Louise d’Aumont fut la mère de deux princes de Monaco
Ses deux fils régnèrent sous les noms d’Honoré V et Florestan 1er. Bien que divorcée d’Honoré IV, son petit-fils Charles III la fit inhumer en la cathédrale de Monaco.
Le 15 juillet 1777, à l’âge de 18 ans, Louise d’Aumont, duchesse de Mazarin, épousait le fils du prince Honoré III de Monaco, futur Honoré IV, alors âgé de 19 ans. C’était un mariage de raison. Le prince Honoré III souhaitait en effet que son fils entre dans une des familles les plus célèbres et riches de France. Telle était la famille du cardinal Mazarin, ministre historique de Louis XIV. Par ce mariage, le prince héréditaire de Monaco devenait également duc de Mazarin et baron de Massy.
Les exigences de la belle-mère
Le mariage faillit ne pas se faire, ainsi que le raconte Martine Rousseau-Châtelin, dans les Annales monégasques. En effet, le prince Honoré III, qui avait divorcé, avait supprimé à son exépouse, Marie-Catherine de Brignole, son titre de princesse de Monaco. Or celleci, en tant que mère du futur marié, avait exigé de retrouver son titre lors de la cérémonie de mariage. Le prince Louis de Rohan raconta cette mésaventure dans une lettre à l’un de ses amis, le baron de Castille : «Jevousfaisunlongetcurieux détail de toutes les difficultés qu’a éprouvées le mariage de Melle d’Aumont. Tout ce que je puis vous dire c’est que le jour de la signature du mariage, le contrat a failli ne pas être signé. Madame la princesse de Monaco arrivée à 10 heures du matin de la campagne où elle était, a rendu le mariage incertain jusqu’à 11 heures et demie. Le mariage devait être célébré à midi. À une heure, il a été convenu que le père et la mère feraient cet acte devant notaire comme absents tous les deux, où ils prendraient les qualités qu’ils voudraient. Toute la difficulté venait de ce que M. de Monaco n’a jamais voulu consentir que la mère prît une autre qualité que celle de la terre de Brignolet, mère du duc de Valentinois et non celle de princesse de Monaco, et la princesse de Monaco au contraire n’avait donné son consentement qu’à la condition qu’elle prendrait la qualité de princesse de Monaco.
Ah, mon cher baron, quel miracle, finalement les bans ont été publiés en urgence par l’abbé Ferri et le mariage a bien eu lieu comme prévu ! »
Emprisonnée à la Révolution
Deux enfants naquirent de cette union : Honoré, en 1778, et Florestan, en 1785. Mais la vie qui les attendait n’était pas simple. La Révolution se préparait. La Principauté de Monaco fut abolie, les biens des princes confisqués. L’immense fortune de Louise d’Aumont disparut.
En juillet 1793, Honoré III est emprisonné à la prison de la conciergerie à Paris. (Il en sera relâché en octobre et mourra d’une crise cardiaque, en son hôtel de Matignon à Paris, le 12 mai 1795).
En 1794, Louise d’Aumont est incarcérée pendant cinq mois, du 1er mai au 5 octobre, à la « prison des Anglais » (surnom de l’hôtel particulier du grand architecte de l’époque FrançoisJoseph Bélanger, à Paris, après sa saisie par les révolutionnaires). Son fils Florestan, âgé de 8 ans, fut incarcéré avec elle. Louise passa près de la mort. Elle n’eut la vie sauve que grâce au risque pris par le médecin gynécologue Léon Saturnin Desormeaux de contrefaire une ordonnance de remise en liberté. Elle put ainsi être libérée. Le médecin la cacha chez lui jusqu’au 27 juillet 1794, jour de la mort de Robespierre.
Deux fois divorcée
Pendant ce temps, le mari vivait son exil de son côté. Le couple n’était pas fait pour vivre ensemble. Louise d’Aumont et Honoré IV divorcèrent en 1793. Le 6 février 1801, Louise épousa en secondes noces un certain René-François Tirnand d’Arcis. Ce second
mariage ne fut pas plus réussi que le premier. Il se termina par un divorce en 1803 et un suicide du mari en 1805.
En plus de ses deux fils, Honoré et Florestan, Louise d’Aumont eut une fille illégitime, Amélie. Florestan assista au mariage de celle-ci, qui était sa demi-soeur. À cette occasion, il fit connaissance de Caroline Gibert de Lametz, soeur du mari d’Amélie. Il l’épousa. Elle devint par la suite une femme puissante, qui compta dans l’histoire de Monaco, lorsque Florestan devint prince.
Lorsqu’en 1814 la Principauté fut restaurée après la Révolution, Louise d’Aumont vit son ex-mari Honoré IV remonter sur le trône. Elle assista ensuite à l’intronisation de son premier fils, Honoré V, en 1819, à la mort d’Honoré IV, puis à celle de son second fils, Florestan 1er, au décès d’Honoré V, mort sans avoir eu d’héritier.
Ainsi, Louise d’Aumont apparaît dans l’histoire de la Principauté comme la femme qui a mis au monde deux princes de Monaco.
Inhumée en même temps que son fils
À sa mort, en 1826 à l’âge de 67 ans, elle fut enterrée au cimetière du Père Lachaise à Paris. Mais, un demi-siècle plus tard, son petit-fils le prince Charles III ordonna le transfert de son corps en la cathédrale de Monaco. Cette seconde inhumation eut lieu le 5 juin 1885 en même temps que celle de son fils le prince Florestan 1er qui, lui aussi, avait été enterré à Paris, où il était décédé en 1856 (voir encadré).
Louise d’Aumont retrouvait ainsi, pour l’éternité, la Principauté dont la Révolution l’avait chassée de son vivant.