lautrec, qui passait sans souci du monde ouvrier à celui de la nuit ou de l’aristocratie », poursuit la directrice du musée cannettan. Certains contours de leur entente resteront inconnus, puisqu’aucune correspondance entre eux n’a pu être retrouvée. « Toulouse-Lautrec, tête d’affiche » est organisée dans le cadre des 150 ans de l’impressionnisme. « Même s’il n’a pas été impressionniste, il a été en marge de ce mouvement, il était porté par l’envie de sortir d’un certain académisme. Il a marqué son temps et il suscite toujours un réel enthousiasme chez le grand public. Il conserve même une certaine modernité, qui pourrait encore inspirer des esprits créatifs aujourd’hui », estime Véronique Serrano.
Jusqu’au 9 juin au Musée Bonnard, au Cannet. De 10 h à 18 h, du mardi au dimanche. Tarif : 7 euros, réduit 5 euros. Rens. museebonnard.fr.