Fabre, l’échappée belle
Vainqueur de l’ultra-trail des Baous après son podium sur le 75 km de l’UTCAM en 2023, le Tourrettan Vincent Fabre commence à se faire un nom. Le tout à seulement 26 ans…
C’est une course qu’il avait cochée depuis quelques mois. Un objectif inscrit dans son calendrier perso, à une période de l’année où les coureurs ne sont pas forcément tous prêts. Lui l’était assurément. Jeter un oeil à ses séances d’entraînement pouvait même fatiguer les plus téméraires. Les kilomètres, Vincent Fabre en a avalé des centaines jusqu’à ce samedi 16 mars, jour où il s’est aligné au départ du trail des Baous à Saint-Jeannet. Une balade de 108 km agrémentée de quelque 5 300 mètres de dénivelé sur les sentiers des Préalpes d’Azur.
Remis d’une fracture de la hanche
Un ultra-trail proche du littoral que le coureur originaire de Tourrette-Levens a remporté en costaud, s’imposant avec près d’une heure d’avance sur le local Hadrien Devallois (13h28 contre 14h21). Le tout au sortir d’une blessure qui l’avait freiné en fin d’année 2023. « J’ai été arrêté deux-trois mois pour une fracture de la hanche, regrette le natif de Nice. Je n'ai repris qu’au mois d’octobre. À ce moment-là, j’ai parlé avec l’organisateur qui m'a dit qu'ils voulaient organiser un ultra. C'est devenu mon objectif. » Soigneusement préparé sur les sentiers de Tourrette-Levens et des communes alentour. « Je savais que je pouvais gratter une place d'honneur, mais de là à gagner… Je ne m'y attendais pas, reconnaît le licencié du Dynamic trail. J'avais de l’appréhension avec la blessure. »
« À la fin, les jambes se coupent en deux »
D’autant que ce cuisinier de profession n’est pas franchement un vieux briscard. À 26 ans, il fait même partie des plus jeunes coureurs à s’aligner sur ce type de format long. Avant d’épingler son dossard à Saint-Jeannet, sa course la plus longue remontait à l’été 2023… avec une troisième place sur le 75 km de l’UTCAM. De quoi planter les premiers jalons avant de confirmer. Bluffant, pour le (presque) débutant qu’il est. « J’ai longtemps fait du foot et pendant le confinement, je suis parti faire une randonnée avec mon beaupère. Le lendemain, on est allé faire le même tour en courant : j'ai accroché et je n'ai pas su m'arrêter (sourire). J'adore la montagne, la nature, les animaux… Ma mère et mon grand-père ont toujours fait des randonnées. » Lui n’est pas trop du genre à marcher. Il court. Et vite, de préférence. Aux Baous, il a réglé l’affaire avec une belle régularité. « C’est un tracé où tu cours énormément, c’est ça qui te casse. Ça peut être piégeux. Tu le ressens à la fin, les jambes se coupent en deux. »
Une course… avec des vaches !
Avant ça, le supporter de l’OGC Nice avait perdu de l’influx pour tenter de faire sa trace dans un passage enneigé ou retrouver les balises et le bon chemin près de Gilette. Il a même fait la course avec des vaches. «Ah ça, c'est le moment insolite, se marre-t-il. Il y en avait une quinzaine au milieu du chemin, elles ont commencé à courir mais je ne pouvais pas m'arrêter comme ça. Je me suis dit : ‘‘Si je m'arrête, il y en a une qui va me foncer dessus.’’ »
Ni cet aléa, ni ses jambes alourdies ne l’ont freiné dans sa quête. « J'étais tellement galvanisé et porté par tout le monde que je n'avais plus mal (rire). » Il était aux environs de 20h quand il a bouclé son périple au stade. En leader. Parti tôt le matin, Vincent Fabre a eu droit à un comité d’accueil de qualité. Famille et amis l’attendaient, cinq mètres derrière la ligne. Forcément fiers de pouvoir croquer dans ce grand moment avec l’enfant du pays qui semble avoir pris goût aux sommets.